L’Allemagne et l’Europe montent en puissance grâce à un indispensable changement de vitesse budgétaire

    Bill Papadakis - Stratège Macro Senior
    Bill Papadakis
    Stratège Macro Senior

    points clés.

    • En Allemagne, l’Union chrétienne-démocrate et l’Union chrétienne-sociale (CDU/CSU) ont convenu avec leur probable partenaire de coalition dans le prochain gouvernement, d’une réforme budgétaire de grande ampleur afin de financer les investissements dans les infrastructures et la défense du pays 
    • Assouplissant les contraintes imposées par le « frein à l’endettement » allemand, cette décision intervient à la veille d’une nouvelle législature qui verra l’arrivée d’une minorité de blocage. Bien que les détails restent à discuter, les investisseurs ne doivent pas sous-estimer l’importance de ce changement. Les principaux partis politiques étant d’accord, l’ampleur du plan de dépenses est historique et répond au changement de politique des États-Unis
    • De pair avec les annonces de la Commission européenne sur la mise en place d’un programme de défense, cette évolution s’inscrit dans un scénario récurrent où l’Europe, après avoir longtemps déçu les attentes, réussit à surprendre positivement lorsqu’elle est confrontée à une véritable crise
    • Compte tenu de l’amélioration des perspectives de croissance dans un contexte de relance budgétaire, nous anticipons moins de réductions des taux de la part de la Banque centrale européenne : ils devraient baisser d’encore 100 points de base, et porter le taux final pour la zone euro à 1,75%.

    L’Allemagne s’apprête à mettre en œuvre une réforme budgétaire de grande ampleur qui devrait transformer son économie tout en la renforçant et remodeler la réponse de l’Europe à la politique étrangère américaine, qui donne la priorité aux États-Unis. Les changements proposés comprennent une réforme du mécanisme de « frein à l’endettement » du pays afin d’en exempter les dépenses militaires et d’accroître la marge de manœuvre au niveau de l’État. Ils prévoient aussi un programme substantiel d’un demi-milliard d’euros pour le développement des infrastructures. Ce plan ambitieux marque un tournant dans la stratégie budgétaire longtemps restrictive de l’Allemagne.

    Introduit en 2009, le mécanisme du frein à l’endettement, qui limite les emprunts annuels du gouvernement à 0,35% du produit intérieur brut sur une base structurelle, a été conçu pour maintenir l’équilibre budgétaire du pays dans le sillage de la grande crise financière. Bien qu’il ait été largement critiqué au niveau international pour sa rigueur excessive et sa contribution à la sous-performance économique, les dirigeants allemands ont, jusqu’à très récemment, été réticents à le réformer.

    La politique étrangère des États-Unis agit comme un catalyseur de réforme et crée une véritable dynamique pour les efforts budgétaires de l’Allemagne. Dans le sillage des élections du 23 février, Friedrich Merz est en passe de devenir le prochain chancelier allemand. Il formera vraisemblablement une coalition centriste à deux partis, laquelle prendra le relais du gouvernement tripartite en place. M. Merz dispose d’une fenêtre pour réformer la règle du frein à l’endettement inscrite dans la Constitution allemande, dans la mesure où il existe toujours une majorité parlementaire des deux tiers en faveur du changement.

    Un changement radical est clairement à l’œuvre 

    Bien que les détails de cette réforme restent à préciser dans le cadre d’un programme se montant potentiellement à plus de EUR 500 milliards, et que les procédures permettant de la mettre en œuvre seront complexes, un changement radical est clairement à l’œuvre : les principaux acteurs du gouvernement allemand sont alignés et le processus politique progresse rapidement. Les marchés obligataires reflètent cette évolution. Le 5 mars, le rendement de référence du Bund à 10 ans a grimpé de plus de 20 points de base.

    Avec aussi l’initiative de la Commission européenne en faveur de nouvelles mesures visant à assouplir les règles budgétaires et à augmenter les dépenses militaires de l’UE, une réponse substantielle à l’échelle de la région survient après toute une série de déceptions. Le bloc a pour habitude de n’apporter des réponses coordonnées qu’en période de crise, comme lors de la création du Mécanisme européen de stabilité en 2012 ou du Fonds de relance mis en place en 2021 en réaction à la pandémie de Covid-19. L’initiative de l’Allemagne intervient au cours d’une semaine d’activité diplomatique européenne marquée par l’urgence, suite aux décisions de l’administration américaine de supprimer le soutien militaire à l’Ukraine et de faire des concessions à la Russie.

    Ces engagements budgétaires devraient renforcer la croissance allemande en 2025, et plus encore au cours des deux années qui suivront, au fur et à mesure de l’accélération des dépenses. Cela devrait stimuler une économie qui a sous-performé son potentiel en raison d’investissements publics insuffisants durant de nombreuses années. Et cela représente un changement complet dans les dépenses en matière de défense. A l’échelle de la zone euro, les réformes budgétaires de l’Allemagne devraient améliorer la croissance du PIB, même si l’essentiel de l’impulsion ne se produira qu’en 2026. Cette année, nous anticipons une croissance économique de 1,1% dans la zone euro, contre 1% précédemment.

    Les droits de douane américains et la riposte de l’UE auront sans doute un impact négatif sur les économies européennes, mais des dépenses publiques supplémentaires permettront de le compenser.

    L’assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) pourra être moins agressif que prévu

    Ce coup de pouce budgétaire à l’économie suggère aussi que l’assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) pourra être moins agressif que prévu. 

    Nous avons modifié nos prévisions de réduction des taux d’intérêt par la BCE. Nous pensons désormais que la banque centrale abaissera son taux de dépôt de 100 points de base supplémentaires, ce qui portera le taux final de la région à 1,75%. Un niveau qui ne peut être considéré comme accommodant. Il se trouve plutôt à la limite inférieure de l’estimation du taux « neutre » pour la zone euro, c’est-à-dire celui qui ne stimule ni ne freine la croissance économique.

    À la lumière de cette embellie des perspectives pour l’Europe et de nos nouvelles prévisions en matière de politique monétaire, nous procédons à une analyse de nos positions en actifs financiers européens.

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