perspectives d’investissement
Marchés et COVID-19: tensions sur les marchés pétroliers s’ajoutent aux inquiétudes liées à l’épidémie
Points clés
- Les investisseurs sont confrontés à une incertitude croissante alors que le coronavirus se propage au-delà de la Chine, la plupart des pays se trouvant encore à un stade précoce de contagion. De plus, à la suite de la réunion peu concluante de l’OPEP+ la semaine dernière, l’agitation sur les marchés pétroliers ajoute une pression supplémentaire.
- Après avoir initialement pris en compte uniquement les retombées en provenance de Chine, nous revoyons maintenant plus nettement à la baisse nos prévisions de croissance pour toutes les grandes économies, en tenant compte de la faiblesse de l’activité intérieure provoquée par l’épidémie.
- Notre hypothèse principale est que le COVID-19, selon un schéma saisonnier similaire à celui des épidémies passées, sera endigué au printemps, ce qui devrait conduire à un redressement marqué au second semestre 2020. Nous constatons toutefois que l’évolution de l’épidémie et le succès des mesures d’endiguement prises par les différents pays (dont certains à un stade encore précoce) restent entourés de lourdes incertitudes.
- Nous pensons qu’il est primordial que les autorités réagissent pour éviter un effondrement de la confiance qui pourrait faire naître des risques de récession. Nous en observons les premiers signes, mais les mesures de soutien à l’économie ne sont pas encore exhaustives au niveau mondial. Compte tenu de la forte correction du marché, une réaction plus décisive semble désormais beaucoup plus probable.
- Nous maintenons un positionnement de portefeuille équilibré. Bien que nous ne soyons pas enclins à modifier le niveau de risque de nos portefeuilles à ce stade, nous suivons de très près l’évolution de l’épidémie et la réponse des autorités afin de pouvoir procéder à un ajustement éventuel de notre positionnement. Il convient de souligner que compte tenu de la dynamique de propagation de l’épidémie dans de nombreux pays, l’actualité des marchés pourrait peser sur le moral des investisseurs pendant au moins plusieurs jours encore.
Depuis la mi-février, une tendance claire s’est dessinée : les mesures de confinement en Chine ont fait leurs preuves, conduisant à une baisse substantielle des nouveaux cas de COVID-19. (voir graphique 1). Pendant ce temps, dans le reste du monde, le nombre de nouveaux cas augmente, avec plus de 100’000 infections confirmées le 6 mars.
Ce qui s’apparentait au départ à un choc largement local a pris une ampleur mondiale. Si l’évolution de la situation en Chine laisse espérer que l’épidémie sera endiguée, le niveau d’incertitude demeure élevé, d’autant plus que de nombreux pays voient le nombre de nouveaux cas augmenter. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 80% des nouveaux cas proviennent actuellement de trois pays : la Corée du Sud, l’Italie et l’Iran (voir graphiques 2 et 3). En Corée du Sud, les nouveaux cas signalés semblent être en baisse. Après la Chine, ce pays illustre un deuxième exemple de mesures d’endiguement efficaces.
Il ne faut toutefois pas oublier que de nombreux pays en sont encore aux premiers stades de la propagation de l’épidémie et qu’il est trop tôt pour évaluer l’efficacité des mesures de confinement prises par chaque pays.
Nous continuons à souligner qu’un choc externe de cette nature ne devrait pas conduire à une récession. Une épidémie, comme une catastrophe naturelle, peut certes provoquer un brusque ralentissement de l’activité, mais la reprise peut être tout aussi marquée une fois que l’économie redémarrera. Comme l’ont montré les solides chiffres de l’emploi hors secteur agricole aux Etats-Unis en février, la conjoncture mondiale n’était pas particulièrement faible avant l’épidémie, ni vulnérable à un choc qui la ferait basculer dans une récession. Il s’agit d’un facteur crucial qu’il convient de garder à l’esprit pour évaluer la trajectoire de l’économie mondiale dans le contexte actuel.
Cependant, il convient de noter que même un choc temporaire peut déclencher une dynamique de récession s’il sape la confiance et affecte l’activité intérieure. C’est précisément ce dommage économique que les autorités doivent contrer en déployant des mesures de soutien. Si un assouplissement traditionnel de la politique monétaire au moyen de baisses des taux directeurs est généralement moins efficace, une combinaison d’apports de liquidités, de relance budgétaire et de mesures ciblées pour soutenir les entreprises et les secteurs les plus touchés peut donner une impulsion décisive.
Nous avons déjà observé quelques réponses politiques : la déclaration du G7 s’engageant le 3 mars à utiliser tous les outils appropriés contre les risques de baisse et la réunion extraordinaire du Federal Open Market Committee (FOMC) le même jour annonçant une réduction des taux directeurs de 50 points de base. Alors que d’autres banques centrales et autorités budgétaires élaborent des plans d’action, nous pensons que la forte correction du marché pourrait permettre de focaliser les esprits, en mettant davantage l’accent sur les mesures de soutien et sur une action internationale concertée.
Si nous ne tablons pas sur une récession, l’épidémie de COVID-19 aura vraisemblablement un impact important, du moins à court terme. Ses effets économiques se font sentir à différents niveaux. Au départ, pour la plupart des économies, nous nous sommes surtout concentrés sur l’impact de la faiblesse de la demande extérieure, la Chine étant la seule économie affectée de manière significative. Nous tenons désormais compte d’un ralentissement un peu plus marqué en Chine.
En outre, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement aggravent les dommages économiques en raison des fermetures prolongées. Enfin, il est essentiel, compte tenu de l’augmentation du nombre de cas dans le monde, de prendre également en compte une baisse de la consommation intérieure, une perte de confiance et un resserrement des conditions financières.
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