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En Italie, le rebond économique perdure dans un contexte d’incertitude politique
Par Stéphane Monier Chief Investment Officer Lombard Odier Private Bank |
Article publié dans l'Agefi, le 15 décembre 2017
Le pays élira en 2018 son prochain gouvernement selon un nouveau système électoral. L’instabilité politique ne devrait pas entraver la reprise.
Le système politique italien est fondé en 1948, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Les partis italiens mettent alors tout en œuvre pour empêcher l’instauration d’un gouvernement autoritaire en renforçant le pouvoir législatif.
C’est ainsi que naît le système de représentation proportionnelle. En 70 ans d’existence, il bénéficie aux partis minoritaires et donne naissance à des coalitions instables. Ainsi, 62 gouvernements se succèdent à la tête du pays depuis 1948, à raison d’une année de mandat environ.
Le pays s’efforce de mettre fin à l’instabilité politique en modifiant son mode de scrutin à plusieurs reprises depuis 1993, mais aucune tentative n’est concluante. En octobre 2017, la nouvelle loi électorale, connue sous le nom de Rosatellum bis, est adoptée par les deux chambres du Parlement. Elle instaure un scrutin à un tour allouant 36% des sièges selon un système uninominal majoritaire, en vertu duquel le parti qui recueille le plus de suffrages remporte la totalité des voix, et 64% des sièges sont alloués de manière proportionnelle.
Elle introduit un autre changement crucial: chaque parti politique et chaque alliance de campagne doivent atteindre au moins 3% et 10% des voix, respectivement, pour être élus. Ce seuil favorise essentiellement les grands partis, capables de nouer des alliances avant le scrutin, et pénalise ceux qui rejettent les coalitions, comme le Mouvement 5 étoiles (M5S).
Toutefois, même si l’incertitude fait partie intégrante de la vie politique italienne, nous pensons qu’il est peu probable que le M5S remporte une victoire majeure en 2018. Le principal parti contestataire italien se heurte en effet à un obstacle insurmontable: le nouveau système électoral couplé à son aversion à nouer des alliances et au chiffre de ses intentions de vote, toujours inférieur à 30%.
Un premier test électoral en Sicile
Les élections régionales qui se sont déroulées en Sicile le 5 novembre dernier ont constitué un véritable baromètre des intentions de vote avant les législatives prévues l’année prochaine. Les partis de centre-droit ont remporté 39% des voix dans le cadre d’une grande coalition regroupant Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, les Frères d’Italie et la Ligue du Nord. Le M5S est arrivé en deuxième position, avec 35% des voix, devançant ainsi l’alliance de centre-gauche (19%). Ce résultat ramène Silvio Berlusconi sur le devant de la scène politique, après plusieurs années de controverses politiques, et redonne espoir aux partis de centre-droit italiens, qui pourraient bien décider de s’unir pour les législatives de 2018, afin de profiter de la loi Rosatellum bis.
Malgré un contexte politique complexe, l’Italie est incontestablement sur la voie de la reprise économique. La dynamique est solide, avec une croissance réelle attendue de 1,8% en 2017, contre 1,0% en 2016. Le chômage a légèrement reculé par rapport au taux de 11,8% de 2016, et devrait s’établir à 11,1% à la fin de l’année. Les indicateurs avancés, tels que les enquêtes PMI1, étant constamment en territoire expansionniste, la reprise semble appelée à durer.
Le déficit du gouvernement italien a très légèrement baissé, passant de 2,6% en 2016 à 2,5% en 2017. Avec une croissance plus dynamique, des emplois en hausse et un déficit public en léger tassement, l’économie transalpine incite à l’optimisme sur le court terme.
Même si la conjoncture s’améliore, le pays affiche toujours un potentiel de croissance inférieur à celui de la zone euro dans son ensemble en raison de ses nombreux problèmes structurels: niveaux d’endettement élevés, faiblesse du secteur bancaire, rigidité du marché de l’emploi et vieillissement de la population. La croissance moyenne du PIB par habitant étant nulle depuis l’introduction de l’euro en 1999, l’économie italienne est souvent taxée d’enfant malade de l’économie européenne.
Les banques italiennes se portent mieux
Nous pensons qu’avec un véritable élan politique, l’Italie peut résoudre ses problèmes structurels, comme en témoignent les récentes évolutions du secteur bancaire. Si les banques italiennes ont affiché des taux de prêts non performants record en 2016, le gouvernement a lancé une série de réformes pour y faire face, notamment les garanties d’Etat et la réforme des faillites.
En outre, certaines banques ont été recapitalisées (Monte dei Paschi di Siena) ou mises en liquidation (Banca Populare di Vicenza et Veneto Banca) et d’autres lèvent des capitaux afin d’accélérer la vente de leurs prêts non performants (un processus achevé pour Unicredit mais toujours en cours pour plusieurs banques de moindre envergure). La baisse du niveau des prêts non performants renforce le secteur bancaire. Cependant, d’autres progrès sont nécessaires et les élections générales de 2018 devraient être décisives à cet égard.
Si les partis contestataires pourraient éprouver des difficultés à remporter des sièges en raison du nouveau mode de scrutin, le paysage politique italien demeure très fragmenté et une mauvaise surprise reste possible. Dans ce cas, l’euro pourrait être soumis à de fortes pressions et l’instabilité politique alimenterait les craintes des investisseurs quant à la dynamique positive actuelle, tant dans la péninsule italienne que dans la zone euro.
Les élections législatives ne devraient pas interrompre les tendances économiques porteuses du pays, même si le flottement politique ne manquera probablement pas d’amplifier la volatilité du marché. Nous restons confiants quant à la bonne dynamique affichée par l’économie européenne, c’est pourquoi nous privilégions toujours les actions européennes dans les portefeuilles de notre clientèle privée.
1 Indice composite des directeurs d’achat (Purchasing Managers’ Index, PMI)
Source de toutes les données: Bloomberg
Wichtige Hinweise.
Die vorliegende Marketingmitteilung wurde von Lombard Odier (Europe) S.A., einem in Luxemburg durch die Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) zugelassenen und von dieser regulierten Kreditinstitut, herausgegeben. Diese Mitteilung wurde von jeder ihrer Zweigniederlassungen, die in den am Ende dieser Seite angegebenen Gebieten tätig sind (nachstehend "Lombard Odier"), zur Veröffentlichung genehmigt.
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