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Building Bridges 2023 : des milliers de milliards mobilisés pour créer une économie à bilan carbone neutre et respectueuse de la nature
Pendant de nombreuses années, les efforts internationaux visant à construire une économie durable se sont concentrés sur le changement climatique. Aujourd’hui, alors que l’énorme besoin en nourriture et en matériaux de l’humanité provoque une dégradation des paysages et une perte de biodiversité à grande échelle, ces efforts s’étendent à la crise de la nature. La science met toujours plus en évidence le lien qui les unit. Dans la mesure où les espaces naturels sains constituent des puits de carbone vitaux, la protection et la restauration de la nature jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique.
Consacrée à l’accélération de la transition vers une économie durable, la conférence internationale Building Bridges 2023 qui s’est tenue à Genève a mis la nature à l’honneur dès son inauguration. Hubert Keller, Associé-gérant Senior chez Lombard Odier, s’est joint à différents chefs de file mondiaux du monde financier, industriel et politique pour analyser le rôle que peut jouer la finance à grande échelle dans la lutte contre la double crise du climat et de la nature.
Faire de la nature un atout
Lors de l’ouverture de la conférence, Patrick Odier, président de Building Bridges, a parlé de la nécessité urgente de se concentrer sur les « solutions techniques ». Après le succès remporté par le règlement sur la publication d’informations financières relatives au climat, en vertu duquel les entreprises doivent rendre compte des risques auxquels le changement climatique les exposent, il a souligné la nécessité de « mettre en œuvre aussi vite que possible » les nouvelles lignes directrices sur la publication d’informations financières relatives à la nature.
A l’occasion de la table ronde intitulée « Making Nature Count », Elizabeth Maruma Mrema, coprésidente du Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD), a présenté pour la première fois en Europe ces nouvelles lignes directrices. Le cadre proposé, a-t-elle expliqué, exigerait des entreprises qu’elles rendent compte des risques que la perte de biodiversité et la dégradation de la nature font peser sur leurs activités, ainsi que des opportunités commerciales qui pourraient découler des mesures prises pour restaurer les écosystèmes dégradés. Sachant que plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et des services écosystémiques qu’elle fournit, le nouveau cadre permettra d’assurer aux investisseurs la transparence nécessaire pour que les capitaux puissent être alloués de manière à protéger les portefeuilles des risques liés à la perte de nature et à accélérer la transition vers une économie respectueuse de la nature.
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Eva Zabey, CEO de Business for Nature et modératrice du débat, a expliqué que les lignes directrices du TNFD sont l’un des deux cadres clés qui ont placé la nature sous les projecteurs. Malgré un « profond sentiment de frustration et d’impatience » lié au fait que la communauté mondiale n’ait pas agi assez rapidement, a-t-elle déclaré, une dynamique de changement se met en place, puisque « 196 gouvernements ont adopté le Cadre mondial de la biodiversité [de Kunming-Montréal en 2022], qui établit la feuille de route pour une action vers un monde respectueux de la nature d’ici à 2030 ».
Mobiliser des milliers de milliards
Les sommes nécessaires pour réussir cette transition sont considérables, a expliqué Hubert Keller, Associé-gérant Senior de Lombard Odier. Intervenant dans le cadre d’un panel sur le thème « Why Are Trillions Not Mobilised? », il a expliqué : « Il faut bien comprendre que nous sommes face à la plus grande transformation économique de tous les temps. Il ne s’agit pas seulement des systèmes énergétiques. Mais aussi de la nouvelle économie des matériaux. Et il s’agit d’une transformation complète de la relation entre l’économie et la nature. »
Selon lui, 90% de la technologie et des autres solutions dont nous avons besoin pour assurer la transition sont déjà disponibles. Les questions clés sont donc les suivantes : « Des capitaux suffisants circulent-ils au bon endroit ? Et, si ce n’est pas le cas, que devons-nous faire pour libérer ces capitaux ?
Dans nos systèmes énergétiques, a-t-il expliqué, les capitaux affluent pour assurer la transition des combustibles fossiles vers l’électricité renouvelable : « Dans l’hémisphère nord, nous avons franchi des points de bascule en matière d’électrification et nous approchons d’une adoption massive. En 2021, près de USD 1 000 milliards d’investissements ont été déployés pour l’électrification de nos systèmes énergétiques ». Et Hubert Keller d’ajouter : cela « ouvre la voie à un nouveau cycle d’investissement ». Mais la mauvaise nouvelle, a-t-il averti, c’est que nous n’observons pas les mêmes flux de capitaux dans nos systèmes de matériaux ou en faveur des investissements dans la nature, et que cette insuffisance de fonds est particulièrement prononcée dans l’hémisphère sud.
