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Tourisme et voyages : quelles leçons tirer de la pandémie de COVID-19 ?
Pour le secteur des voyages, cette année ne ressemble à aucune autre. Quelle que soit la profession touristique, du réceptionniste d’hôtel au pilote d’avion, une chose est sûre : personne n’espère revivre une telle épreuve.
Aux quatre coins de la planète, le tourisme a été dévasté par les conséquences du coronavirus. Au Royaume-Uni, la pandémie et son impact sur les déplacements ont engendré des pertes estimées à largement plus de GBP 20 milliards1 pour le secteur. Pour le constater, il suffit de jeter un œil à la fréquentation des attractions touristiques. A Milan, la place du Duomo et de la Galleria Vittorio Emanuele II2, d’ordinaire assaillie par les touristes, n’accueillait guère que des pigeons au plus fort de la pandémie. A Pékin, la porte de la place Tian’anmen est restée close. Au Cambodge, le temple Angkor Wat3 n’a enregistré qu’une infime partie du nombre de visiteurs habituel. Ces destinations normalement prisées par les touristes ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres attractions désertées à cause du coronavirus.
Il n’empêche que, malgré le contexte morose, beaucoup entrevoient des opportunités. Pour s’en sortir, des entreprises proposent des solutions innovantes, en imaginant par exemple de nouveaux concepts de vacances ou en repensant la manière de voyager. Parallèlement, la forte baisse des émissions enregistrée pendant le confinement, due à la diminution des vols et des trajets en voiture, crée une nouvelle opportunité de reconstruire en mieux les secteurs impactés.
Reconstruire en mieux
Pour le secteur des voyages, la pandémie représente une opportunité unique de mieux se reconstruire – un changement dont les investisseurs pourraient bénéficier. Mais la prise de conscience du nombre excessif de vols effectués dans le monde et de leur impact sur les émissions et l’environnement était déjà en marche avant le COVID-19. Du reste, Barclays estime que le nombre de passagers ne renouera pas avec son niveau de 2019 avant 2023. D’autant que les plans de sauvetage des gouvernements sont de plus en plus assortis de clauses en faveur de la durabilité. Ainsi, pour obtenir un prêt de la part de l’Etat, Air France a dû réduire le nombre de ses vols intérieurs lorsque le même trajet pouvait être effectué en train.
Des vacances à l’écran
Si les ventes de vélos ont augmenté4durant la pandémie car les gens veulent entretenir leur forme physique, utiliser de nouveaux modes de transport pour leurs activités quotidiennes et éviter les transports en commun en raison du risque d’infection, les cyclotouristes ont quant à eux dû annuler leurs vacances lorsque le tourisme international a subi un coup d’arrêt. A l’exception de ceux qui ont accepté de les passer devant un écran. Les activités virtuelles ont connu une ascension fulgurante durant le confinement. Aujourd’hui, on peut dévaler les rues de Bologne à toute allure sur son vélo, ou courir en groupe grâce à Zwift, une application d’entraînement pouvant accueillir plusieurs coureurs à la fois.
Pour les amateurs de vacances peu exténuantes, les Îles Féroé proposent des visites virtuelles permettant d’admirer le paysage de ces contrées reculées situées dans l’Atlantique nord. Dotés de caméras, des habitants sillonnent les îles au gré des souhaits exprimés par les visiteurs restés chez eux. L’expérience se déroule sur une application gratuite. Chaque personne peut « diriger » le guide pendant deux minutes lors de sorties effectuées l’après-midi. Et les guides ne se déplacent pas uniquement à pied, mais également à cheval ou en kayak. Les organisateurs espèrent que cette initiative permettra aux touristes de se faire une première idée de la région, avant de la visiter en personne une fois les restrictions levées.
Des vacances à moitié prix
Avec un tourisme qui représente 13% de son PIB, l’Italie a tout mis en œuvre pour redresser le plus rapidement possible l’industrie du voyage de ce pays qui était le premier d’Europe si lourdement impacté par le coronavirus. Pour encourager les visiteurs à revenir, les autorités de Sicile ont proposé de payer la moitié des billets d’avion, un tiers des frais d’hôtel et la totalité des entrées aux musées et sites archéologiques. Vu que le secteur du tourisme a perdu environ EUR 1 milliard entre mars et avril, un fonds d’EUR 50 milliards a été constitué afin de couvrir ces nouvelles mesures. Si cette initiative témoigne de la détermination du pays à revivifier son secteur du tourisme, sa pérennité est aussi remise en question à l’heure où un mouvement prônant plus de soutenabilité et une diminution du trafic aérien gagne de l’ampleur.
Afin de venir en aide à leur branche du tourisme, les Îles Canaries5 ont quant à elles lancé un programme offrant une assurance gratuite pour les incidents liés au coronavirus. Les touristes espagnols ou étrangers séjournant dans des logements touristiques bénéficieront d’un remboursement de leurs frais médicaux, ainsi que des coûts de tout séjour prolongé en raison d’une mise en quarantaine.
