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Les Chroniques CLIC® : 10 solutions pour construire une économie circulaire et les entreprises qui montrent la voie
Notre modèle économique linéaire du « prendre-utiliser-jeter » évolue, à mesure que les gouvernements, les entreprises et les citoyens du monde entier réalisent l’impact néfaste qu’il a sur la planète. Aujourd’hui, nous ne recyclons que 9% de nos ressources et ce chiffre diminue constamment. L’extraction et la pollution se maintiennent à des niveaux élevés qui nuisent à l’environnement et nous poussent vers des points de non-retour.
Mais, des changements s’opèrent.
Le remplacement ce modèle linéaire par une économie plus circulaire qui protège notre capital naturel et nous rapproche d’un modèle neutre en carbone et favorable à la nature est en cours. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à intégrer dès le début les dix principes de circularité à leurs produits, services et modèles d’affaires. Et pour les investisseurs, cela annonce des opportunités significatives dans ces dix domaines de l’économie circulaire.
Mais le défi reste considérable. Rien que pour maintenir le réchauffement climatique en deçà de 2 °C, le niveau de circularité de notre économie devra doubler (et encore !) afin de nous protéger contre les autres dangers environnementaux et assurer un réchauffement de moins de 1,5 °C.
1. Refuser
La façon la plus simple d’extraire moins de ressources et de produire moins de déchets est d’offrir aux consommateurs une alternative à l’achat physique d’un produit, surtout lorsque celui-ci est très peu utilisé. Au Royaume-Uni, Fat Llama, une plateforme d’économie du partage, propose aux propriétaires d’objets divers, tels que des perceuses ou même des drones, de générer des revenus en les louant lorsqu’ils ne s’en servent pas. Les utilisateurs peuvent donc s’en servir en dépensant beaucoup moins qu’ils ne devraient le faire pour les acheter. Ils contribuent ainsi à l’économie circulaire en réduisant la nécessité de fabriquer de nouveaux produits.
Dans la lignée de fournisseurs comme Airbnb et Uber, ces solutions de partage fondées sur la technologie devraient être une composante clé de l’économie circulaire de demain.
2. Repenser
Si les marques les plus connues veulent survivre à la transition vers l’économie circulaire, elles ne peuvent pas se contenter de réaménager leurs produits et services existants en y intégrant la circularité. Elles doivent, au contraire, entièrement repenser la façon dont elles exercent leurs activités. En décidant de vendre l’éclairage comme un service et non plus comme un produit, le leader mondial de ce secteur, Signify (anciennement Philips Lighting), a adopté un nouveau modèle d’affaires circulaire permettant à ses clients, qu’il s’agisse d’entreprises ou de gouvernements, de payer un tarif forfaitaire mensuel pour la conception, l’installation et l’entretien de leurs infrastructures d’éclairage. Signify peut alors réduire les déchets en encourageant la fabrication de produits de longue durée, mettant ainsi fin au modèle d’affaires de « l’obsolescence programmée ». Ainsi, le groupe ne fabrique que ce dont il a besoin, réutilise ou recycle ce qui peut l’être et optimise la totalité du cycle de vie de ses produits d’éclairage dans l’optique de la circularité. Par ailleurs, ce modèle d’affaires peut également renforcer la loyauté des clients et doper la croissance.
3. Réduire
La réduction des déchets commence dès la fabrication. Par exemple, 41% de l’aluminium liquide et 26% de l’acier liquide que nous produisons sont au bout du compte exclus du produit final1. Pour répondre à ce problème, le fournisseur de capteurs, logiciels et solutions autonomes Hexagon révolutionne les techniques de conception assistée par ordinateur qui facilitent la fabrication additive. Contrairement aux techniques d’usinage traditionnelles qui ôtent les matières premières inutiles, les technologies de fabrication additive, telles que l’impression 3D, réduisent les coûts, les déchets et les ressources extraites en ajoutant uniquement ce qui est nécessaire. Et, sachant qu’elle n’a pas encore libéré tout son potentiel, la fabrication additive, en tant que composante clé de l’économie circulaire, semble destinée à un avenir brillant.
