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Financer un avenir favorable à la nature : Net Zero Delivery Summit 2024
Pourquoi est-il temps d’investir dans la nature ? C’est la question que s’est posée Marc Palahí, Chief Nature Officer chez holistiQ Investment Partners, Lombard Odier Investment Managers (LOIM), dans le cadre de sa participation à des discussions en présence d’acteurs majeurs de l’investissement durable à l’occasion du troisième sommet annuel Net Zero Delivery, organisé par la City of London Corporation dans la prestigieuse Mansion House de Londres.
Organisé à mi-chemin entre la COP28 de Dubaï et la COP29, qui se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, dans le courant de l’année, ce sommet a permis d’évaluer les progrès accomplis au regard des engagements pris lors de la COP15 sur la biodiversité de Kunming-Montréal et de la COP28, ainsi que d’analyser comment les innovations financières peuvent permettre de catalyser de nouvelles actions climatiques.
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Au cours d’une table ronde intitulée « Assurer un avenir favorable à la nature », Marc Palahí a expliqué aux participants que, pour atteindre l’objectif « net-zéro » sur le long terme de l’Accord de Paris, nous devons d’abord mettre en place un nouveau modèle économique fondé sur la nature.
Pourquoi maintenant ?
« Trois éléments clés expliquent à la fois la nécessité d’investir dans la nature et l’opportunité que cela représente », a-t-il déclaré en préambule. « Le premier est le risque physique inédit provoqué par la dégradation du climat et de la nature. La dégradation de la nature entraîne une diminution de l’absorption du carbone atmosphérique. La hausse des températures et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes provoquent à leur tour une dégradation accrue de la nature, par exemple à travers des incendies de forêt. Ce cycle négatif nous rapproche de points de bascule critiques. »
« Des troubles économiques sont également à craindre. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement peuvent entraîner une hausse annuelle de 3% du coût des denrées alimentaires – récemment, nous avons même vu le cacao augmenter de 280%1. L’impact sur le secteur de l’assurance est également important. A l’échelle mondiale, les pertes assurées dues aux risques climatiques et naturels ont été multipliées par deux ces cinq dernières années par rapport aux cinq années précédentes. En 2023, les incendies de forêt au Canada ont entraîné des demandes d’indemnisation d’un montant de USD 720 millions, ce qui en fait l’événement le plus coûteux de l’histoire de la Colombie-Britannique2. Les entreprises investissent dans des solutions fondées sur la nature pour renforcer la résilience de leurs chaînes d’approvisionnement face à ces menaces. »
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« Le deuxième facteur est le besoin de solutions permettant aux entreprises d’atténuer leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) », a poursuivi M. Palahí. « Pour la plupart des entreprises agroalimentaires, plus de 90% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l’utilisation et du changement d’affectation des terres [lorsque l’agriculture et les pratiques agricoles intensives utilisant des engrais et des pesticides remplacent les paysages naturels]. Elles ne peuvent pas se contenter de compenser ces émissions, c’est pourquoi les solutions fondées sur la nature jouent un rôle essentiel dans la réduction de leurs émissions. » L’intérêt de ces solutions est qu’elles peuvent réellement contribuer à adapter nos systèmes agraires au changement climatique.
Marc Palahí poursuit en ces termes : « Le troisième facteur est la relation changeante et plus mature que les entreprises entretiennent avec la nature. D’une part, elle est le résultat de l’effet d’entraînement des nouvelles politiques et réglementations. Les décideurs politiques adoptent de plus en plus de lois qui exigent des entreprises qu’elles réduisent leur impact sur la nature et assurent la traçabilité de leur chaîne d’approvisionnement, telle que la Directive de l’Union européenne sur la déforestation et les allégations écologiques. »3 D’autre part, les solutions fondées sur la nature ont fourni au secteur financier une preuve de concept prête à être déployée à grande échelle. « Il s’agit en quelque sorte d’une poussée de l’offre étayée par plus de 20 ans de projets scientifiques et philanthropiques dans ce domaine. »
Shaun Carazzo, EMEIA Financial Services Climate Change and Sustainability Leader chez EY, partage l’opinion de M. Palahí sur l’importance de la réglementation et observe que les cadres de reporting tels que celui du Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature (TNFD) – qui demandent aux entreprises de déclarer dans quelle mesure leurs modèles commerciaux ont un impact sur la nature et en dépendent – modifient la perception de la nature chez les clients d’EY. Appelant à une plus grande célérité de la part des entreprises en matière de restauration de la nature et de réduction des émissions, il a déclaré que si ces cadres sont, à ce jour, essentiellement volontaires, ils devraient être rendus obligatoires.
