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COVID-19 : la voie inattendue vers la décarbonisation
Aujourd’hui, il y a de fortes chances que vous ne soyez pas dehors à célébrer le printemps et la floraison de la nature, mais chez vous, à pratiquer la distanciation sociale comme le conseille ou l’impose votre gouvernement. Le virus COVID-19 a maintenant infecté plus de 3 million de personnes dans le monde avec plus de 200'000 décès.1
Les mesures de confinement prises pour lutter contre cette crise sanitaire extraordinaire, qualifiée de pandémie par l’Organisation Mondiale de la Santé, entraînent la fermeture de nombreux pans de l’économie et laissent des millions de personnes sans emploi. La crise a secoué les marchés financiers, entraînant par exemple le pire premier trimestre jamais enregistré par l’indice Dow Jones.
Pourtant, la crise du COVID-19 a une autre conséquence imprévue.
Un ciel qui respire
Depuis le début du ralentissement, nous avons constaté une réduction drastique2 de la pollution atmosphérique, en particulier du dioxyde d’azote (NO2) dont les concentrations dans tous les pays impactés baissent considérablement. En deux semaines à peine après le début du confinement en Grande-Bretagne (23 mars), la pollution de N02 a baissé, dans certaines villes, de 60% comparé à la même période en 2019. La Chine, responsable de 50% de la pollution de N02 en Asie, a vu son taux de pollution chuter de 40% dans certaines régions durant les mois de janvier et février, ce qui équivaut à retirer 192'000 voitures de la route.
Ce changement est visible depuis l’espace. Les images satellites fournies par la NASA et l’Agence spatiale européenne ont montré une diminution radicale du NO2 au cours de cette période. La capital indienne, Delhi, a également profité d’une amélioration importante de la qualité de l’air depuis le début du confinement de ses 1,3 milliard d’habitants imposé le 24 mars. La qualité de l’air a considérablement chuté en dessous de 20 selon l’Indice de Qualité de l’Air (AQI). A titre de comparaison, en moyenne le AQI à Delhi se situe entre 200 et 900. Ces données sont dangereusement élevées, l’Organisation Mondiale de la Santé considérant qu’un taux au-dessus de 20 est risqué. Des pays du monde entier expérimentent une telle amélioration de la qualité de l’air alors que leurs gouvernements ont implémenté des restrictions ou quarantaines strictes.
En raison de la pandémie, les compagnies aériennes ont été forcées d’immobiliser leur flotte au sol. Déjà menacées par la montée en puissance du « flygskam »3, les compagnies aériennes du monde entier sont confrontées à des débâcles économiques, voire à des faillites. British Airways a annoncé son intention de supprimer 12’000 emplois, la compagnie aérienne britannique Flybe est passée sous administration judiciaire en mars et Virgin Australia a déclaré faillite. Selon Dave Calhoun, PDG de Boeing : "Il faudra deux à trois ans pour que les voyages reviennent aux niveaux de 2019 et quelques années supplémentaires pour que la tendance de croissance à long terme du secteur revienne".
Alors que les compagnies font pression sur les gouvernements pour des renflouements, il y a une opportunité évidente de créer un précédent et d'accélérer la transition verte de l'industrie aérienne. A notre sens, cette situation offre une opportunité de créer un précédent pour accélérer une transition verte du secteur. En Europe, il y a un appel à joindre des conditions vertes aux sauvetages de l'État. Les fonctionnaires de Bruxelles sont "sous pression. Ils doivent approuver les injections de fonds seulement si les entreprises peuvent prouver que leurs modèles d'affaires sont conformes aux objectifs climatiques mondiaux comme l'accord de Paris", partage le Financial Times. Tous les secteurs sont concernés par le "Green Deal" européen, y compris l'aviation,
Il y a donc une chance que les émissions mondiales de CO2 diminuent en 2020. Mais cette tendance se poursuivra-t-elle ? Seules des politiques concertées et des mesures de relance économique « vertes » ciblées influenceront l’évolution des émissions à l’avenir. Les plans de relance doivent être alignés sur la transition climatique. Le moment est venu d’aplatir la courbe et d’accélérer la transition vers une économie circulaire, allégée, inclusive et propre (CLIC).
Assortir les plans de sauvetage de conditions vertes avec des régulations plus strictes en matière d’émissions carbone pourrait permettre d'acheminer l’industrie aérienne vers une voie plus soutenable.
La capacité de la nature à rebondir
A la suite du confinement dans le nord de l’Italie, certaines rumeurs (démenties depuis) prétendaient que même les dauphins étaient revenus à Venise. Malheureusement, la nature ne rebondit pas aussi facilement. Toutefois, les fameux canaux pollués ont surpris les Vénitiens, car ils sont devenus clairs en quelques jours, une amélioration de la qualité de l’eau qui n’avait pas été observée depuis des années. Cette conséquence inattendue n’est pas due à une baisse de la pollution, mais à l’absence de transports motorisés, comme les bateaux de croisière. Cette conséquence inattendue du COVID-19 poussera-t-elle les Vénitiens à commencer à limiter sérieusement le tourisme et à redécouvrir la biosphère unique de leur Lagune ? Si cela est positif pour l’environnement, ce n’est pas le cas pour l’économie qui repose principalement sur le tourisme, avec 2 milliards d’euros de recettes brutes annuelles pour la seule Sérénissime.
Il est donc essentiel d’investir dans une transition inclusive vers une économie neutre en carbone. Soutenir les travailleurs et l’adaptation aux nouvelles technologies est la clé de la transition vers une économie plus durable.
C’est une occasion unique de découvrir comment pourrait être notre monde si des efforts concertés et durables étaient mis en place pour réduire les émissions mondiales de carbone. Notre terre est résistante et notre écosystème peut rebondir plus vite que prévu.
Mais cette tendance se poursuivra-t-elle ?
Dans notre société mondialisée, les défis n’ont pas de frontières, et les réponses ne doivent pas non plus en avoir. Pour assurer une transformation, nous devons nous attaquer conjointement au changement climatique, aux crises sanitaires et aux récessions économiques. Les gouvernements, les entreprises et les particuliers ont un rôle à jouer pour conduire et mettre en œuvre le changement systémique mondial nécessaire.
Alors que les mesures de confinement laissent aujourd’hui des millions de personnes isolées, la créativité et les changements de comportement établissent une nouvelle norme. Le travail à distance se développe rapidement, ce qui impose de nouvelles habitudes, comme la limitation des déplacements domicile-travail et la multiplication des réunions en ligne, réduisant ainsi la nécessité des vols d’affaires long-courriers. Donnant l’exemple, les chefs d'État du G20 se sont réunis par vidéoconférence et se sont engagés à accélérer la coopération sur un vaccin contre le coronavirus, à partager la recherche et à rendre des comptes aux communautés les plus vulnérables.
Une seule question se pose : une fois que le monde sera enfin à l’abri de la pandémie, les émissions renoueront-elles avec les niveaux d’avant la crise sanitaire ? Nous pensons que des mesures de stimulation économique durables, associées à des taux d’intérêt bas, des plans de sauvetage structurés et l’adoption permanente de nouveaux comportements au travail, fournissent une opportunité historique pour la transition climatique.
Sommes-nous donc à l’aube d’un changement structurel profond menant à la neutralité carbone ? Pour Lombard Odier, ce n’est que le début de la transition vers l’économie CLIC, équitable, inclusive et résiliente.
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