Avinash Persaud, envoyé spécial de la Barbade pour l’investissement et les services financiers, a souligné l’ampleur du problème : « Nous avons besoin chaque année de USD 2’400 milliards pour les pays en développement, parce qu’il sera impossible de préserver la planète si nous ne parvenons pas à opérer une transformation verte dans ces pays. Il leur est demandé de se transformer plus rapide que jamais auparavant dans le monde. Nous devons investir dans les pays en développement pour soutenir leur transformation. »
Des systèmes alimentaires à l’épreuve du temps
Les participants à la conférence ont appris que la menace qui pèse sur la nature est probablement plus aiguë au niveau de nos systèmes alimentaires, qui sont responsables de 90% de la déforestation et de 25% de la perte totale de biodiversité. Les terres agricoles occupant aujourd’hui la moitié de toutes les terres habitables de la planète, la transition vers une agriculture régénératrice sera essentielle pour reconvertir les espaces dégradés en écosystèmes sains.
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S’exprimant au sujet des « coûts de transition et modèles économiques pour l’agriculture régénératrice », Matthew Watkins, Senior Sustainability Analyst chez Lombard Odier, a averti que si nos systèmes alimentaires contribuent au changement climatique, le changement climatique lui-même « va avoir un impact massif sur l’agriculture ». Pour les investisseurs, a-t-il ajouté, la transition vers une agriculture régénératrice offrira de nouvelles opportunités aux fabricants d’équipements agricoles, l’agriculture régénératrice nécessitant une plus large variété de machines. La production de semences offrira également des opportunités, en particulier dans le domaine des semences modifiées pour résister aux pesticides. Il en va de même pour les solutions de lutte biologique contre les nuisibles, telles que les phéromones naturelles utilisées pour éloigner ces derniers des cultures, et qui peuvent contribuer à minimiser l’utilisation de pesticides chimiques de synthèse.
Yann Vuillerod, Global Sustainable Sourcing Leader chez Nestlé, a souligné l’importance de changer d’attitude à l’égard de la nourriture. « Comment évaluez-vous l’importance de la nourriture pour votre santé ? », a-t-il demandé, « Comment valorisez-vous la qualité par rapport à la quantité ? ». Les grands producteurs de denrées alimentaires ont la responsabilité d’accélérer la transition vers des régimes alimentaires plus respectueux de l’être humain et la planète. Toutefois, les consommateurs doivent également contribuer à la solution, a-t-il souligné : « Tout le monde a un rôle à jouer. L’idée est d’atteindre une masse critique permettant la transition, car nous devons assurer l’avenir de nos systèmes alimentaires. »
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Investir dans la nature
Matthew Watkins a également mis en avant le potentiel de l’agriculture régénératrice pour créer de nouvelles opportunités d’investissement dans la nature elle-même. « Nous pensons que le rôle de la nature, une classe d’actifs sous-estimée, est bien plus important. Le potentiel des investissements directs dans la nature pour exploiter certains des bénéfices des services écosystémiques n’est pas encore reconnu par le marché aujourd’hui », a-t-il déclaré.
Chez Lombard Odier, nous sommes convaincus que la nature est actuellement la classe d’actifs la plus sous-évaluée au monde. L’agriculture régénératrice jouera un rôle clé dans la plus forte revalorisation du siècle prochain. Les matières premières régénératrices – celles qui sont produites en harmonie avec la nature – seront très prisées par des acheteurs soucieux de minimiser leur empreinte environnementale. Le passage des terres agricoles dégradées à l’agriculture régénératrice permettra le retour de la biodiversité, la revitalisation des sols et la restauration des écosystèmes, qui constitueront à nouveau de véritables puits de carbone. La valeur des terres augmentera, entraînant un flux de crédits carbone ou d’autres crédits liés à la nature. La reconnaissance croissante de la nature en tant que classe d’actifs à part entière fera émerger une multitude d’autres opportunités d’investissement basées sur la nature.
A ce jour, ce sont les transformations de notre système énergétique qui ont mené la transition vers la durabilité, mais la nature et les systèmes de matériaux rattrapent rapidement leur retard, atteignant des points de bascule fondamentaux qui promettent de révolutionner le paysage de l’investissement. Pour les investisseurs, comme l’a expliqué Hubert Keller, il s’agit de « la plus grande transformation économique de tous les temps ».
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