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Lars Tvede sur l’avenir de l’intelligence artificielle : comment les innovations disruptives vont-elles transformer le monde ?
A Prilly en Suisse, au cœur du campus unlimitrust (un parc d’innovation unique en son genre visant à promouvoir la confiance digitale et la cybersécurité), nous avons récemment organisé une rencontre avec Michael Strobaek, notre Global Chief Investment Officer, et Lars Tvede, entrepreneur en série, auteur et président de Supertrends (une société d’IA qui tente de prédire l’avenir). Ensemble, ils nous ont invités à réfléchir à l’influence que les avancées technologiques auront sur le monde au cours des prochaines décennies.
L’intelligence artificielle (IA) et les autres technologies de rupture ont progressé très rapidement ces dernières années, avec de profondes répercussions sur la société, l’économie et l’environnement. L’avancée exponentielle de la technologie, soutenue par des innovations telles que les grands modèles de langage et l’informatique quantique, laisse présager un avenir bien différent de notre quotidien actuel. Dans cet article, Lars Tvede se penche sur l’état actuel de l’IA, sur l’évolution attendue au cours des dix prochaines années et sur l’incidence qu’elle pourrait avoir sur le marché de l’emploi, les ressources en énergie et la santé.
Comment la trajectoire actuelle de l’IA pose les bases des innovations de demain
La croissance de l’IA suit une courbe en forme de S, avec des avancées technologiques rapides qui donnent naissance à des applications transformatrices. Ces dix dernières années, nous sommes passés des simples robots conversationnels à de grands modèles de langage puissants, tels que GPT-4, qui peuvent générer du texte très proche de la production humaine, analyser des données et offrir des solutions dans des domaines allant de la finance1 au service à la clientèle2.
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De nouvelles frontières émergent, sous la forme de solutions innovantes telles que les « essaims d’agents », un cadre expérimental dans lequel des systèmes d’IA autonomes (les « agents ») collaborent pour résoudre des problèmes complexes, tout en minimisant l’intervention humaine. Il peut par exemple s’agir d’analyser les tendances d’un secteur, de repenser les stratégies de marketing, d’identifier les clients potentiels ou encore d’étayer le soutien à la clientèle3.
Les technologies ne cessent d’évoluer et, pour l’instant, nous n’exploitons qu’une infime partie du potentiel de l’IA
Cette progression rapide des technologies de l’IA a décuplé leurs applications : ce qui n’était au début qu’un traitement automatique du langage est aujourd’hui une solution globale incluant des prédictions complexes, la reconnaissance des tendances et certaines formes de raisonnement. Les technologies ne cessent d’évoluer et, pour l’instant, nous n’exploitons qu’une infime partie du potentiel de l’IA.
De l’IA personnelle à l’informatique quantique : où va la technologie ?
L’IA s’immisce de plus en plus dans le monde physique. L’avancée de la robotique, des véhicules autonomes et des drones transforme déjà certains secteurs. Des solutions d’IA personnelle font leur apparition, facilitant la vie de tous les jours de façon largement intégrée4. Elles sont l’évolution naturelle des assistants digitaux personnels (par exemple, les premières versions de Siri chez Apple, de l’Assistant chez Google et de feu Cortana chez Microsoft), qui sont désormais des systèmes intuitifs beaucoup plus sophistiqués.
D’ici 2030, l’avènement de l’IA quantique pourrait redéfinir les limites de calcul, permettant aux machines de traiter et d’optimiser l’information d’une façon jugée impossible il n’y a pas si longtemps5, des milliards de fois plus rapidement que les systèmes actuels.
Influence de l’IA sur le marché de l’emploi et répercussions pour les investisseurs
Alors que l’IA transforme les lieux de travail, la demande en main-d’œuvre évoluera dans de nombreux secteurs. Les tâches répétitives seront automatisées, permettant aux êtres humains de se concentrer sur les fonctions créatives et stratégiques. Comme Michael Strobaek, CIO chez Lombard Odier, l’explique : l’IA sera un « vecteur de productivité ». Selon le Forum économique mondial, au niveau mondial, 23% des emplois seront transformés par l’intégration de l’IA et de technologies de traitement de texte, d’images et de voix dans différents secteurs6. Cela pourrait créer 69 millions d’emplois et éliminer 83 millions de postes7.
Les êtres humains se sont toujours réinventés [...] et nul ne peut extrapoler les tendances des actions et interventions humaines. Les Etats-Unis viennent de nous offrir un bon exemple en la matière, avec la réélection de Donald Trump. A un moment ou à un autre, l’humanité finit par prendre son destin en main
L’Histoire nous montre que les êtres humains s’adaptent et ajustent constamment leurs compétences en réponse aux évolutions technologiques. Toutefois, il est encore difficile de prédire les tendances spécifiques, car l’activité humaine, souvent imprévisible, joue un rôle décisif à cet égard. Comme Michael Strobaek le rappelle : « Les êtres humains se sont toujours réinventés [...] et nul ne peut extrapoler les tendances des actions et interventions humaines. Les Etats-Unis viennent de nous offrir un bon exemple en la matière, avec la réélection de Donald Trump. A un moment ou à un autre, l’humanité finit par prendre son destin en main. »
Il souligne que « ce qui est important – et utile – pour les investisseurs, c’est de rester du bon côté [de ce changement] ». Les avancées technologiques créent à la fois des risques et des opportunités. Ceux qui sauront stratégiquement aligner leurs investissements sur les secteurs de la transformation, en les diversifiant afin de ne pas trop dépendre d’une même société technologique, devraient tirer leur épingle du jeu. Le défi consistera à identifier les opportunités qui combinent un fort potentiel de croissance et une valeur sociale, en veillant à ce que la technologie serve à optimiser le travail des êtres humains.
