« En matière d’investissement durable, nous nous concentrons sur les opportunités liées à la transition »

    Élise Beaufils,  Deputy Head of Sustainability Research chez Lombard Odier Investment Managers (LOIM)

    Article publié dans FundsPeople le 13 janvier 2025.

    Avant de rejoindre Lombard Odier IM il y a plus de six ans, Elise Beaufils travaillait dans l’ingénierie nucléaire. « C’est assez différent du monde de la finance, mais j’ai pu observer sur le terrain un grand nombre de domaines que nous traitons aujourd’hui dans le cadre de la transition énergétique », confie-t-elle.

    Aujourd’hui, Elise Beaufils officie en tant que Deputy Head of Sustainability Research pour Lombard Odier Investment Managers (LOIM), son travail portant sur le développement des capacités d’analyse en matière de durabilité, mais aussi sur le suivi et l’adaptation aux différentes réglementations ainsi que sur l’investissement durable dans l’univers des marchés privés (private equity et investissement à impact). « Depuis mon arrivée, l’équipe s’est considérablement agrandie et nous sommes aujourd’hui plus de 30 personnes », précise-t-elle.

    Nous nous concentrons principalement sur la transition, sur ce qui va nous mener à un scénario “net-zéro”, favorable à la nature, et, si possible, également bénéfique sur le plan social

    L’analyse de durabilité chez Lombard Odier IM

    « Nous nous concentrons principalement sur la transition, sur ce qui va nous mener à un scénario “net-zéro”, favorable à la nature, et, si possible, également bénéfique sur le plan social. Nous essayons de comprendre en quoi ces changements affecteront les différents secteurs de l’économie. » C’est pourquoi ils ont mis en place un cadre bidimensionnel, comme l’explique Elise Beaufils : « D’une part, il s’agit d’analyser si les sociétés font le nécessaire pour accélérer la transition, conformément à ce que le régulateur européen propose depuis quelques années. D’autre part, nous voulons analyser le type de société qui peut bénéficier de la transition, ce qui devrait se refléter dans ses résultats. » En réalité, certaines entreprises s’efforcent de faire les choses correctement, mais sans grande répercussion sur leurs résultats financiers, et d’autres peuvent se voir avantagées, mais sans faire suffisamment d’efforts.

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    La plupart des fonds durables de Lombard Odier IM relèvent de l’article 8 du règlement SFDR1, bien qu’une distinction soit faite entre ceux qui font uniquement la promotion de caractéristiques E et S et ceux qui détiennent également un minimum de placements durables. « Nous sommes très attentifs à la classification et très rigoureux quant au seuil de durabilité que nous avons fixé. Pour définir les investissements durables, nous utilisons un système qui différencie les entreprises durables, grises et rouges. Il nous semble plutôt simpliste de dire que tout est soit durable soit non durable, d’où l’existence de ces trois groupes. De nombreuses entreprises, par exemple dans le secteur des services, se situent plutôt dans la zone grise. Quant aux entreprises rouges, ce sont celles qui, à notre avis, ralentissent la transition », déplore-t-elle.

    …même s’il existe un univers suffisant d’entreprises permettant de construire un portefeuille mondial aligné sur l’objectif de 2 °C, limiter la hausse de la température à 1,5 °C est plus difficile à réaliser

    Une équipe d’analystes experts dans le développement de modèles propriétaires

    Au sein de l’équipe d’analystes, un groupe spécialisé dans l’analyse des données a pour mission d’élaborer des modèles quantitatifs propriétaires et de collecter des données auprès des entreprises, même s’il fait également appel à des prestataires externes. « Nous contrôlons la fiabilité des données en les comparant aux nôtres pour nous assurer que les données finales sont de la plus haute qualité et qu’elles peuvent être incluses dans nos propres modèles », explique-t-elle. L’un de ces modèles est l’ITR (Implied Temperature Rise), qui mesure l’alignement des sociétés sur les objectifs de limitation de la température mondiale.

    « Mesurer les émissions de gaz à effet de serre2 ne suffit pas », souligne Elise Beaufils. En effet, « on peut se retrouver avec un portefeuille composé de secteurs peu émetteurs de carbone, tels que la technologie, la banque ou la santé, ce qui n’a rien à voir avec un portefeuille axé sur la transition. L’empreinte carbone n’est pas le seul critère à prendre en compte. Grâce à notre outil exclusif baptisé ITR (pour « Implied Temperature Rise, ou « hausse implicite de la température », qui permet de refléter le niveau de réchauffement climatique obtenu à partir d’un objectif donné), nous faisons en sorte d’avoir un portefeuille composé de leaders dans la transition issus de différents secteurs. Il nous aide également à accroître la diversification et à réduire l’écart de suivi », ajoute-t-elle.

