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COP15 : une occasion unique de protéger l’indispensable biodiversité
La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a 30 ans cette année, tout comme sa sœur moins connue, la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Au fil des ans, la CCNUCC s’est retrouvée sous le feu des projecteurs, avec des conférences qui ont attiré les dirigeants et les personnalités du monde entier et qui ont conduit à des changements réglementaires importants. La CDB a travaillé plus discrètement et, sans doute, avec moins de succès. En 2010, la dixième conférence des parties à la CDB (COP10), qui s’est tenue à Nagoya, au Japon, a convenu d’une série d’objectifs visant à mettre un terme à la destruction des écosystèmes et à la disparition des espèces. Aucun n’a été atteint.
En ce mois de décembre, la quinzième conférence des parties à la CDB (COP15) se tiendra à Montréal, au Canada. Les délégués devant convenir du tout premier cadre mondial pour la biodiversité, qui remplacera les objectifs de 2010.La COP15 porte en elle l’espoir d’un nouveau souffle pour les efforts mondiaux visant à protéger l’indispensable biodiversité de la planète.
Séparées à la naissance : pourquoi c’est important
On estime que plus de la moitié du PIB mondial, soit 44’000 milliards de dollars, dépend de la nature1. La biodiversité est de plus en plus menacée (un rapport historique a révélé qu’un million d’espèces végétales et animales sont en danger d’extinction2), et il en va de même pour notre économie.
Le climat et la biodiversité sont difficilement dissociables. Tout comme le changement climatique peut entraîner une perte de biodiversité, la perte de biodiversité peut également entraîner des changements climatiques. A mesure que les espèces se raréfient, l’équilibre délicat des écosystèmes peut être rompu et des paysages entiers peuvent se dégrader, entravant le rôle que jouent les arbres et la végétation dans la modération des précipitations, et diminuant leur capacité à absorber et à stocker le carbone.
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Prenez, par exemple, le parc national de Yellowstone aux Etats-Unis, où, à la fin des années 1920, les loups ont été chassés jusqu’à l’extinction. Au cours des décennies qui ont suivi, la population d’élans, qui n’était plus menacée par les loups, a connu une croissance rapide. En broutant la végétation et les jeunes pousses, ils ont dégradé le paysage, les plantes et les arbres sont morts et le sol a commencé à s’éroder. En 1995, les loups ont été réintroduits dans le parc : sur près de 9’000 km², la couverture de saules, de trembles et de peupliers s’est depuis rétablie,ainsi qu’une cascade d’autres effets, notamment un retour en force des castors dans le parc.
Les conventions internationales sur le changement climatique et la diversité biologique ont vu le jour en même temps, lors du crucial « Sommet de la Terre » de Rio de Janeiro en 1992. Certains experts estiment aujourd’hui que c’est une erreur d’avoir séparé ainsi ces deux questions. Un rapport récent, rédigé par cinquante des plus grands scientifiques mondiaux spécialisés dans le climat et la biodiversité3, affirme que les deux phénomènes sont tellement liés qu’ils doivent être traités ensemble. Les auteurs du rapport mettent en garde contre les actions liées au changement climatique (telles que la plantation d’arbres en monoculture non indigène) qui pourraient perturber l’équilibre écologique et mettre la biodiversité encore plus en danger.
Vers le « sommet de Paris » de la nature
Malgré le traitement distinct de ces questions, du moins pour l’instant, l’attention internationale se porte de plus en plus sur le grave danger que représente la perte de biodiversité. La stratégie Natural Capital de Lombard Odier a été lancée fin 2020. Dans les deux années qui ont suivi, malgré les bouleversements liés au Covid, les chocs géopolitiques et la hausse de l’inflation, les gouvernements et les blocs commerciaux ont adopté ce thème.
En février 2022, le traité sur la biodiversité des zones ne relevant pas de la juridiction nationale a été lancé, 50 nations acceptant de travailler à l’élaboration d’un traité sur la protection de la haute mer, visant à protéger les 95% des océans qui échappent aux juridictions nationales. Quelques jours plus tard, l’accord historique sur les plastiques de l’Agence des Nations unies pour l’environnement a été conclu. Il s’agit du tout premier accord mondial visant à assurer un avenir sans déchets plastiques.
Ces avancées politiques, et bien d’autres, sont favorables aux entreprises alignées sur l’essor du recyclage, l’utilisation de biomatériaux alternatifs et le renforcement des modèles de partage, de réutilisation et de réparation. Dans le même temps, les investisseurs disposent de possibilités sans précédent de réaliser des rendements tout en contribuant à l’essor d’une nouvelle économie, en collaboration avec la nature plutôt que contre elle.
