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Les Chroniques CLIC® : nous vous présentons Chopard, le joaillier qui s’est lancé dans un « Voyage vers le luxe durable »
Fondée en 1860, la Maison Chopard est une entreprise suisse renommée dans le monde entier pour les montres et bijoux de luxe qu’elle crée depuis 163 ans. Dans le cadre de sa gérance de la marque et de son héritage, la famille Scheufele – propriétaire depuis 1963 – s’est lancée dans une mission visant à rendre les créations Chopard plus durables. Nous avons rencontré Caroline Scheufele, co-présidente de Chopard, pour qu’elle nous explique comment la Maison ouvre la voie à une joaillerie de luxe plus durable.
Parlez-nous de l’histoire de la Maison Chopard, de son expertise et de ses valeurs fondamentales.
La Maison Chopard a été fondée en 1860 par Louis-Ulysse Chopard, dont l’approche verticale et entièrement intégrée de la production a permis de conserver un riche héritage de savoir-faire artisanal. Aujourd’hui encore, Chopard est une entreprise détenue et gérée par la même famille, ce qui est rare dans la joaillerie de luxe moderne. Et nos joailliers pratiquent toujours une cinquantaine de métiers traditionnels sur trois sites de fabrication, en mettant fortement l’accent sur la formation et les apprentissages en interne.
Pour nous, les montres et les bijoux sont une extension perpétuelle de la « joie de vivre » : nous trouvons du plaisir dans la créativité et le savoir-faire, ainsi que dans l’éthique. Depuis notre plus jeune âge, nos parents ont inculqué à mon frère Karl-Friedrich (avec qui je partage la co-présidence de la Maison Chopard depuis 2001) et à moi-même les valeurs de l’honnêteté, du respect envers nos équipes et de la transparence.
L’expertise de Chopard dans le domaine de la fabrication de montres de luxe se retrouve dans la collection L.U.C., un ensemble de pièces d’horlogerie mécaniques exceptionnelles créées pour l’homme moderne, ainsi que dans les collections emblématiques Happy Diamonds, Happy Sport et Mille Miglia. Nous sommes également renommés pour nos créations de haute joaillerie1 comme la collection Red Carpet, qui est présente au Festival de Cannes depuis que nous sommes devenus partenaire officiel de cet événement en 1998.
Aujourd’hui, ces valeurs caractérisent toujours notre Maison. De plus, sachant que nous accordons une grande importance à l’éthique, la durabilité est elle-même devenue l’une des valeurs fondamentales de Chopard – une valeur qui, selon nous, va largement façonner l’avenir de notre secteur. Car le véritable luxe implique de comprendre parfaitement l’empreinte de sa propre chaîne d’approvisionnement. Cette approche, combinée à l’audace créative de nos artisans, a permis à Chopard d’ouvrir la voie à une nouvelle vision du luxe éthique.
Caroline Scheufele, Co-présidente & directrice artistique de la Maison Chopard
Cela fait dix ans que la Maison Chopard s’est lancée dans ce qu’elle appelle un « Voyage vers le luxe durable ». Qu’est-ce qui vous a incité à mettre sur pied ce programme ?
En 2012, j’ai été choquée d’apprendre que des millions d’hommes, de femmes et d’enfants travaillaient dans les mines d’or, souvent dans des conditions dangereuses et sans aucune possibilité de gagner un salaire convenable. A ce moment, j’ai pris la résolution d’améliorer non seulement notre Maison mais aussi l’ensemble du secteur.
Cette résolution a donné lieu, en 2013, au lancement de notre programme interne pluriannuel, le « Voyage vers le luxe durable », qui nous oblige à garantir un approvisionnement responsable et à soutenir les personnes qui travaillent dans notre chaîne d’approvisionnement et qui sont trop souvent négligées. Nous avons encore beaucoup à faire et cela ne sera pas toujours facile, mais je suis très fière d’avoir engagé la Maison Chopard sur cette voie, pour montrer qu’il est possible de fabriquer des bijoux de luxe de façon responsable.
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Tout comme Lombard Odier, Chopard est une marque de longue date forte d’un riche héritage ancré dans la tradition. Le poids de cet héritage a-t-il entraîné des difficultés dans votre voyage vers la durabilité ?
Chopard a plus de 160 ans, et changer les processus – souvent établis depuis des années – ainsi que des façons de penser et de travailler solidement ancrées ne se fait pas du jour au lendemain. Cela est tout particulièrement le cas dans nos ateliers, où nos artisans tiennent à juste titre à préserver l’expertise traditionnelle requise pour créer les montres et bijoux de la plus haute qualité.
Nous travaillons avec certains de nos partenaires et fournisseurs depuis de nombreuses années et il faut du temps pour les convaincre de s’approvisionner en matériaux de façon plus responsable et d’adopter des procédés plus durables. Mais nous avons déjà observé des changements tangibles depuis que nous avons entamé notre voyage.
