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Investir dans le future de l’hydrogène
Si l’énergie dérivée de l’hydrogène semble de plus en plus en mesure de faciliter la transition vers un modèle économique CLIC™, comment les investisseurs orientés long terme peuvent-ils tirer parti de la chaîne de valeur de l’hydrogène ?
Pour passer à un modèle économique circulaire, efficient, inclusif et propre (CLIC™), des solutions soutenables novatrices seront nécessaires pour répondre à nos besoins énergétiques. L’hydrogène propre est une piste prometteuse. D’ici 2050, la demande devrait être multipliée par huit pour ce vecteur d’énergie.
Chez Lombard Odier, nous pensons que l’hydrogène est porteur d’espoir pour la décarbonation de l’industrie lourde, même pour certaines formes de transport qui seraient autrement difficiles à décarboner. Mais les technologies de l’hydrogène et les modèles d’affaires requis pour les concevoir n’en sont qu’à leurs balbutiements. Pour résoudre les problèmes de production, d’infrastructure, de stockage et de coût qui subsistent, les gouvernements et les acteurs de l’innovation devront appuyer sur l’accélérateur. Pour que l’hydrogène puisse tenir ses promesses, les investisseurs auront un rôle essentiel à jouer.
Afin de saisir cette opportunité à fort potentiel, mais dont le développement n’en est encore qu’à ses débuts, il faudra faire preuve de vigilance et de discernement pour investir à long terme dans les valeurs liées l’hydrogène. Comment les investisseurs privés doivent-ils s’y prendre ? Quels sont les risques ? Voit-on déjà émerger les futurs gagnants de cette tendance ?
Afin d’aider les investisseurs à saisir l’opportunité liée à l’hydrogène malgré les turbulences escomptées, Lombard Odier a récemment organisé un événement en ligne consacré aux perspectives de l’énergie issue de l’hydrogène.
Allocution d’ouverture de Fabrice Adrien, Head of Centralised Advisory, Lombard Odier
« On le sait depuis longtemps : l’hydrogène induira le prochain changement radical en matière de transition climatique. En soi, l’idée de l’économie de l’hydrogène n’est pas nouvelle. Il n’empêche qu’elle a suscité un intérêt variable au fil du temps. L’hydrogène a commencé à faire parler de lui pendant le choc pétrolier des années 1970. Au début des années 2000, il a regagné en popularité, sous l’effet de l’engouement pour les technologies alternatives. Suite au lancement du Conseil de l’Hydrogène en 2017 par des adeptes de la première heure, l’hydrogène connaît actuellement un regain d’intérêt.
Vu l’ambivalence affichée à l’égard de ce vecteur d’énergie par le passé, on pourrait penser que l’enthousiasme sera de nouveau de courte durée. Or cette fois-ci, plusieurs facteurs viennent l’appuyer, à commencer par la conception et l’adoption de nouvelles technologies d’hydrogène de plus en plus viables, ainsi que l’engagement croissant des autorités publiques à accélérer le développement du secteur ces prochaines années. Nous en sommes donc convaincus : le contexte est enfin propice à un essor de l’hydrogène, qui est appelé à devenir une composante cruciale de notre mix énergétique soutenable futur et de notre transition vers la neutralité carbone.
Mais comme l’avenir de l’hydrogène est encore très incertain, cet enthousiasme doit être modéré par une certaine prudence. »
Questions-réponses avec Marie Owens Thomsen, Head of Global Trends and Sustainability, Lombard Odier
Pourquoi les enjeux climatiques ont-ils suscité ce retour de l’hydrogène sur le devant de la scène ?
Chaque jour, des gouvernements et des entreprises proclament leurs engagements en faveur du climat. S’il sont souvent difficiles à comparer, les objectifs fixés convergent vers un but clair : atteindre la neutralité carbone nette avant 2050. Pour y parvenir, nous devons nous affranchir complètement des combustibles fossiles. Pour les secteurs qui les utilisent directement dans leurs processus industriels, le défi est de taille dans la mesure où ils ne peuvent pas simplement remplacer cette énergie par une alternative renouvelable. Dans ces secteurs où la transition sera difficile, l’hydrogène jouera un rôle crucial pour s’acheminer vers la neutralité carbone.
