Les priorités politiques de Trump ne modifient pas encore les perspectives économiques

    Samy Chaar - Chef économiste et CIO Suisse
    Samy Chaar
    Chef économiste et CIO Suisse
    Dr. Luca Bindelli - Responsable de la stratégie d'investissement
    Dr. Luca Bindelli
    Responsable de la stratégie d'investissement

    points clés.

    • Le second mandat de Donald Trump commence par se concentrer sur le commerce, l’énergie et l’immigration ; nous maintenons nos prévisions et tablons sur une croissance de 2,4% de l’économie américaine en 2025
    • Les droits de douane et les politiques d’immigration pourraient faire grimper l’inflation, mais le prix potentiellement plus bas de l’énergie et la fermeté du dollar américain devraient en contrebalancer les effets
    • Nous préférons le crédit d’entreprise aux obligations souveraines et estimons que la croissance des bénéfices pourrait stimuler les marchés boursiers. Outre les actions américaines, nous apprécions le Japon et certains marchés émergents
    • Nous continuons à surpondérer les actions, l’or et le dollar, à sous-pondérer les liquidités. Nous restons neutres en ce qui concerne les obligations et considérons que les classes d’actifs alternatives offrent un potentiel de diversification intéressant.

    La deuxième présidence Trump a débuté par la promulgation d’une série de décrets. L’impact de la nouvelle administration se fera sentir dans le commerce mondial, l’énergie, la politique industrielle, fiscale et étrangère, et entraînera une hausse des dépenses publiques et d’investissement. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche remet fondamentalement en question l’ordre mondial d’après 1945. Pour l’heure, cependant, les initiatives politiques sont conformes à la rhétorique de campagne et, partant, ne modifient pas nos scénarios de base concernant l’économie et les marchés américains.

    Le volume de décrets et de déclarations du président Trump au cours de sa première semaine au pouvoir a médusé les observateurs et laissé sans voix l’opposition. Cela dit, ils n’ont réservé que de rares surprises et contiennent très peu de détails. Il est donc difficile d’en modéliser le coût ou l’impact économique. En matière d’immigration, les programmes ont été plus agressifs que prévu. Ils s’engagent à expulser les immigrés clandestins, à abroger les droits de citoyenneté des personnes nées sur le sol américain et à déployer des forces militaires pour surveiller la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Bien que ces mesures fassent l’objet de contestations juridiques, elles signalent aux partisans du président Trump sa volonté d’agir sans délai.

    De manière générale, nous nous attendons à ce que le programme de déréglementation et de réduction d’impôts de la nouvelle administration prolonge l’exceptionnalisme de l’économie et des marchés financiers américains. Notre scénario de base est inchangé, à savoir que l’économie américaine continuera à fonctionner au-dessus de son potentiel et enregistrera une croissance du produit intérieur brut réel de 2,4% en 2025. Les revenus réels augmentant, les risques pour le marché de l’emploi américain semblent limités. De plus, la tendance désinflationniste est bien installée et les taux d’intérêt de référence devraient s’avérer supérieurs à ceux du reste du monde développé au cours de l’année.

    L’économie américaine continuera à fonctionner au-dessus de son potentiel et enregistrera une croissance du produit intérieur brut réel de 2,4% en 2025

    Les tarifs douaniers et leurs cibles

    En ces premiers jours de l’administration Trump, les tarifs douaniers restent au centre de l’attention des investisseurs, et pour cause ; outre une politique d’immigration susceptible de créer des pénuries de main-d’œuvre, les droits d’importation pourraient faire grimper l’inflation aux États-Unis. Cela risquerait d’affaiblir la consommation, qui est aujourd’hui le moteur de l’économie américaine, tout en fragilisant les économies qui vendent des biens aux consommateurs américains. Le président Trump a indiqué qu’il envisageait d’imposer des tarifs douaniers de 25% sur certains biens importés du Canada et du Mexique, ainsi qu’une taxe générale de 10% sur les produits chinois, tout en ajoutant qu’il « préférerait ne pas » imposer de tarifs douaniers sur ces derniers. Lors d’un discours prononcé au Forum économique mondial, il est allé plus loin en proposant une réduction des droits de douane et des impôts pour les entreprises fabriquant leurs produits aux États-Unis, tout en s’attaquant aux taxes sur les ventes édictées par l’Union européenne.