Des voyages en avion plus sûrs... et plus propres
L’aviation est l’un des secteurs les plus impactés par la pandémie. Des milliers d’emplois en ont déjà fait les frais6. La compagnie aérienne Virgin Atlantic a déposé une demande de protection contre ses créanciers américains en vertu de la loi sur les faillites, tandis qu’Airbus a ralenti sa production d’avions7. Pour que les passagers remontent à bord, la sécurité des voyages en avion doit impérativement être assurée par tous les moyens. A Seattle, la société technologique Teague a conçu un dispositif qui se fixe aux ventilateurs de la cabine afin d’améliorer la circulation de l’air et de réduire la propagation des germes. Les fabricants de ce dispositif nommé AirShield prétendent créer une barrière invisible entre les passagers. Il permet de limiter la circulation des gouttelettes respiratoires autour du passager qui les a émises, évitant ainsi à ses voisins de les respirer. Actuellement au stade de prototype, le dispositif comprendra dans sa version finale un élément unique, imprimé en 3D et facile à installer, à en croire la société.
Pour accroître la sécurité des voyageurs, l’utilisation du siège du milieu en guise de séparation est également une piste envisagée. Universal Movement est une société de technologies des transports qui a inventé un séparateur. Placé sur le siège du milieu, il sépare les sièges de la fenêtre et de l’allée, en utilisant de préférence le même matériau que celui des sièges existants. Il faut souligner que ce séparateur n’est pas une cloison transparente – un aspect essentiel au confort des passagers, selon ses créateurs.
Les compagnies aériennes ont par ailleurs pris des mesures concertées8 pour réduire leur empreinte carbone. Virgin a réduit les volumes de bœuf, d’huile de palme et de soja servis durant ses vols. Airbus a testé des dispositifs qui pourraient réduire les émissions de 20% grâce à une traînée moins aérodynamique. Emirates a supprimé les plastiques à usage unique de ses vols et défini des objectifs spécifiques pour réduire les émissions, élaborer des carburants plus propres et booster l’électrification de la compagnie. Toutefois, bien qu’ils aillent dans la bonne direction, ces objectifs reposent en grande partie sur la compensation carbone. Or le problème est que nous devrions réduire nos émissions au lieu de les remplacer par le biais de programmes de protection des forêts ou de rétablissement des écosystèmes naturels.
Un restaurant dans votre salle à manger
La lente réouverture des restaurants ne suffira pas à compenser les difficultés qu’ils connaissent depuis le début de l’année en raison du coronavirus. Un hôtel de Suède a tenté de répondre au problème de la distance physique en accueillant des convives dans ses chambres. L’hôtel Stadt de Lidköping a transformé ses chambres en espaces de restauration privés. Les clients ne se font plus installer une table dans leur chambre, ils prennent une chambre avec une table. Chaque chambre peut accueillir entre deux et douze personnes et le repas, d’une durée maximale de deux heures et demie, coûte environ CHF 30 pour deux plats.
Cette transformation des chambres d’hôtel a donné naissance à d’autres solutions innovantes durant la pandémie. A Amsterdam, Zoku a réaménagé ses lofts en bureaux qui permettent aux télétravailleurs de changer d’air, moyennant un forfait journalier. Les pièces comprennent un espace cuisine, le Wi-Fi et des fournitures de bureau, et le forfait inclut un déjeuner servi sur place.
Reconstruire en mieux
Les situations exceptionnelles n’ont pas manqué cette année. Le secteur des voyages – et son avenir – en est une. En vertu de l’Accord de Paris, les gaz à effet de serre doivent diminuer de 7,6% chaque année jusqu’en 2030. Si nous reprenons nos anciennes habitudes, nous n’y parviendrons pas. Nous avons à présent l’opportunité de réinventer les voyages et le tourisme, sous toutes leurs formes. De nombreuses entreprises innovantes, ainsi que des gouvernements, ont déjà commencé à tester de nouvelles façons de répondre aux problèmes rencontrés. Il est temps de créer une nouvelle industrie, dont l’environnement et les investisseurs bénéficieront.
1 https://www.independent.co.uk/news/uk/politics/coronavirus-pandemic-uk-domestic-tourism-industry-a9521686.html
2 https://www.businessinsider.com/coronavirus-before-and-after-photos-show-europe-landmarks-empty-2020-3?r=US&IR=T#after-again-the-scene-is-emptier-and-people-are-wearing-masks-8
3 https://www.standard.co.uk/lifestyle/travel/coronavirus-tourism-before-and-after-a4383506.html
4 https://www.ft.com/content/701599ae-4d64-4128-a56a-2b836a492216
5 https://www.independent.co.uk/travel/news-and-advice/canary-islands-coronavirus-insurance-tourists-holidays-tenerife-lanzarote-a9656751.html
6 https://www.theguardian.com/business/2020/aug/07/thousands-of-ba-staff-to-find-out-if-they-will-lose-jobs-due-to-covid
7 https://www.theguardian.com/business/2020/jul/30/airbus-slows-plane-making-covid-19-loss-aircraft-orders
8 https://www.irishtimes.com/business/innovation/how-airlines-are-working-to-reduce-their-co2-one-olive-at-a-time-1.4187942
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