De plus, dans la mesure où nous sommes une entreprise indépendante détenue et gérée par la même famille, cela nous permet de prendre nos propres décisions commerciales. C’est cette indépendance qui nous a permis de relever le défi d’équilibrer la tradition et l’héritage avec la durabilité et la transparence, tant pour Chopard que pour donner l’exemple au reste de notre secteur.
A ce jour, qu’est-ce que votre « Voyage vers le luxe durable » vous a permis de réaliser ?
Nous avons commencé par nouer une relation philanthropique avec The Alliance for Responsible Mining, qui nous permet d’apporter un soutien direct aux communautés d’orpailleurs, par le biais de la certification « Fairmined », ainsi que des formations, des mesures de protection sociale et un soutien environnemental. Ces travaux nous ont vite permis de créer plusieurs lignes de montres et bijoux fabriqués avec des matériaux issus de sources responsables, à commencer par la collection de haute joaillerie Green Carpet, que nous avons dévoilée lors du Festival de Cannes de 2013.
Nous nous sommes également engagés à respecter les meilleures pratiques en matière d’approvisionnement responsable en pierres précieuses, comme les opales, les émeraudes et les tourmalines, que nous achetons désormais toutes auprès de mines auditées par nos consultants afin de garantir des pratiques minières responsables. Ainsi, nous avons fait comprendre à nos parties prenantes, en interne comme en externe, combien l’approvisionnement responsable est important. Cela exige que nous connaissions tous les maillons de notre chaîne d’approvisionnement, jusqu’à la source, et que nous puissions identifier et gérer tous les risques potentiels tout au long de cette chaîne. Cela signifie également que nous devons travailler en étroite collaboration avec nos fournisseurs pour optimiser les pratiques durables et soutenir les communautés locales, afin de garantir qu’elles puissent bénéficier équitablement des activités ayant une incidence directe sur leur environnement, comme l’exploitation minière.
Les diamants sont depuis longtemps associés à des conflits. Sur les vingt dernières années, des outils tels que le système de certification du Processus de Kimberley ont grandement contribué à prévenir l’entrée des « diamants de conflits » dans le marché international. Mais nous devons faire plus, et c’est pourquoi les travaux que nous consacrons à la traçabilité et à la transparence de tous nos principaux matériaux sont si importants. Nous respectons scrupuleusement les directives de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) relatives aux chaînes d’approvisionnement responsables et nous faisons régulièrement l’objet d’audits fondés sur ces normes afin de garantir la solidité de nos procédures internes de due diligence.
En 2018, nous avons atteint un jalon significatif en devenant la première maison d’horlogerie et de joaillerie à s’engager à n’utiliser que de l’or éthique dans nos montres et bijoux. L’année suivante, nous nous sommes associés à la Swiss Better Gold Association afin de nous approvisionner en or auprès des barequeros, une communauté d’orpailleurs artisanaux colombiens et l’une des exploitations d’extraction d’or les plus respectueuses de l’environnement au monde.
Cette année, nous avons annoncé que toutes nos montres en acier, bracelets et boîtiers inclus, seraient fabriquées avec le Lucent Steel™, qui contiendra au moins 80% d’acier recyclé d’ici la fin 2023. Nous travaillons sans relâche pour faire augmenter ce chiffre à au moins 90% d’ici 2025, une initiative qui permettra à Chopard de réduire considérablement ses émissions de CO2 liées à l’acier.
Lucent Steel™ - Happy Sport case, Manufacturing process
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Lombard Odier a obtenu la certification B Corporation® en 2019, puis la recertification en 2023. Nous l’utilisons comme cadre pour la plus grande partie de nos travaux en matière de durabilité. La Maison Chopard suit-elle une approche similaire ?
En 2010, nous avons fait le premier pas dans notre Voyage vers le luxe durable en adhérant au Responsible Jewellery Council. Cette décision a forgé notre responsabilité en dehors de la Maison, renforçant notre engagement à communiquer et à collaborer avec le secteur dans son ensemble, à mesure que nous réinventons les points clés de la chaîne de valeur. Elle nous a également permis de consolider les relations de confiance que nous avons avec nos parties prenantes – notamment nos clients – en matière de durabilité.
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Quelle sera la prochaine étape du voyage vers la durabilité de la Maison Chopard et de l’ensemble du secteur de la joaillerie de luxe ?
Je pense que le changement climatique, la décarbonation, la biodiversité, la traçabilité et la transparence seront des questions cruciales pour les joailliers de luxe durant les années à venir. C’est pourquoi la Maison Chopard travaille déjà activement pour y répondre.
Parallèlement, bien que le secteur dans son ensemble ait déjà fait de gros progrès, il reste encore beaucoup à faire. Mais la bonne nouvelle, c’est que les intervenants au sein de l’industrie collaborent de plus en plus pour trouver des solutions à grande échelle aux enjeux majeurs de la durabilité.
1 Le terme « haute joaillerie » fait référence aux bijoux de luxe les plus haut de gamme, qui sont souvent des pièces uniques non reproduites en série.
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