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    L’administration a chargé les départements du commerce et du Trésor, le Représentant des États-Unis pour le commerce et le Bureau de la gestion et du budget d’évaluer l’impact des droits de douane, d’ici au 1er avril. Cela renforce notre hypothèse de base selon laquelle les droits de douane seront introduits progressivement et seront d’ampleur moindre que menacé. Leur impact économique serait ainsi atténué et retardé, probablement jusqu’au second semestre 2025, voire jusqu’en 2026. L’impact à court terme dépend en grande partie de la rapidité avec laquelle les tarifs douaniers seront appliqués, ainsi que du niveau des stocks constitués par les importateurs américains.

    En matière d’inflation, la résultante nette de programmes d’immigration agressifs et de droits de douane potentiellement moins élevés devrait s’avérer globalement neutre. Une énergie meilleur marché contribuerait également à contenir l’inflation. La semaine dernière, le président Trump a appelé les producteurs de pétrole à abaisser leurs prix afin d’affaiblir l’économie russe. Ajoutée à la menace de nouvelles sanctions, cette baisse permettrait selon lui de mettre un terme plus rapide à la guerre en Ukraine. Les programmes énergétiques de l’administration américaine ne sont, à ce stade, pas suffisamment concrets pour nous permettre d’ajuster nos modèles concernant les prix du pétrole. Toutefois, une politique énergétique stimulant la production de pétrole, associée à une vaste déréglementation des entreprises, devrait s’avérer désinflationniste par nature. De plus, la fermeté du dollar américain contribuera à limiter l’inflation importée.

    Des portefeuilles diversifiés, avec un biais favorable au risque

    Les politiques américaines étant susceptibles de demeurer incertaines à court terme, un certain degré de volatilité devrait persister sur les marchés financiers. Depuis décembre 2024, les taux d’intérêt de référence ont partiellement intégré cette incertitude, en particulier sur la partie plus longue de la courbe des rendements.

    Nous prévoyons que les rendements du Trésor américain à 10 ans s’établiront autour de 4,5% au cours des douze prochains mois

    La hausse des rendements des obligations du Trésor en décembre dernier et au début de cette année 2025 a pesé sur les valorisations des actions et réduit la capacité du marché boursier à faire face à des surprises négatives. Les données relatives à l’inflation sous-jacente pour le mois de décembre, quelque peu inférieures aux prévisions, ont rassuré les investisseurs quant à la poursuite de la tendance désinflationniste, contribuant à contenir les rendements obligataires. Malgré des risques à court terme en matière de rendements obligataires américains, cette tendance désinflationniste conjuguée à une normalisation des politiques devrait favoriser une baisse des taux. Nous prévoyons que les rendements du Trésor américain à 10 ans s’établiront autour de 4,5% au cours des douze prochains mois, ce qui limitera les pressions supplémentaires sur les valorisation boursières.

