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    Des conteneurs intelligents : comment l’entreprise suisse AELER veut transformer la logistique

    Des conteneurs intelligents : comment l’entreprise suisse AELER veut transformer la logistique
    David Baur, Co-fondateur et Co-CEO d’AELER

    « Si l’on comparait la logistique à un pays, ce serait le sixième pollueur mondial », lance David Baur, co-fondateur et CEO de l’entreprise suisse AELER. Transport maritime, aérien, ferroviaire, routier : des millions de tonnes voyagent chaque jour à travers le monde pour que nous puissions manger, nous soigner, nous divertir, etc. Autant de kilomètres qui engendrent des émissions de CO2, mais restent indispensables au commerce international et à nos vies quotidiennes.

    Dans cette longue chaîne d’approvisionnement, l’un des rares dénominateurs communs est le conteneur maritime (ou container). Cette grande boîte métallique, apparue dès les années 1950, n’a guère évolué depuis les années 1970. C’est précisément sur cet élément qu’AELER entend se différencier, avec des conteneurs intégrant des matériaux composites isolants, solides, et une connectique permettant d’accéder à de multiples données comme la position GPS, la température, les émissions de CO2 ou la sécurité du chargement.

    Les conteneurs connectés d’AELER permettent d’accéder à de multiples données comme la position GPS, la température, les émissions de CO2 ou la sécurité du chargement

    S’il est déjà possible aujourd’hui « d’équiper » des conteneurs traditionnels avec des capteurs et senseurs additionnels, la start-up a décidé d’intégrer les siens dans la conception même de leur produit, l’ensemble des données collectées étant visibles sur une plateforme digitale unifiée, permettant un suivi étroit des marchandises. Une innovation que David Baur a présenté lors d’un événement organisé par Lombard Odier.


    Multinationales, grands noms du luxe et de la pharma comme partenaires

    Leur solution a su séduire près d’une vingtaine de transporteurs et des groupes internationaux, à l’image d’une multinationale américaine, ainsi que des grands noms du luxe français ou de l’industrie pharmaceutique suisse. « A l’heure actuelle, il existe deux grands types de conteneurs sur le marché, poursuit David Baur, les conteneurs classiques et les conteneurs réfrigérés. Nous proposons une troisième voie, avec un conteneur isolé et intelligent, plus adapté au transport de certaines marchandises ».

    AELER vise en effet plusieurs segments spécifiques, qui représentent environ 20 % du marché mondial d’après son CEO. Il s’agit par exemple de produits sensibles aux variations de température- sans pour autant devoir être réfrigérés – aussi variés que des médicaments, des articles en cuir ou du matériel informatique. Il s’agit aussi de produits nécessitant un contrôle accru que permet la connectique, à l’image des biens de luxe, ou encore de certains liquides, comme des produits d’hygiène ou des matières premières liquides.

    Maintien de la température et calcul de l’empreinte carbone

    En effet, dans un conteneur en acier standard et non isolé, la température peut varier entre le négatif et +70 degrés. Quant aux conteneurs réfrigérés, ils sont très onéreux et utilisés uniquement quand cela s’avère indispensable à l’intégrité de la marchandise. Dans le cas des conteneurs AELER, un maintien de la température entre 0 et 40 degrés est assuré. « Il est possible d’isoler des conteneurs classiques avec des matériaux plastiques à usage unique. Mais non seulement cette pratique a un coût et prend du temps mais surtout, elle n’est pas durable. »

    Dans un conteneur en acier standard et non isolé, la température peut varier entre le négatif et +70 degrés

    C’est là où l’avantage économique s’ajoute aux atouts durables et techniques des conteneurs d’AELER. « Grâce à notre isolation intégrée dans la structure, il est possible de charger en moyenne 4 tonnes de cargaison liquide supplémentaires par conteneur. On passe alors d’une capacité d’environ 23 tonnes à 27 tonnes ». Un chiffre qui est déjà important proportionnellement par unité, et qui fait une nette différence quand elle est multipliée à grande échelle. « Pour les grands groupes avec lesquels nous travaillons, il s’agit là d’un pas en avant majeur car ils peuvent ainsi transporter un même volume de produits avec moins de conteneurs, et donc réduire leur empreinte carbone ».

