L’économie actuelle génératrice de fortes émissions repose sur une lacune majeure du marché : l’exclusion du coût environnemental des émissions de carbone et d’autres externalités du prix des biens et services. En omettant ce coût (le véritable coût des émissions de carbone est estimé entre USD 51 la tonne et USD 124 la tonne), les producteurs et les consommateurs ferment les yeux sur les conséquences de leurs décisions en aval et sont encouragés à appliquer le modèle économique linéaire du « prendre-utiliser-jeter ».
En incluant le prix des émissions dans le coût de leur activité commerciale, les entreprises sont encouragées à adopter des technologies à faibles émissions de carbone et à ajuster leurs pratiques de travail
Les marchés du carbone peuvent aider à corriger cette lacune. En incluant le prix des émissions dans le coût de leur activité commerciale, les entreprises sont encouragées à adopter des technologies à faibles émissions de carbone et à ajuster leurs pratiques de travail. Au fil du temps, les consommateurs constatent que les prix évoluent en faveur d’un modèle économique qui réutilise et recycle davantage, et qui émet et jette moins.
Les marchés du carbone d’aujourd’hui sont une validation de ce principe. Entre 2005 et 2019, suite à l’introduction du Système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (SEQE-UE), les émissions de carbone ont diminué de 35% dans la région. Le PIB a progressé de 42% sur la même période, prouvant ainsi que la croissance n’a pas nécessairement à s’accompagner d’une hausse des émissions. La Commission européenne décrit le SEQE-UE comme « une pierre angulaire de la politique de l’UE de lutte contre le changement climatique et, à ce titre, son principal outil pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ».
Les marchés du carbone des États de l’Est des États-Unis et de la Californie ont connu un succès semblable, avec une réduction des émissions de carbone de 47% et 26% respectivement. Depuis, des SEQE ont vu le jour ailleurs. En 2015, la Corée du Sud est devenue la première économie émergente à lancer un marché du carbone national. En 2021, la Chine a lancé un SEQE dédié au secteur de l’énergie, qui est devenu le plus grand système de ce type au monde, couvrant 7% de toutes les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Parallèlement, un indicateur lié au marché mondial couvre désormais les émissions de carbone de la plupart des vols internationaux, également depuis 2021.
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