Quels sont les atouts de l’hydrogène dans ce contexte ?
L’hydrogène doit être produit : il n’existe pas à l’état naturel sur la Terre. Si cette production est faite avec de l’énergie renouvelable, il n’y a aucune émission de CO2. C’est la première caractéristique séduisante de l’hydrogène vert. Et contrairement aux batteries, qui perdent de l’énergie au fil du temps, on peut stocker l’hydrogène d’une saison à l’autre. Comme l’offre d’énergie renouvelable a tendance à fluctuer fortement, l’hydrogène vert serait idéal pour stocker l’énergie excédentaire jusqu’à ce qu’on en ait besoin.
Mais seuls 4% de l’hydrogène produit de nos jours est « propre ». Le reste provient de la combustion de gaz naturel et d’autres énergies fossiles. Dans le monde, les capacités de production d’hydrogène vert augmentent considérablement. Elles permettent des économies d’échelle qui feront ensuite baisser son coût.
Vous affirmez que l’hydrogène jouera un rôle clé pour décarboner les secteurs où la transition sera difficile. Avez-vous des exemples à nous donner ?
L’hydrogène peut être utilisé pour alimenter de nombreux types de véhicules, y compris les voitures de tourisme. De là à dire que l’hydrogène puisse rattraper la batterie électrique – le doute est permis. Même si les voitures à hydrogène ont été lancées avant les Tesla, il n’en existe encore que 25’000 modèles dans le monde, contre 7,5 millions de véhicules électriques à batterie.
Reste que l’hydrogène recèle un potentiel bien plus important pour les poids lourds. De même, dans le secteur aéronautique, où les batteries sont trop grandes et lourdes pour envisager des avions électriques dans la plupart des cas, on peut envisager que l’énergie hydrogène remplacera le kérosène comme source d’énergie standard à l’avenir.
L’hydrogène devrait aussi gagner du terrain dans la production d’acier vert, de ciment vert, etc. On peut aussi l’utiliser pour le chauffage des bâtiments.
Quels obstacles techniques faut-il encore éliminer ?
Pour que le prix de l’hydrogène baisse, nous devons diminuer le coût de l’énergie renouvelable utilisée dans le processus de production. Mais il faudra aussi augmenter les capacités pour réaliser des économies d’échelle.
Ensuite, l’hydrogène est très volumineux à l’état naturel. Un kilogramme d’hydrogène gazeux contient trois fois plus d’énergie qu’un kilogramme d’essence, mais son volume de 11 m3 nécessiterait d’énormes camions pour le transporter à l’état gazeux. Donc en général, on stocke et on transporte l’hydrogène sous forme liquide, à moins de -253°C, ou on le comprime pour qu’il prenne moins de place. On peut même stocker l’hydrogène dans des produits chimiques ou des métaux.
L’ennui est que toutes ces méthodes impliquent des processus supplémentaires. Le transport et le stockage peuvent donc coûter aussi cher que la production. Il s’agit dès lors de trouver un compromis entre une production centralisée relativement peu onéreuse, mais associée à des coûts de transport et de stockage plus élevés, et une production décentralisée moins économique en termes de coûts d’installation, mais impliquant peu de transport et de stockage.
En ce qui concerne l’hydrogène, où en sommes-nous aujourd’hui ? Quel est l’objectif à long terme ? Et comment y parviendrons-nous ?
A l’heure actuelle, l’hydrogène répond à environ 2,5% de la consommation d’énergie finale mondiale1. Si l’on veut atteindre l’objectif de neutralité carbone avant 2050, l’hydrogène devra représenter 20% à 25% de notre mix énergétique total, selon nous.