Révolution de l’énergie : comment la fusion nucléaire pourrait alimenter l’ère de l’intelligence artificielle
Les capacités de calcul de plus en plus importantes requises par les systèmes d’IA sophistiqués créent des défis de taille en matière d’énergie : la consommation d’énergie associée à leur entraînement est une barrière significative à l’efficacité énergétique. La production de sources d’énergie renouvelable, telles que le solaire ou l’éolien, nécessite de vastes quantités de ressources finies, notamment de métaux tels que le cuivre, qui sont de plus en plus rares, mais de plus en plus demandés8. L’énergie nucléaire, et notamment la fusion (phénomène par lequel le soleil s’alimente en fusionnant des atomes9), semble désormais offrir une alternative prometteuse.
La technologie de fusion représente un grand pas en avant et pourrait couvrir des milliards d’années d’approvisionnement en énergie. Mise en œuvre correctement, elle pourrait devenir la principale source d’alimentation de l’IA et des autres technologies à forte intensité énergétique, grâce à une offre quasiment illimitée en énergie propre, pour un coût relativement bas, tout en atténuant notre dépendance aux combustibles fossiles (facteur clé de la réalisation des objectifs en matière de durabilité)10.
Selon Lars Tvede, cette technologie est sur le point de devenir une réalité. « Nous sommes très près du but. Je pense que la fusion nucléaire sera la technologie énergétique la plus importante à partir de 2050. » La start-up First Light Fusion, implantée à Oxford au Royaume-Uni, a déjà initié les premières phases du développement de son usine pilote, qui devrait être achevée dans les années 2030. Il est prévu que cette usine produise environ 150 MW d’électricité pour un coût inférieur à USD 1 milliard11. Au niveau gouvernemental, l’Autorité britannique de l’énergie atomique prépare elle aussi le développement de sa première usine de fusion, qui devrait être mise en service d’ici le début des années 2040, pour un coût estimé à GBP 20 milliards. A noter toutefois que son bon fonctionnement n’est aucunement garanti12.
Nous sommes très près du but. Je pense que la fusion nucléaire sera la technologie énergétique la plus importante à partir de 2050
L’IA dans le secteur de la santé : la longévité, la santé personnalisée et l’avenir du vieillissement
L’IA présente une capacité sans précédent à révolutionner le secteur de la santé. Comme le prédit le célèbre futurologue Ray Kurzweil, les individus qui vivront ces prochaines années pourraient bénéficier d’avancées technologiques prolongeant significativement l’espérance de vie. C’est le concept de la « longevity escape velocity », ou vitesse de fuite de la longévité, qui désigne le moment où les technologies capables de prolonger la vie progressent plus rapidement que le vieillissement biologique. En théorie, nous pourrions donc vivre indéfiniment en repoussant constamment les effets du vieillissement. En faisant une différence entre l’âge chronologique (c’est-à-dire le temps écoulé depuis notre naissance) et l’âge biologique (indicateur de la santé physique), les chercheurs visent à exploiter l’IA pour optimiser la santé et ralentir le vieillissement biologique.
Les individus qui vivront ces prochaines années pourraient bénéficier d’avancées technologiques prolongeant significativement l’espérance de vie
Vers un avenir symbiotique ? Comment les êtres humains et l’IA peuvent prospérer ensemble
L’émergence de l’IA est source à la fois d’optimisme et de scepticisme. Certains craignent des suppressions d’emplois ou voient leur existence menacée, mais il est plus probable que l’IA devienne un outil d’optimisation de l’efficacité, de l’exactitude et de la capacité d’innovation propres aux êtres humains.
Chez Lombard Odier, nous pensons qu’il faut prendre du recul pour ne pas perdre de vue la situation d’ensemble. Dans le respect de notre engagement en faveur de la durabilité de nos investissements, nous considérons le potentiel transformateur de l’IA comme un atout qui stimule l’innovation et redéfinit les secteurs concernés, par exemple en améliorant les soins de santé, en faisant avancer les énergies durables ou encore en générant des gains d’efficacité susceptibles de créer de la valeur sur le long terme. Les recherches que nous menons dans les domaines de la démographie, des avancées technologiques et de la transition vers une économie CLIC® (« Circular, Lean, Inclusive and Clean », c’est-à-dire caractérisée par des matériaux circulaires, des modèles de consommation efficients, des soins de santé inclusifs et une énergie propre) soulignent les changements structurels qui influencent les marchés internationaux. Ces mutations, vecteurs clés de la rupture, sont l’occasion de définir de nouveaux modèles d’affaires. Afin de bien gérer cet environnement changeant, il est essentiel d’instaurer un positionnement stratégique qui permet de saisir les opportunités tout en atténuant les risques.
La future trajectoire des technologies de rupture sera certainement complexe, mais elle laisse présager un monde plus prospère, plus durable et mieux connecté.
Le présent document de marketing a été préparé par Banque Lombard Odier & Cie SA (ci-après « Lombard Odier »).
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