perspectives d’investissement
Les élections britanniques, la fin du commencement ?
Lombard Odier Private Bank
Points clés
- Nous tablons sur une majorité conservatrice, ce qui devrait ouvrir la voie à la prochaine phase du Brexit
- Si les sondages se confirment, l’adhésion du Royaume-Uni à l’UE prendrait fin le 31 janvier 2020, donnant le coup d’envoi à un long processus de négociations commerciales avec l’UE
- Nous anticipons une augmentation des dépenses publiques et une légère hausse de la croissance du PIB l’an prochain
- La livre sterling échappe progressivement à la prime liée à un Brexit sans accord et les actions britanniques devraient commencer à rattraper leur retard par rapport à leurs homologues européennes.
Nous nous attendons à ce que les élections législatives du 12 décembre au Royaume-Uni dotent le pays d’un gouvernement conservateur majoritaire chargé de franchir la prochaine étape du Brexit, ce qui pourrait ouvrir la voie à une croissance plus élevée. Nous conservons notre surpondération de la livre sterling.
Boris Johnson, le Premier ministre sortant, promet de « délivrer le Brexit ». Bien que le processus soit loin d’être terminé, l’élection devrait au moins apporter davantage de clarté quant aux prochaines étapes si M. Johnson obtient effectivement une majorité.
Jusqu’en 2015, le système uninominal majoritaire à un tour du Royaume-Uni a eu tendance à produire des gouvernements majoritaires. En 2005, par exemple, les travaillistes de Tony Blair ont obtenu 56,5% des sièges au Parlement avec 36,1% des voix. Lors des deux élections qui ont eu lieu depuis 2015, la majorité conservatrice de 12 sièges s’est retrouvée minoritaire, ce qui a conduit à un affaiblissement des structures législatives (le plus prononcé depuis le début des années 1970) et ce à un moment décisif dans l'histoire du pays.
Scénarios possibles
A l’heure actuelle, les sondages donnent les Conservateurs gagnants avec 42% des voix et 359 des 650 sièges du Parlement, ce qui assurerait une majorité de 68 sièges à M. Johnson1. Si les sondages traditionnels ne se sont pas montrés fiables lors des récentes élections, les données de crowdsourcing confirment ce résultat, avec une probabilité de 75% pour une majorité conservatrice, de 25% pour un Parlement sans majorité et de 0% pour une majorité travailliste.
75% Le début de la (très longue ?) période de transition
En supposant que M. Johnson reste Premier ministre avec une majorité suffisante, le Parlement devrait approuver le projet de loi relatif au retrait, marquant la fin de l’adhésion totale du Royaume-Uni à l’UE le 31 janvier 2020. Cela donnerait le coup d’envoi des négociations commerciales concrètes avec l’UE et marquerait la fin des premières étapes du Brexit, plutôt que la conclusion sous-entendue par M. Johnson. Pendant la période de transition, le Royaume-Uni restera membre de nombreux organismes de l’UE, y compris le marché unique et l’union douanière.
Les spécialistes du commerce soulignent qu’aucun accord de libre-échange digne de ce nom ne peut être conclu en si peu de temps. Il n’existe en effet aucun précédent concernant la négociation d’un accord commercial à l’envers, qui chercherait à rendre le commerce plus difficile. L’accord commercial entre l’UE et le Canada, cité en exemple par M. Johnson, a nécessité sept ans de négociations et il faudra quelques années supplémentaires pour qu’il soit pleinement mis en œuvre.
Une autre échéance se profile à l’horizon. Avant le 1er juillet 2020, l’UE et le Royaume-Uni devront se mettre d’accord sur la prolongation de la période de transition pour deux ans supplémentaires au maximum.
« C’est de l’amateurisme diplomatique déguisé au niveau national en audace et en esprit de décision », a déclaré Sir Ivan Rogers, ancien ambassadeur du Royaume-Uni auprès de l’UE, au sujet du calendrier publiquement annoncé. A moins que l’échéancier actuel passe à la trappe, le Royaume-Uni devra faire de nombreuses concessions pour garantir un accord très rudimentaire, a-t-il averti.