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    L’outil est basé sur les budgets carbone attribués à 160 activités dans six régions, ce qui permet une compréhension plus précise. « Ensuite, nous examinons les émissions historiques et les objectifs fixés pour différentes périodes et nous analysons leur crédibilité sur le plan quantitatif afin de pouvoir établir des prévisions d’émissions que nous comparons au budget. C’est comme ça que nous obtenons la température. L’élaboration du modèle a été complexe, mais il facilite grandement le travail des équipes d’investissement. »

    Elise Beaufils indique que, même s’il existe un univers suffisant d’entreprises permettant de construire un portefeuille mondial aligné sur l’objectif de 2 °C, limiter la hausse de la température à 1,5 °C est plus difficile à réaliser, car la trajectoire actuelle de l’économie est encore loin de s’inscrire vers cet objectif.

    Renforcer l’interopérabilité des réglementations en vigueur

    En ce qui concerne la multitude de réglementations provenant de différentes juridictions et auxquelles un gérant de fonds international doit s’adapter, Elise Beaufils précise que Lombard Odier IM souhaiterait renforcer l’interopérabilité. Bien qu’en pratique la principale référence soit le SFDR de l’UE, car la plupart de ses fonds sont enregistrés au Luxembourg, LOIM doit cependant aussi suivre de près les SDR3 britanniques et la réglementation suisse.

    du point de vue de la durabilité, nous considérons que l’utilisation de l’énergie nucléaire peut contribuer à la décarbonation… mais le fait est que son poids dans les indices boursiers n’est pas significatif 

    « Ce qui touche au nucléaire est soumis à de nombreuses réglementations »

    Compte tenu de son expérience dans le domaine de l’énergie nucléaire, il est inévitable de demander à Elise Beaufils son avis sur le sujet. « C’est une question très pertinente. Chez Lombard Odier IM, ce domaine ne fait pas partir des exclusions de la politique d’ISR4, qui comprennent les armes controversées, les matières premières agricoles, l’énergie provenant du charbon ou l’extraction de charbon, de pétrole et de gaz non conventionnels, le tabac et le non-respect du Pacte mondial de l’ONU », et d’ajouter que « du point de vue de la durabilité, nous considérons que l’utilisation de l’énergie nucléaire peut contribuer à la décarbonation. Néanmoins, si l’on tient compte du principe DNSH (Do Not Significant Harm) de l’UE, il est essentiel de veiller à ce qu’elle soit exploitée de la manière la plus sûre possible.

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    « Même si c’est un thème très intéressant et que de nombreux clients posent des questions à ce sujet, le fait est que son poids dans les indices boursiers n’est pas significatif », remarque-t-elle. Il a suscité un regain d’intérêt notamment en raison des mini-réacteurs nucléaires qui pourraient alimenter de nombreux centres de données. « Ils sont bon marché et il n’y a pas d’intermittence. C’est une technologie intéressante, mais les sociétés cotées en bourse qui investissent directement dans ce domaine sont encore peu nombreuses. Tout ce qui touche au nucléaire est soumis à de nombreuses réglementations, nous devons donc être prudents pour l’instant », ajoute-t-elle.

    Nous investissons dans l’ensemble de la chaîne de valeur du plastique, pas seulement dans le recyclage

    Investissements dans toute la chaîne de valeur du plastique

    L’une des stratégies sur lesquelles travaille son équipe dans le domaine du private equity est axée sur la circularité du plastique. « Elle n’est pas directement axée sur la biodiversité, mais elle est associée à sa protection et au capital naturel », précise-t-elle.

    « Nous investissons dans l’ensemble de la chaîne de valeur du plastique, pas seulement dans le recyclage. Dans les pays développés, nous utilisons environ 70 kilos de plastique par an et par personne. C’est énorme », rappelle Elise Beaufils. « Le plastique est un matériau bon marché qui se prête à de nombreuses utilisations. Il est important de le recycler davantage et de l’utiliser de manière plus circulaire. Nous devons abandonner le concept de l’usage unique au profit de techniques permettant d’augmenter le nombre de recyclages possibles », ajoute-t-elle.

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    L’un des piliers du fonds est consacré aux nouveaux modes d’utilisation du plastique qui peuvent contribuer à réduire à la fois les émissions et les déchets. D’autres piliers se concentrent sur les matériaux plastiques innovants, tels que les bioplastiques, et sur le recyclage et la collecte. Elise Beaufils conclut en soulignant que pour ce fonds, il est essentiel de tenir compte à la fois de l’impact et des attentes en matière de rentabilité, « dans le cas contraire, l’impact ne pourra pas s’étendre ».

    4 sources
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    +

    1 Règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité (SFDR)
    ou émissions de GES
    3 Sustainability Disclosure Requirements
    4 Investissement socialement responsable (ISR)

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