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    COP16 sur la biodiversité : étape cruciale à Cali pour renforcer le financement de solutions fondées sur la nature

    Marc Palahi - Chief Nature Officer chez Lombard Odier Investment Managers
    Marc Palahi
    Chief Nature Officer chez Lombard Odier Investment Managers
    Laura Garcia - Nature Specialist chez Lombard Odier Investment Managers
    Laura Garcia
    Nature Specialist chez Lombard Odier Investment Managers

    Article publié dans Le Temps le 13 octobre 2024.

    A l’approche de la COP16 qui débutera le 21 octobre prochain, l’urgence d’intégrer les solutions fondées sur la nature (SfN) dans les stratégies mondiales en matière de climat et de biodiversité n’a jamais été aussi grande. Adopté lors de la COP15, le Cadre mondial de la biodiversité appelle à une mobilisation accrue pour protéger et restaurer les écosystèmes. Cependant, les investissements actuels demeurent inférieurs à USD 200 milliards par an : les secteurs public et privé doivent agir rapidement pour combler le déficit de financement. Alors que les pays signataires se préparent à présenter la mise à jour de leurs stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité, les discussions dans le cadre de la COP16 offriront une opportunité unique afin d’allier croissance économique et gestion responsable de l’environnement.

    Les investissements annuels restent inférieurs à USD 200 milliards… Pour atteindre les objectifs mondiaux convenus lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992, ces investissements devront presque quadrupler d’ici à 2050

    Investir dans la nature

    Adopté lors de la COP15 sur la biodiversité, le Cadre mondial de la biodiversité souligne l’importance de la protection et de la restauration de la nature dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, la désertification et la perte de biodiversité.

    Les solutions fondées sur la nature, qui visent à protéger, restaurer et utiliser la nature de manière durable, doivent être intégrées et renforcées dans les secteurs public et privé. Les investissements actuels dans ces solutions sont toutefois insuffisants. Selon le rapport « State of Finance for Nature 2023 » publié par le Programme des Nations Unies pour l’environnement, les investissements annuels restent inférieurs à USD 200 milliards, le secteur privé ne représentant que 20%. Pour atteindre les objectifs mondiaux convenus lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992, ces investissements devront presque quadrupler d’ici à 2050.

    Lire aussi : Pourquoi la nature devient une nouvelle classe d’actifs

    Afin d’encourager les mesures visant à combler ce déficit pour transformer et réduire l’impact négatif de nos activités sur la nature, les pays doivent publier une mise à jour de leurs stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité avant la COP16. Dans ce contexte, nous nous attendons à ce que les discussions se focalisent sur l’alignement de ces stratégies avec les programmes en matière de changement climatique, ainsi que sur la reconnaissance des entreprises et du secteur de la finance en tant que facilitateurs clés de la transition vers une économie « net-zéro » et respectueuse de la nature.

    Les solutions fondées sur la nature devraient être au cœur des discussions : elles constituent non seulement la solution la plus rentable pour lutter contre la perte de biodiversité et la désertification, mais peuvent aussi contribuer à hauteur de plus d’un tiers aux réductions d’émissions nécessaires d’ici à 2030 pour limiter le réchauffement climatique sous les 2 °C.

    Des incitations claires sont essentielles pour transformer les secteurs de l’agriculture, de la foresterie et de l’utilisation des terres

    Le rôle du secteur privé : de la communication à l’action

    À l’approche de la COP16, il est désormais essentiel de réfléchir à la manière dont les entreprises et le secteur financier peuvent renforcer le financement des solutions fondées sur la nature et en tirer parti. 2024 a vu une augmentation certaine du nombre d’entreprises incluant dans leurs rapports des informations en lien avec leur impact et leur empreinte sur les écosystèmes naturels. Cette tendance soulève désormais une question clé : après avoir analysé et mesuré les impacts négatifs, comment transitionner vers des modèles d’affaires qui soient à la fois viables, « net zéro » , et respectueux de la nature.

    La bioéconomie circulaire apparaît comme un cadre essentiel pour la poursuite de ces développements. La mise en œuvre de nouveaux modèles d’affaires verticalement intégrés permettrait non seulement de redistribuer du capital dans l’appareil de production agricole, mais également de rémunérer le travail agricole à sa juste valeur et de participer à l’apprentissage de nouvelles méthodes de production pérennes, tant sur les plans économique, environnemental que social.

    Dans ce contexte, nous nous attendons aussi à ce que certains secteurs, comme les systèmes alimentaires par exemple, soient au cœur de la COP16.

    Lire aussi : Agriculture : comment nourrir la population et préserver la planète ?

    Des incitations claires sont essentielles pour transformer les secteurs de l’agriculture, de la foresterie et de l’utilisation des terres. Ces secteurs sont responsables de près d’un tiers de nos émissions de gaz à effet de serre et dépendent de terres dont la fertilité se dégrade fortement et rapidement en raison de l’exploitation intensive de celles-ci. Plusieurs matières premières alimentaires telles que le café ou le cacao peuvent être produites de manière durable en utilisant des solutions fondées sur la nature telles que l’agroforesterie et les intrants organiques. Ces modèles de production fondés sur la nature offriraient des denrées aux émissions négatives (adressant ainsi les émissions de scope 3), sans déforestation (adressant la directive européenne sur la déforestation) et une production plus résiliente aux changements climatiques (assurant ainsi des chaînes d’approvisionnement résilientes elles aussi).

    Des solutions spécifiquement conçues pour transformer les chaînes de valeur des secteurs de l’agriculture, de la foresterie et de l’utilisation des terres devraient susciter l’intérêt des grandes entreprises, premières concernées par les solutions fondées sur la nature

    La COP16 devrait offrir l’occasion de discuter de la manière dont les entreprises intégreront et financeront la nature. S’il y a eu une croissance des produits d’investissement liés à la nature, tels que le paiement des services écosystémiques et les obligations vertes, nous pensons que des solutions spécifiquement conçues pour transformer les chaînes de valeur des secteurs de l’agriculture, de la foresterie et de l’utilisation des terres devraient susciter l’intérêt des grandes entreprises, premières concernées par les solutions fondées sur la nature, permettant ainsi aux marchés de la nature d’atteindre une taille nécessaire.

    Cette approche pourrait ouvrir de nouvelles perspectives dans les secteurs tels que la mode, le tourisme ou l’industrie pharmaceutique, et transformer la manière dont nous produisons les matériaux d’origine biologique. La collaboration entre les gouvernements, les entreprises et les institutions financières est essentielle pour mobiliser les ressources en vue de combler le déficit d’investissement dans la nature et de favoriser une bioéconomie circulaire. La COP16 représente une occasion unique de renforcer notre engagement pour un avenir durable en alliant croissance économique et gestion responsable de l’environnement grâce à des solutions et des technologies fondées sur la nature.

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