En 2015, l’Accord de Paris est devenu la pierre angulaire des efforts internationaux de lutte contre le changement climatique. Dans un contexte d’engagement international croissant en faveur de la protection de la biodiversité, la COP15 semble désormais prête à donner à la nature son propre « sommet de Paris ».
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Cadre mondial pour la biodiversité
La proposition la plus attractive du Cadre mondial pour la biodiversité est le « 30x30 », un engagement à protéger au moins 30% de toutes les zones terrestres et océaniques d’ici à 2030. Plus de 50 pays ont déjà pris cet engagement, dans le cadre d’un collectif formé pour stimuler l’ambition internationale avant la COP15.
L’objectif 30x30 est également la proposition la plus controversée. Les groupes de défense des droits des autochtones Survival International et Minority Rights ont été rejoints par la Rainforest Foundation UK pour s’opposer au projet, qui, selon eux, constitue un accaparement des terres qui privera les groupes autochtones de leurs droits sur les terres qu’ils occupent depuis des générations.
De manière moins controversée, le cadre établit un lien explicite entre la biodiversité et le changement climatique, avec une proposition visant à utiliser l’atténuation du changement climatique basée sur les écosystèmes pour absorber au moins 10 milliards de tonnes d’équivalents CO2 chaque année. Parmi les autres mesures ambitieuses figurent l’élimination de la pollution plastique, la réduction d’au moins deux tiers de la pollution par les pesticides et la suppression de milliards de livres sterling de subventions gouvernementales qui nuisent activement à l’environnement4.
A travers 21 objectifs mesurables, le cadre vise à construire une société qui vivra en « harmonie avec la nature » d’ici 2050.
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La politique s’en mêle, mais l’espoir demeure
La COP15 devait initialement se tenir à Kunming, en Chine, en 2020. Après plusieurs retards liés au Covid, la première partie du processus (la première partie de la conférence) s’est tenue en partie en ligne et en partie en personne à Kunming en octobre 2021. Après de nouveaux retards dus au Covid, et compte tenu des restrictions d’entrée et de voyage imposées en Chine, la deuxième partie de la conférence a été déplacée à Montréal.
Malgré le changement de lieu, la Chine conserve la présidence. Le Parti Communiste Chinois (PCC) est donc responsable des invitations et, comme le président chinois Xi Jinping ne prévoit pas de participer à la conférence, aucune invitation n’a été envoyée aux dirigeants mondiaux.
Le groupe environnemental Campaign for Nature a exhorté les Premiers ministres et les présidents à y assister malgré tout, craignant que les responsables ne soient pas en mesure de trouver un terrain d’entente « sans une indication claire au plus haut niveau que c’est une priorité ». Toutefois, lors d’un récent point de presse, Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, a reconnu que la conférence devrait se tenir en l’absence des dirigeants mondiaux.
Malgré cela, et en dépit de la controverse entourant l’objectif 30x30, l’espoir demeure que la plus grande conférence sur la biodiversité de la décennie apporte des changements significatifs.
« La COP15 est le moment charnière où la communauté mondiale doit s’engager de manière crédible à inverser la perte de biodiversité, commente Michael Urban, Chief Sustainability Strategist de Lombard Odier. Pour être crédible, il est essentiel que cet engagement soit soutenu par un mécanisme de mise en œuvre solide, des mesures incitant les pays en développement à accorder la priorité à la protection de la nature et des mécanismes de financement novateurs, notamment des solutions fondées sur la nature, qui peuvent canaliser les fonds vers des projets de conservation de grande valeur. »
1 Half of World’s GDP Moderately or Highly Dependent on Nature, Says New Report (La moitié du PIB mondial dépend modérément ou fortement de la nature, selon un nouveau rapport) > Communiqués de presse | Forum économique mondial (weforum.org)
2 Global Assessment Report on Biodiversity and Ecosystem Services (Rapport d’évaluation mondial sur la biodiversité et les services écosystémiques) | Secrétariat de l’IPBES
3 20210609_workshop_report_embargo_3pm_CEST_10_june_0.pdf (ipbes.net)
4 A New Global Framework for Managing Nature Through 2030: 1st Detailed Draft Agreement Debuts (Un nouveau cadre mondial pour la gestion de la nature à l’horizon 2030 : présentation du premier projet d’accord détaillé) - Développement durable des Nations unies
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