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L’hydrogène est-il la solution pour un système de transport soutenable ? Interview avec Philippe Rosier, PDG de Symbio
Entretien publié sur https://lombardodier.lesechos.fr/ le 26 février 2021
Le principe de la pile à combustible repose sur la réaction chimique entre l’hydrogène et l’oxygène, l’un s’oxydant et l’autre se réduisant pour produire de l’électricité, de l’eau et de la chaleur1 . Ce processus pourrait être le chainon manquant dans notre évolution vers un système de transport durable. Pourquoi ? Car les émissions de dioxyde de carbone sont nulles et les réservoirs sont remplis rapidement, ce qui est crucial en termes de mobilité durable. Les véhicules de demain fonctionneront ils à base d’hydrogène et, si oui, quand ? Nous discutonsavec Philippe Rosier, PDG de Symbio (filiale commune de Michelin et Faurecia, spécialisée dans les piles à combustible).
La pile à combustible : une solution pour la mobilité du futur
Pour réussir la transition énergétique dans le secteur des transports, il faudra développer l’électromobilité. Or, aujourd’hui, seule la technologie à hydrogène (qui est électrique et ne produit aucune émission) répond pleinement aux attentes des conducteurs qui utilisent leur véhicule de façon intensive et ont besoin de le recharger rapidement. L’autonomie d’un véhicule à hydrogène est en effet similaire à celle de son homologue thermique, mais au moins deux fois supérieure à celle d’un véhicule électrique fonctionnant uniquement à l’aide d’une batterie. Et surtout, le « plein d’hydrogène » se fait en quelques minutes seulement, comme s’il s’agissait d’un plein d’essence. Concrètement, le véhicule communique à la pompe la température du réservoir afin d’optimiser la vitesse du remplissage. En somme, cette technologie offre tous les atouts de la motorisation thermique mais sans produire d’émission.
Déploiement progressif des véhicules à hydrogène
Nous sommes actuellement dans une phase de démarrage : seuls 25’000 véhicules à hydrogène circulent dans le monde, essentiellement en Corée du Sud, au Japon et en Californie. Il s’agit avant tout de « flottes captives » qui reviennent chaque jour à la même station hydrogène et peuvent donc circuler sans attendre que d’autres stations soient installées dans le reste du territoire. En France, les véhicules concernés sont principalement des utilitaires légers, comme le Renault Kangoo Hydrogen, ainsi que les premiers utilitaires de PSA qui verront le jour cette année, équipés par Symbio. Les bus comptent également parmi les premiers marchés accessibles à l’hydrogène, comme par exemple ceux du constructeur Safra, eux aussi équipés par Symbio. Même chose pour les berlines utilisées en mode taxi : la société Hype a déjà plus de 100 Toyota Mirai en circulation à Paris. Les véhicules qui nécessitent une infrastructure adaptée, comme les camions et les véhicules particuliers, viendront ensuite. Ainsi, le déploiement de la technologie à hydrogène n’est qu’une question de temps et nous pouvons nous attendre à une croissance exponentielle dans les années à venir.
Il y a donc lieu d’être optimiste
Le coup d’accélérateur est donné, comme en témoignent les programmes d’hydrogène vert des pays européens, les ambitions affichées en Asie et les projets de Joe Biden. Par exemple, la Chine compte produire plus d’un million de véhicules de ce type en 2030 et la Corée du Sud table quant à elle sur 3 millions en 2040. D’après les estimations de l’Hydrogen Council, les véhicules à hydrogène devraient représenter entre 40% et 50% des fourgons et camions d’ici à 2050 et plus de 50% des bus, cars et grosses berlines.
Et dans les airs?
La France compte investir plus d’EUR 7 milliards dans cette technologie d’ici 2030. Grâce à de telles sommes, des avions gros-porteurs fonctionnant par pile à combustible pourraient voir le jour et les avions à hydrogène pourraient devenir une réalité aux alentours de 2040. D’ici là, deux facteurs pourraient avoir facilité l’accès à la mobilité à hydrogène vert. D’une part, les coûts de production de la pile à combustible et des réservoirs, qui représentent aujourd’hui plus de 60% de la valeur du véhicule, auront considérablement diminué du fait de l’augmentation des volumes. D’autre part, de nombreux pays d’Europe et d’Asie, ainsi que quelques régions d’Amérique du Nord, compteront suffisamment de stations hydrogène pour que chacun puisse partir en vacances en faisant le plein sur son trajet. C’est la condition sine qua non pour que la mobilité à hydrogène se généralise. Plus de 1’000 stations devraient d’ailleurs être opérationnelles en Europe dès 2030.
La technologie à hydrogène vert : moins d’impact environnemental que les batteries électriques
Les piles à combustible contiennent principalement de l’acier, une membrane protonique fluorée et un peu de platine. La valeur du platine étant très élevée, les industriels en recyclent environ 95%. Par ailleurs, les pots catalytiques font l’objet d’un circuit de recyclage bien établi.
Des investissements repensés et axés sur l’avenir
Nous assistons clairement à un changement d’échelle, tant au niveau public que privé. En France, le premier plan hydrogène de 2018 (« Plan Hulot ») se chiffrait à une centaine de millions d’euros. Celui annoncé en septembre dernier atteint les 7 milliards. Il en est de même au niveau des entreprises, comme par exemple Symbio qui hier encore n’était qu’une startup mais qui est aujourd’hui une joint-venture, filiale de deux équipementiers d’envergure mondiale (Michelin et Faurecia). La société vise à dépasser le milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2030. Les fournisseurs d’énergie annoncent par ailleurs des projets de production d’hydrogène vert d’une envergure sans précédent. Le marché accompagne cette tendance, avec notamment une entrée en bourse spectaculaire pour HRS.
Tout cela reflète une tendance à long terme vers la transition énergétique, tant dans le privé que dans le public, encouragée par la baisse des prix des énergies renouvelables. Les acteurs publics manient à la fois le bâton (la réglementation) et la carotte (les aides financières). Les acteurs privés, eux, cherchent à massifier leur production pour faire baisser leurs coûts et rester concurrentiels. Ici aussi, Symbio s’inscrit parfaitement dans ce mouvement en prévoyant d’inaugurer, en 2023, dans la métropole de Lyon, l’une des usines les plus importantes d’Europe, avec une capacité de production de 60’000 piles à combustible par an. La société compte ainsi en produire 200'000 par an au total.
1 https://www.energy.gov/eere/fuelcells/fuel-cell-animation-text-version
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