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Les Chroniques CLIC®: S’abonner à un nouveau canapé – l’essor de la location de meubles
Un déménagement peut être coûteux, tant pour le consommateur que pour l’environnement. Alors que le « mobilier éphémère », à l’instar de la « fast fashion », envahit de plus en plus les décharges au fil de nos nombreux déménagements, une solution alternative se dessine : la location des canapés, lits et même cuisines.
Nombreux sont ceux qui ont aujourd’hui une voiture en leasing, un abonnement à un service de streaming ou à la livraison de légumes frais. La tendance s’étend désormais aux « abonnements » pour les meubles de notre cuisine, de notre salon ou de notre chambre.
De nouvelles entreprises proposent aujourd’hui du mobilier à louer plutôt qu’à acheter – et ont rejoint certains géants déjà bien établis qui se réorientent afin de se concentrer sur un mode de vie plus soutenable.
Un problème croissant
Tout comme la mode éphémère, le mobilier éphémère est un problème environnemental croissant. Aux Etats-Unis, la quantité de meubles jetés dans les décharges a augmenté de 50% au cours des vingt dernières années1. En 2018, 9,7 millions de tonnes de meubles ont été jetés, soit l’équivalent de 80% des meubles fabriqués cette année-là.
Il y a quelques années, en 2016, le responsable du développement durable chez Ikea, Steve Howard, a déclaré, lors d'une conférence du Guardian, que « la consommation de nombreux biens familiers était arrivée à bout ». Il a expliqué que « Nous avons probablement atteint, en Occident, le pic des produits. Nous parlons du pic pétrolier. Je dirais que nous avons atteint le pic de la viande rouge, le pic du sucre, le pic des produits... le pic du de l’ameublement. »
Au Royaume-Uni, quelque 22 millions de meubles sont jetés chaque année et la plupart atterrissent dans les décharges. Les recherches menées dans ce domaine suggèrent un taux de réparation décevant : seule une personne sur dix envisage de réparer ses meubles afin de rallonger leur durée d’utilisation.
Cela n’a pas toujours été le cas. Il y a 60 ans, les Américains ne jetaient que 2 millions de tonnes de meubles et mobiliers. Mais le mobilier éphémère (c’est-à-dire les meubles rapidement fabriqués dans des styles variés et que le consommateur assemble souvent lui-même) a prospéré, dans le contexte d’une main d’œuvre de plus en plus instable déménageant de plus en plus souvent sans devoir – ni parfois pouvoir – investir dans des canapés et des lits qui dureront toute leur vie.
Avec l’accumulation de meubles jetés, les dommages causés à l’environnement par le processus de production de ces biens sont évidents. Mais le changement est en marche. Les fabricants de meubles existants doivent assumer leurs responsabilités en matière de soutenabilité et de nouvelles entreprises voient le jour pour répondre à l’évolution des exigences des consommateurs.
De nouvelles solutions pour de nouvelles habitudes
Nos habitudes ont changé et les analystes estiment que la génération actuelle n’a plus les mêmes priorités que les générations passées. Un jeune couple aurait auparavant épargner pour acheter une table de salle à manger de marque, mais préfère aujourd’hui investir leur salaire durement gagné dans des expériences, l’apprentissage ou la technologie2. En outre, les jeunes louent pendant plus longtemps et achètent leur premier logement plus tard. La pandémie a elle aussi joué un rôle et, aujourd’hui, beaucoup n’ont tout simplement pas l’argent ou ne sont pas assez certains de leur avenir pour faire de grosses dépenses3. A tout cela vient s’ajouter l’impact du mobilier éphémère sur la planète, qui va totalement à l’encontre de l’engagement croissant du public en faveur de la soutenabilité.