4. Réutiliser
Dans l’économie du commerce d’occasion, le manque de confiance a toujours été problématique. Désormais, les technologies numériques permettent aux entreprises de mettre en œuvre de nouveaux modèles d’affaires qui suppriment cet aspect de l’équation. Ainsi, les consommateurs profitent de bonnes affaires en toute sécurité, tout en réduisant les déchets et la nécessité de fabriquer de nouveaux produits. Par exemple, The RealReal se spécialise dans la vente de produits de marques de luxe (vêtements, accessoires, meubles et objets d’art) de seconde main mais de qualité. Les experts de la société appliquent un processus d’authentification très rigoureux veillant à ce que le prix payé reflète exactement la qualité du produit acheté. En se concentrant ainsi sur des catégories spécifiques des biens de seconde main, les entreprises et les investisseurs bénéficieront des avantages liés à la plus grande confiance des consommateurs envers les produits d’occasion.
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5. Réparer
En termes de circularité, il est toujours mieux de réparer les objets cassés que de les remplacer. Mais bien souvent, ce n’est pas le problème lui-même qui détermine si l’objet peut être réparé ni combien la réparation coûtera. C’est la conception initiale. Heureusement, il semble que les décideurs politiques, et même les plus grandes sociétés technologiques, commencent à écouter ce qu’on leur dit à ce sujet. Début 2021, la France a lancé un indice de réparabilité exigeant des fabricants qu’ils indiquent aux consommateurs la mesure dans laquelle leurs appareils peuvent être réparés, au moyen d’une « note de réparabilité ». A partir de cette année, les entreprises qui ne s’y conforment pas recevront des amendes. Parallèlement, Apple, dont les produits sont réputés pour ne pas être facilement réparables, a récemment annoncé son premier programme « Self Service Repair », un programme d’autoréparation pour les particuliers.
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6. Reconditionner
Alternative judicieuse aux produits de seconde main, les produits reconditionnés sont des biens d’occasion qui ont été professionnellement réparés afin d’assurer qu’ils fonctionnent aussi bien que leurs homologues neufs. En plus de contribuer à l’économie circulaire en allongeant grandement la durée de vie des appareils, les produits reconditionnés permettent de réaliser des économies importantes et peuvent même aider à combler le fossé numérique. Aux Emirats arabes unis par exemple, Veracity World se spécialise dans le reconditionnement d’appareils électroniques d’occasion afin de les vendre aux entreprises des pays à revenu faible et moyen en Afrique et au Moyen-Orient. Même Amazon s’est mis dans le coup avec Amazon Renewed, qui permet à des millions de personnes d’accéder à des appareils reconditionnés de qualité et moins chers à partir de la plateforme en ligne la plus connue au monde.
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7. Remanufacturer
Bien qu’il soit en forte croissance, le remanufacturage est un élément moins connu de l’économie circulaire. En remanufacturant un produit usagé à l’aide de composants réutilisés, réparés et neufs, dans le respect du cahier des charges des produits neufs, les entreprises peuvent réduire les déchets qu’elles produisent et préserver les ressources, tout en améliorant leurs marges, leurs revenus et la sécurité de leur approvisionnement. Le fabricant d’équipements de construction Caterpillar est devenu le leader mondial du remanufacturage grâce à son programme Cat Reman, qui permet aux entreprises de réduire leurs coûts en remanufacturant leurs anciens équipements afin de les ramener à un état « comme neuf » pour un coût largement inférieur à l’achat d’un nouvel équipement. En donnant la priorité au remanufacturage, les entreprises peuvent exploiter une opportunité estimée à GBP 5,6 milliards rien qu’au Royaume-Uni2.