Marc Palahi, Chief Nature Officer chez holistiQ Investment Partners, LOIM
Investir dans la nature
Poursuivant sur le même thème, M. Palahí s’est étendu sur les opportunités d’investissement offertes par le nouveau régime réglementaire. « Ces facteurs répondent à un besoin, mais ils génèrent également une opportunité. Tout comme la dégradation de la nature et du climat peut créer un cycle négatif, la mise en œuvre de solutions axées sur le climat et la nature peut également engendrer un cycle positif. »
« Jusqu’à encore récemment, on considérait largement qu’investir dans la nature était une stratégie de compensation visant à contrebalancer l’échec de la réduction des émissions. Chez Lombard Odier, nous voulons transformer les chaînes de valeur et investir pour assurer les succès de demain, pas seulement pour compenser les échecs d’aujourd’hui. »
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« Notre stratégie consiste à acquérir des actifs réels – tels que des exploitations de monoculture agricole peu performantes et des terres dégradées. Nous nouons ensuite des partenariats avec des communautés locales et des spécialistes sur le terrain concernant le fléchage des investissements vers des solutions fondées sur la nature afin de transformer ces acquisitions en exploitations agricoles régénératrices telles que des agroforêts. Nous voulons également investir dans la restauration de couloirs écologiques et favoriser ainsi une plus grande biodiversité, ce qui profite au "système immunitaire" de l’environnement dans son ensemble. »*
« Notre objectif est d’en faire des actifs plus résilients et plus productifs, et de renforcer leur valeur économique, climatique et naturelle. C’est ce que nous appelons les actifs fondés sur la nature. Nous commençons par le café, car il est très exposé aux crises naturelles et climatiques. Il se prête également bien à la culture dans des systèmes agroforestiers, et le café de spécialité est déjà en train de remodeler le marché du café. Néanmoins, de nombreux produits dans de nombreuses chaînes de valeur pourraient eux aussi bénéficier de cette approche. »
Financer la nature
Grant F. Reid, Président du groupe de travail sur l’agro-industrie de la Sustainable Markets Initiative et ancien CEO de Mars, a fait remarquer que la moitié des terres habitables de la planète sont aujourd’hui consacrées à l’agriculture.4 La production alimentaire entraîne une déforestation et une dégradation des paysages à grande échelle, alors même que la croissance démographique accroît la demande alimentaire. Il en a conclu que l’investissement fondé sur la nature a dépassé le stade de l’impératif commercial et est devenu un élément clé pour inverser la crise humaine qui se profile.
Shaun Carazzo a insufflé une dose d’espoir aux participants en soulignant les récentes augmentations des financements liés à la nature, mais il a prévenu qu’il restait encore beaucoup à faire : « Entre 2021 et 2022, nous avons constaté une augmentation de 11% des financements consacrés à la nature, mais ce chiffre doit tripler d’ici à 2030 et quadrupler d’ici à 2050 si nous voulons réellement atténuer notre impact sur la nature. » Pour M. Palahí, c’est là que le secteur financier doit agir. Aujourd’hui, il manque USD 700 milliards pour le financement des investissements liés à la nature dont nous avons besoin. Il appartient donc au secteur financier de trouver des solutions d’investissement innovantes pour combler ce déficit, a-t-il expliqué.5
Selon Mariana Sarmiento, CEO de Terrasos, une société colombienne spécialisée dans les investissements fondés sur la nature, l’intérêt croissant de la communauté internationale pour la nature et la biodiversité renouvèlera les incitations du secteur. Les responsables politiques considèrent à présent la perte de biodiversité et le changement climatique comme des crises jumelles, et la COP16 de cette année sera probablement l’occasion de mettre davantage l’accent sur la création de modèles d’affaires qui soutiennent la nature, a-t-elle expliqué. La COP16 évaluera également les progrès réalisés dans le cadre des plans nationaux pour la biodiversité, qui porteront notamment sur les instruments financiers novateurs susceptibles d’accélérer la transition vers une économie fonctionnant en harmonie avec la nature.
Palahí partage ce point de vue. « Le financement de la nature et les solutions fondées sur la nature sont des outils essentiels pour la lutte contre la perte de biodiversité, la transformation des paysages et les chaînes de valeur et la mise en place d’une économie plus résiliente au changement climatique », a-t-il déclaré. « La nature est notre principal actif et le véritable moteur de notre économie. C’est la technologie la plus sophistiquée de la planète. Les dix prochaines années seront cruciales. Nous devons investir dans la nature dès maintenant. »
1 Cocoa prices continue to rise. When might the tide turn? - Just Food (just-food.com)
2 Okanagan and Shuswap area wildfires cause over $720 million in insured damage (ibc.ca)
3 Regulation on Deforestation-free products - European Commission (europa.eu)
4 Half of the world’s habitable land is used for agriculture - Our World in Data
5 Closing the Nature Funding Gap | The Nature Conservancy
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