Aux Etats-Unis, l’entreprise new-yorkaise Conjure a récemment levé USD 9 millions de capitaux pour son concept de « propriété flexible »4, en vertu duquel, une fois que le consommateur arrive au bout de son contrat de location, il peut soit acheter les articles concernés à un prix raisonnable soit les échanger contre de nouveaux. En Californie, Fernish loue des meubles « faits pour durer » et se concentre sur les avantages de son modèle en termes de soutenabilité. Feather s’associe avec d’autres entreprises, par exemple West Elm. Visant les jeunes actifs qui habitent en appartement, elle répare les meubles cassés à New York, San Francisco, Los Angeles et Baltimore, entre autres.
Parallèlement, les entreprises pensent à leur empreinte en matière de soutenabilité. Au Royaume-Uni, John Lewis, pilier de la consommation grand public, a annoncé l’année dernière que l’enseigne allait louer des canapés, des bureaux et des buffets, à choisir dans une gamme de 50 articles différents5. Cette réorientation s’inscrit dans une volonté d’attirer une nouvelle génération de clients, plus habituée à partager ou à louer certains biens, tels que leurs vélos, plutôt qu’à les acheter. Le distributeur britannique n’est pas le premier à envisager cette idée. IKEA a testé un concept semblable en 20196 afin de favoriser l’économie circulaire (dans laquelle les biens sont constamment réutilisés et reconfigurés au lieu d’être jetés). Le CEO d’Inter IKEA, propriétaire de la marque IKEA, avait déclaré à l’époque que le groupe allait s’intéresser davantage à ce qu’il advient du produit et faire en sorte que le consommateur en prenne soin7.
Au début de cette année, la marque minimaliste Muji a lancé sa propre activité de location de meubles au Japon, proposant quatre lits, deux tables, trois chaises et différents types d’étagères à louer pendant un à quatre ans.
De plus petites entreprises prennent également des mesures pour répondre aux enjeux de la soutenabilité. Le fabricant de lits Silentnight a conçu un matelas fait de fibres écologiques entièrement fabriquées à partir de bouteilles en plastique recyclées. Une autre société britannique, Sustainable Furniture, vend des meubles dont les matériaux proviennent de sources éthiques et qui sont fabriqués pour durer toute une vie.
Un développement opportun
Tout ce qui peut réduire les volumes de déchets jetés inutilement dans les décharges est le bienvenu. Et tout ce qui facilite l’utilisation d’un produit – vélo, voiture ou encore canapé – par plusieurs personnes pendant son cycle de vie est également le bienvenu.
Chez Lombard Odier, nous pensons que le monde doit faire la transition vers un avenir plus soutenable et régénérateur, un avenir fondé sur le modèle de l’économie CLIC® (« Circular, Lean, Inclusive, Clean », circulaire, efficiente, inclusive et propre).
Les volumes de meubles jetés dans les décharges ne sont pas soutenables du point de vue des forêts, des émissions que leur transport induit et des décharges dans lesquelles ils atterrissent. Certes, des produits plus soutenables existent déjà, mais les consommateurs ne sont pas prêts à adopter des produits plus chers8. Ils peuvent désormais louer leurs meubles, ce qui semble résoudre un certain nombre de problèmes : répondre aux besoins d’une main-d’œuvre transitoire, permettre aux jeunes qui ne peuvent pas s’acheter un logement de vivre dans le confort sans trop dépenser et, surtout, réduire l’impact dévastateur du mobilier éphémère sur l’environnement.
1 https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-02-23/renting-all-your-furniture-means-never-discarding-another-sofa
2 https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-02-23/renting-all-your-furniture-means-never-discarding-another-sofa
3 https://metro.co.uk/2020/08/26/rise-renting-furniture-why-homeware-rentals-are-becoming-mainstream-13177037/
4 https://news.crunchbase.com/news/mobley-is-now-conjure-raises-9m-seed-for-furniture-rental-platform/
5 https://www.theguardian.com/business/2020/aug/15/never-knowingly-under-leased-john-lewis-moves-to-rent-out-its-furniture
6 https://ecommercenews.eu/ikea-tests-furniture-rental-in-europe/
7 https://www.theguardian.com/business/2019/feb/04/kitchen-for-rent-ikea-to-trial-leasing-of-furniture
8 https://newrepublic.com/article/156208/fast-furniture-environmental-fiasco
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