8. Remanier
Le surcyclage (upcycling en anglais) fait dorénavant partie des plus grandes tendances de consommation, avec notamment des marques comme Etsy qui exploitent le marché des produits remaniés par des artisans et amateurs talentueux. Mais, alors que la nécessité d’élargir l’économie circulaire se fait de plus en plus sentir, le remaniement des produits et matériaux d’occasion représente aujourd’hui une opportunité croissante pour les entreprises sachant innover. A Taïwan, Miniwiz envisage le surcyclage par une approche scientifique grâce à TRASHLAB, le premier laboratoire au monde dédié au potentiel des déchets, qui a déjà inventé plus de 1’200 matériaux fabriqués à partir d’objets jetés. Parmi ses nombreuses innovations figure une salle d’hôpital modulaire adaptée au traitement des malades du Covid-19, qui a été largement fabriquée à partir de déchets. Mise en place à l’hôpital universitaire catholique Fu Jen de Taïwan, elle offre un panneau mural d’absorption acoustique recouvert d’un revêtement antibactérien fabriqué à partir de canettes en aluminium recyclées, que Miniwiz compte vendre en tant que produit à part entière.
9. Recycler
Bien que le recyclage soit sans doute la composante la plus mature de l’économie circulaire, une opportunité largement inexploitée subsiste encore. Au Canada par exemple, plus de 30% des papiers et cartons usagés ne sont pas encore recyclés3. La société canadienne Cascades, qui collecte et recycle les papiers et cartons usagés pour en faire des emballages et des produits d’hygiène, s’est taillé une place de choix dans ce secteur. Ce modèle d’affaires a nécessité beaucoup d’innovation pour maximiser les capacités de recyclage et l’efficacité de la société. Aujourd’hui, Cascades est le leader canadien de la collecte de fibres de papier recyclables, avec un chiffre d’affaires de CAD 1,3 milliard en 2020. La société est classée 17e dans la liste Corporate Knights des entreprises les plus soutenables au monde.
10. Récupérer
Les déchets alimentaires sont indéniablement un problème majeur. De plus, dans la mesure où les biodéchets ne peuvent pas être recyclés ou réutilisés par des moyens traditionnels, la plupart d’entre eux finissent dans les décharges. Pourtant, les nutriments et l’énergie qu’ils contiennent représentent une considérable opportunité que nous pouvons exploiter grâce à des technologies telles que le compostage et la méthanisation. En 2020, le groupe Veolia a traité environ 47 millions de tonnes de biodéchets collectés dans le monde entier auprès de ses presque 500’000 entreprises clientes, puis les a transformés en divers produits tels que des biocarburants, des engrais biologiques et des aliments fourragers, réduisant ainsi les déchets et la demande en nouvelles ressources.
Accélérer la transition
Une économie neutre en carbone et favorable à la nature ne pourra voir le jour que grâce à une circularité maximale qui, en générant de nouveaux modèles d’affaires fondés sur des principes circulaires telles que le recyclage et la réutilisation, nous permettra également de préserver et de décupler la valeur économique. Toutefois, bien que ce soit aux entreprises qu’il appartienne de reconnaître cette opportunité et de mettre en place les nouveaux modèles d’affaires, produits et services dont nous avons besoin pour parvenir à cette économie circulaire, les investisseurs peuvent eux aussi encourager et accélérer la transition en investissant dans une optique circulaire.
La dynamique s’accélère et nous sommes convaincus que la transition vers une économie circulaire est inéluctable. Ainsi, investir dans la circularité, c’est investir dans les gagnants de demain.
1 Milford, R. L., Allwood, J. M., et Cullen, J. M. (2011) : « Assessing the potential of yield improvements, through process scrap reduction, for energy and CO2 abatement in the steel and aluminium sectors », Resources, Conservation and Recycling, vol. 55. pp. 1185-1195.
2 Smith-Gillespie, A. (2015) : « Supply chains are shaping the business models of the future », The Carbon Trust.
3 TwoSidesNA.org (2021) : « Canadian Paper and Paper-based Packaging Industry Sustainability: The Facts ».
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