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    En outre, grâce à leur connectivité permettant leur traçabilité ainsi que leur conception avec des matériaux composites les rendant plus robustes que des conteneurs classiques, ce type de conteneur participe à améliorer l’efficience énergétique sur l’ensemble de la chaise d’approvisionnement.


    Transport par bateau plutôt que par avion ?

    Un autre élément intéressant est que désormais certains produits qui auparavant voyageaient par les airs peuvent désormais emprunter la voie maritime, quand leur livraison n’est pas urgente. « Nous observons en effet que des entreprises décident parfois de changer de moyen de transport pour certaines marchandises grâce aux spécificités techniques de nos containers, qui offrent une meilleure protection et traçabilité. Or, grâce à l’effet de « masse » d’un bateau cargo, qui transporte des centaines de conteneurs comparé au chargement limité des avions, l’impact carbone est alors considérablement réduit, de l’ordre de 90% par trajet, selon David Baur. »

    Grâce à l’effet de « masse » d’un bateau cargo - comparé au chargement limité des avions - l’impact carbone est alors considérablement réduit, de l’ordre de 90% par trajet

    Créée en 2018 par David Baur et Naïk Londono, tous deux issus des rangs de L’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, AELER compte aujourd’hui une cinquantaine d’employés. Basée à l’EPFL Innovation Park, l’entreprise entend désormais passer à une phase d’expansion supérieure. « Grâce aux projets menés avec de grands groupes sur certains produits spécifiques, nous voulons passer de l’ordre de quelques centaines à des milliers de conteneurs ». Avec une production située en Europe de l’Est pour assurer une proximité avec les équipes basées en Suisse, l’entreprise se dit prête à conquérir de nouveaux clients et marchés. Après une levée de fonds de CHF 7 millions en 2022, l’entreprise est en phase de mener une nouvelle levée cette année pour financer sa croissance.

    Décarboner le transport international

    Selon les données du rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (UNCTAD), les navires transportent de nos jours plus de 80 % du volume du commerce mondial, essentiellement via des conteneurs. En 2023, les 175 pays membres de l'Organisation maritime internationale (OMI, agence des Nations Unies) ont convenu de réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de l'industrie d'au moins 70 % d'ici à 2040 (par rapport à 2008).

    les navires transportent de nos jours plus de 80 % du volume du commerce mondial, essentiellement via des conteneurs

    Les projections publiées par l'Agence européenne de l'environnement indiquent que ces émissions de gaz à effet de serre (GES) pourraient atteindre 17 % du total des émissions mondiales d'ici 2050 si aucune mesure concrète n'est prise pour décarboner le secteur. « On constate qu’aujourd’hui domine une logique de compensation des émissions, avec des achats de crédits carbone, poursuit David Baur. En effet, la chaîne logistique est complexe et même si il y a de nombreuses initiatives et innovation, comme des carburants plus propres, cela reste un immense challenge de les déployer à une large échelle.»

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    A l’inverse, même si AELER ne prétend pas révolutionner l’ensemble du secteur, les avantages en termes d’émissions sont tangibles. « On évite les matériaux à usages uniques pour l’isolation et la pollution plastique, on charge plus de marchandise par conteneur et nos senseurs permettent de calculer en temps réel les émissions de CO2 et d’accéder à la position GPS, réduisant les risques de vol ou de perte, et des voyages inutiles ». Les émissions de CO2 sont calculées selon les normes du Global Logistics Emissions Council (GLEC). Une information précieuse pour les grands groupes avec lesquels AELER collabore, qui ont eux-mêmes pris des engagements de mesure et de réduction de leurs émissions carbone, et doivent les évaluer toujours plus finement.

    Finalement, les investisseurs et le secteur financier auront aussi un rôle crucial à jouer dans le financement des solutions et innovations qui participent à décarboner l’ensemble de la chaîne de valeur de la logistique et du commerce international.

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