Pour Marc Palahí, la transformation économique est la seule solution à long terme

    points clés.

    • La transition vers une économie circulaire peut permettre de redéfinir notre relation avec la nature et renforcer la résilience climatique
    • La stratégie innovante de Lombard Odier investit dans des pratiques agricoles durables qui préservent la biodiversité tout en générant des rendements 
    • Améliorer la gestion des terres et repenser les approches traditionnelles de lutte contre les incendies seront essentiels pour prévenir les feux de forêt

    Publié dans Handelszeitung, le 6 février 2025

    Les incendies ont fait des ravages en Californie cette année. Marc Palahí, scientifique et Chief Nature Officer chez Lombard Odier Investment Managers (LOIM), nous explique les liens avec notre système économique.

    Palahí, je voudrais m’entretenir avec vous des incendies en Californie, qui ont causé des dégâts dévastateurs. Mais tout d’abord, pouvez-nous parler de votre expertise ?

    Je suis chercheur et j’ai travaillé pendant 25 ans dans le monde scientifique avant de rejoindre Lombard Odier. Mon travail de recherche s’est toujours situé à l’interface entre l’écologie et l’économie, la biodiversité et le changement climatique. J’ai dirigé l’European Forest Institute (EFI) pendant dix ans, avec pour objectif principal de développer des cadres scientifiques afin de favoriser la transition d’une économie extractive et axée sur les ressources fossiles vers une nouvelle économie circulaire et axée sur la biologie.

    Notre approche est différente. Nous voulons investir dans la nature pour transformer l’économie, et non pour en combler les lacunes

    Vous êtes Chief Nature Officer de Lombard Odier Investment Managers (LOIM). En quoi consiste votre travail ?

    Je m’appuie sur des arguments et des faits scientifiques pour démontrer comment nous pouvons réorienter des investissements afin qu’ils deviennent positifs pour la nature, tout en démontrant scientifiquement qu’ils peuvent générer de bons rendements. Laissez-moi vous donner un exemple : l’une de nos premières stratégies cette année porte sur la mise en œuvre de solutions respectueuses de la nature pour repenser les méthodes de production des aliments.

    Le café en sera l’un des éléments clés. Nous engageons des capitaux pour passer des monocultures de café, qui émettent du CO2 et détruisent la biodiversité, à un nouveau type de production utilisant des intrants biologiques plutôt que chimiques et synthétiques.

    Un certain nombre de sociétés d’investissement misent par exemple aujourd’hui sur les crédits carbone et biodiversité, ce qui était jusqu’à présent la manière la plus en vogue d’investir dans la nature. Notre approche est différente. Nous voulons investir dans la nature pour transformer l’économie, et non pour en combler les lacunes.

    Qu’entendez-vous concrètement par «combler les lacunes de l’économie» ?

    Prenons un exemple : si une entreprise qui importe du chocolat du Ghana et de Côte d’Ivoire achète des crédits carbone, cela n’aide en rien à résoudre le problème des exploitations de cacao et de leur faible résilience. Nous devons donc investir directement dans ces exploitations.

    Nous devons donc construire un nouveau modèle économique capable de résister au changement climatique et contribuant également à son atténuation en accélérant la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables

    Vous avez indiqué vous intéresser aux écosystèmes forestiers, notamment dans le cadre de votre travail au sein de l’European Forest Institute. Ces dernières semaines, ce sont surtout les feux de forêt en Californie qui ont fait la une des journaux. D’un point de vue économique, que peut-on faire pour éviter de telles catastrophes ?

    Les grands incendies de forêt sont le résultat de plusieurs facteurs : vents, sécheresse structurelle, mauvaise planification urbaine. L’économie en subit déjà les conséquences. Nous devons donc construire un nouveau modèle économique capable de résister au changement climatique et contribuant également à son atténuation en accélérant la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables. Ce changement doit concerner tous les secteurs. Il ne s’agit pas seulement de changer le système énergétique, mais aussi de passer du béton et de l’acier aux matériaux biologiques. Il faut également faire la transition d’une agriculture fondée sur des engrais et pesticides de synthèse à une agriculture régénératrice.

    Un véritable changement de paradigme doit s’opérer. Nous devons repenser la manière dont nous construisons nos villes, en utilisant des infrastructures vertes plutôt que grises. Il ne s’agit pas de réparer un secteur ou un autre, mais bien de repenser toute notre économie en fonction de notre rapport à la nature et de comprendre l’écologie de notre planète.

    Lire aussi : Construire une bioéconomie circulaire face à la menace croissante des incendies de forêt

    Concernant les feux de forêt, quelle serait la solution à court terme pour éviter que le problème ne se reproduise l’année prochaine ?

    Pour des problèmes tels que les feux de forêt, la meilleure solution à court terme est de choisir celle à long terme. L’un des problèmes observés en Californie, mais aussi en Espagne, en Italie et au Portugal, est que nous avons principalement investi dans la lutte contre les incendies et non dans leur prévention.

    Si l’on investit trop dans la lutte contre les incendies, le problème ne fait que croître. On peut en effet éteindre très efficacement les incendies de faible intensité. Or, parce que ces petits feux sont réprimés, beaucoup de combustibles s’accumulent dans des zones rurales désertées, où il n’y a plus de cultures. Alors, quand les mauvaises conditions sont réunies, comme cette année avec des vents forts et une grande sécheresse, les incendies deviennent incontrôlables.

    Nous avons atteint un point de bascule dans notre système économique, où il n’existe plus de solutions rapides. Ce qu’il faut, c’est un changement structurel

    Il n’y a donc pas de solution rapide et simple ?

    Non. Le problème, c’est que nous sommes entrés dans un cercle vicieux, car la solution rapide pour la Californie consistera à augmenter le budget de lutte contre les incendies l’année prochaine, mais cela ne résoudra rien. Les autorités seront en peut-être en mesure d’arrêter les incendies l’année prochaine, mais on ne fera qu’aggraver la situation.

    Nous avons atteint un point de bascule dans notre système économique, où il n’existe plus de solutions rapides. Ce qu’il faut, c’est un changement structurel.

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