25% C’est reparti ? Un deuxième référendum
Il semble hautement improbable que les travaillistes puissent former un gouvernement à eux seuls. Dès lors, la seule alternative possible à une majorité conservatrice est une alliance entre le parti travailliste et les libéraux-démocrates. Une telle coalition diluerait inévitablement les propositions des travaillistes au sujet des plans de nationalisation, de l’augmentation de l’impôt sur les sociétés et des plans d’actionnariat obligatoires pour les salariés, considérées comme étant le programme le plus à gauche des 40 dernières années. En fait, dans ce scénario, le résultat le plus probable serait un deuxième referendum.
Pourtant, les sondages pourraient se tromper une nouvelle fois et les investisseurs doivent pouvoir faire face à toute éventualité. Si le parti conservateur de M. Johnson voit son avance fondre à 7% ou moins, le risque d’un Parlement sans majorité augmentera. Pour les investisseurs fortement orientés sur la livre sterling et la hausse des actions britanniques, les stratégies optionnelles (options de vente) sur GBPUSD pourraient servir de couverture. La volatilité implicite de la paire GBPUSD a diminué et l’optionalité est maintenant moins chère. Un Parlement sans majorité, associé à une probabilité accrue d’un gouvernement de coalition dirigé par M. Corbyn, entraînerait une plus grande volatilité et un repli de la livre sterling, ce qui serait bénéfique pour les détenteurs d’options de vente sur GBPUSD. Les investisseurs principalement axés sur le Royaume-Uni bénéficieraient également d’une allocation d’actifs plus diversifiée au niveau mondial.
Perspectives économiques et actifs financiers
Après trois années de ralentissement économique, nous nous attendons à ce que le nouveau gouvernement augmente les dépenses budgétaires, conformément aux promesses électorales des deux partis. Cela donnerait un coup de pouce à l’économie et favoriserait une légère reprise de la croissance du produit intérieur brut réel, qui devrait passer de 1,3% en 2019 à au moins 1,4% l’an prochain.
Compte tenu des attentes de formation d’un gouvernement conservateur, la prime liée à un Brexit sans accord s'efface progressivement du cours de la livre. Depuis la mi-octobre, nous détenons une surpondération d’environ 2,5% de la paire GBPUSD dans nos portefeuilles. Depuis lors, cette dernière a gagné environ 4% et notre objectif de cours à long terme se situe à 1,35. Tant que notre scénario politique central pour le Royaume-Uni se confirme (avec un affaiblissement simultané du dollar), cette position continuera d’avoir du sens.
A court terme, et en supposant que les sondages soient justes, les actions britanniques bénéficieront d’une certaine réduction de l’incertitude et la croissance des bénéfices devrait se situer dans le haut de la fourchette à un chiffre en 2020. Au moment où nous écrivons ces lignes, les actions britanniques se négocient légèrement au-dessus de leurs valorisations médianes sur 10 ans ; cependant, les taux d’intérêt sont actuellement beaucoup plus bas que par le passé. Le FTSE 100 a sous-performé le reste de l’Europe en 2019 et, bien qu’une grande partie du retard semble liée à l’impopularité générale des valeurs minières et bancaires, nous prévoyons un certain rattrapage au cours des 12 prochains mois. En revanche, le FTSE 250 pourrait surperformer car il est moins affecté par l’évolution de la livre sterling.
Au-delà du bruit purement politique des prochains jours, l’économie britannique a besoin d’un coup de pouce pour échapper à l’impact futur de la perte de l’accès préférentiel aux marchés de ses principaux partenaires commerciaux. Depuis le vote sur le Brexit, la livre sterling a perdu environ 10% par rapport au dollar américain et l’inflation est passée de 0,5% à 1,5% en glissement annuel. Le Brexit a coûté à l’économie britannique entre 1,7% et 2,5% du PIB. A plus long terme, la plupart des études suggèrent que l’impact économique pourrait être encore plus important. Le Brexit pourrait ainsi entraîner un recul du PIB de cinq à dix points de pourcentage.
1 YouGov, data as of 3 December 2019
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