Sa réalisation nécessitera de nouvelles technologies qui, à leur tour, impliqueront une clairvoyance de tous les instants, un soutien réglementaire et des investissements de l’ordre d’USD 11’000 milliards. L’aspect encourageant, c’est que ce montant correspond presque à nos investissements actuels dans les combustibles fossiles. On pourrait donc couvrir la majorité des besoins estimés en réorientant ce budget vers le secteur des énergies renouvelables.
Ce sera loin d’être facile. Le plus gros problème, c’est que nous continuons à subventionner le secteur fossile à hauteur de 6,5% du PIB mondial bien que 190 pays aient signé l’Accord de Paris2. A titre de comparaison, seuls 4,5% du PIB mondial sont consacrés à l’enseignement. Donc le subventionnement des combustibles fossiles est une forte entrave au succès des autres mesures envisagées. Nous devons y mettre fin si nous voulons que l’hydrogène soit compétitif dès que possible.
Quelles sont les perspectives de croissance de l’économie de l’hydrogène ?
L’économie de l’hydrogène connaîtra une forte croissance dès lors que son prix baissera. Les dernières prévisions de Bloomberg montrent que le prix de l’hydrogène pourrait être inférieur à USD 1 le kg avant 20503, une baisse due à la chute du prix de l’énergie solaire au cours des dix dernières années et qui devrait encore se poursuivre. Nous espérons observer une tendance similaire pour d’autres énergies renouvelables.
Nous consommons actuellement environ 70 millions de tonnes d’hydrogène par an4. D’ici 2050, nous devrons pouvoir en consommer quelque 700 millions de tonnes, donc dix fois plus. Le chiffre d’affaires généré par cette nouvelle activité pourrait même avoisiner celui du secteur pétrolier. Les hydrocarbures représentaient 3,8% du PIB mondial en 2019, et l’hydrogène pourrait atteindre 3% du PIB mondial d’ici 2050, si tout se passe comme prévu5.
Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Il n’est pas réaliste d’anticiper un déploiement généralisé de l’hydrogène pour les applications les plus courantes bien avant 2050. A présent, l’Union européenne a le meilleur programme de développement et de montée en puissance de l’hydrogène, et l’Accord de Paris offre le cadre le plus robuste de promotion de ce secteur dans le monde.
Et du côté des investissements ?
Les actions liées à l’hydrogène ont bénéficié d’un fort engouement des investisseurs l’an dernier. Mais il faut savoir que leurs cours resteront très volatils tant qu’on ne distinguera pas clairement les leaders du secteur.
Il est très difficile de valoriser les acteurs de l’hydrogène. Beaucoup d’entre eux ne sont pas encore rentables. On peut réaliser des analyses très poussées, mais l’investissement dans le secteur de l’hydrogène reste un saut dans l’inconnu, un peu comme pour les valeurs technologiques il y a 20 ans. Toujours est-il que, contrairement au secteur technologique, nous savons exactement pourquoi nous investissons dans l’hydrogène : pour atteindre la neutralité carbone avant 2050. Grâce à l’Accord de Paris, de nombreux pays ont affirmé leur désir de soutenir ce secteur.
2020 a vu naître l’espoir que les défis économiques liés à l’hydrogène pourront être relevés. Pour autant, la trajectoire du secteur reste difficile à prévoir sur le court terme. Pour conclure, même si une certaine exposition à l’hydrogène peut profiter à tout portefeuille, il est préférable que sa quote-part reste limitée et tienne compte des incertitudes qui caractérisent le secteur.
1 https://www.iea.org/reports/the-future-of-hydrogen
2 https://reneweconomy.com.au/6-5-global-gdp-spent-subsidising-fossil-fuels-12m-every-minute-78351/
3 https://www.bloomberg.com/graphics/2020-opinion-hydrogen-green-energy-revolution-challenges-risks-advantages/
4 https://news.climate.columbia.edu/2021/01/07/need-green-hydrogen/#:~:text=Approximately%2070%20million%20metric%20tons,processing%2C%20metallurgy%2C%20and%20more
5 https://www.iea.org/reports/the-future-of-hydrogen
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