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    Nous maintenons notre préférence pour le crédit d’entreprise, qui devrait présenter des rendements plus élevés que les obligations souveraines d’échéances comparables. En effet, le crédit américain devrait continuer à bénéficier de spreads relativement stables et d’un agenda gouvernemental favorable à la croissance, par le biais de la déréglementation et des réductions d’impôts. Quant aux obligations souveraines, elles pourraient rester confrontées à une augmentation des déficits budgétaires et des besoins de refinancement, et donc générer une volatilité accrue des rendements. Parmi les obligations souveraines, c’est en Allemagne et au Royaume-Uni que la pression haussière sur les rendements devrait être, de notre avis, la moins marquée ces prochains mois. Nous pensons que les banques centrales de ces deux pays abaisseront leurs taux directeurs plus fortement que ne le prévoient actuellement les marchés. L’Allemagne devrait conserver sa stabilité fiscale et donc son statut de « havre » au sein des obligations souveraines. A mesure que les réductions de taux déploieront leurs effets, les taux mondiaux baisseront à un horizon de 12 mois, et plus rapidement en Allemagne et au Royaume-Uni. Sur ces obligations souveraines, nos échéances préférées sont celles de 5 à 7 ans, avec un allongement progressif de la duration.

    Les marchés boursiers continueront à se concentrer sur les perspectives de croissance bénéficiaire en tant que principale source de performance

    Se concentrer sur les bénéfices plutôt que sur les valorisations

    Du côté des actions, le sentiment de marché a rebondi sur fond de solide début de saison de publication des résultats du quatrième trimestre, portée par le secteur financier. Les marchés boursiers ont ainsi mieux pu faire face à l’incertitude politique et à la potentielle volatilité des taux. L’incertitude politique étant appelée à s’estomper, comme ce fut le cas lors de la première administration Trump en 2017, les marchés boursiers continueront à se concentrer sur les perspectives de croissance bénéficiaire en tant que principale source de performance. Quand bien même les valorisations initiales élevées limiteront les gains comparativement à l’an dernier, nous nous attendons toujours à ce que l’essentiel de la progression des bourses en 2025 résulte de la croissance des bénéfices. Les marchés développés devraient ainsi pouvoir dégager une performance à deux chiffres sur 12 mois. Les droits de douane américains étant susceptibles d’éroder la croissance ailleurs dans le monde, notre préférence va aux actions japonaises, ainsi qu’à la Corée du Sud et Taïwan parmi les marchés émergents, tout en restant sélectifs. L’annonce récente de la société chinoise DeepSeek, spécialisée dans l’intelligence artificielle, selon laquelle elle aurait développé un modèle d’IA à des coûts largement moindres que ceux de ses concurrents américains, a déclenché un mouvement de vente dans le secteur technologique américain. Les autres secteurs ont bien résisté, l’indice S&P 500 hors valeurs technologiques atteignant de nouveaux sommets. Cela suggère que les préoccupations du marché se concentrent sur la pérennité du modèle de croissance de l’IA et des investissements infrastructurels afférents. Nous jugeons excessive la réaction initiale du marché. De notre point de vue, la feuille de route de la technologie de l’IA demeure prometteuse et les investissements américains dans ce domaine sont appelés à augmenter encore.

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    Nonobstant la récente consolidation, la remontée des taux américains et l’évolution des politiques commerciales et énergétiques des États-Unis continueront à soutenir le dollar américain et nous anticipons des pressions baissières sur les prix du pétrole tout au long de l’année 2025. Ce qui ne nous empêche pas de tabler aussi sur une bonne performance de l’or à 12 mois, même mesurée en dollars, car les banques centrales continuent à acheter le métal précieux pour ses vertus d’actif refuge et à des fins de diversification de leurs avoirs. Cela étant, il est peu probable que la performance de l’or soit comparable à celle de 2024. Compte tenu des incertitudes entourant l’impact des politiques tarifaires sur l’inflation, l’or reste également un élément de diversification utile au cas où l’inflation devait s’avérer plus volatile. Ce contexte renforce par ailleurs encore l’importance des classes d’actifs alternatives, qui étendent les opportunités d’investissement à des sources de performance non traditionnelles pour les portefeuilles multi-actifs des investisseurs éligibles. Notre positionnement actuel nous a permis de bien naviguer ce début d’année 2025, et nous restons prêts à nous adapter afin de tirer parti de toute évolution politique significative.

    CIO Office Viewpoint

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