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Les Chroniques CLIC® : Combien y a-t-il de CO₂ dans votre déjeuner ? Rencontrez Klimato, la start-up qui labellise les aliments pour lutter contre les émissions
Entretien avec Anton Unger, cofondateur et CEO de Klimato.
Comment l’aventure Klimato a-t-elle commencé ?
Klimato est une start-up suédoise qui mesure, suit et communique l’empreinte carbone de la nourriture. Tout a commencé en 2017, lorsqu’un couple d’amis et moi-même avons commencé à enquêter sur les émissions liées à l’alimentation dans les cantines scolaires de Stockholm dans le cadre d’un projet universitaire. Nous avons été profondément choqués d’apprendre que l’industrie alimentaire représentait plus d’un quart des émissions mondiales. Nous avons immédiatement identifié un besoin simple : des informations factuelles et concrètes sur ce que nous pouvons tous faire pour réduire l’impact de l’alimentation sur le climat et notre planète. C’est la raison pour laquelle nous avons fondé Klimato. Nous voulions contribuer à réduire les émissions liées à l’alimentation en menant un travail de sensibilisation sur les conséquences de nos habitudes alimentaires sur le climat et à mieux informer les consommateurs.
Aujourd’hui, nous travaillons avec un large éventail de restaurants et de fournisseurs de services alimentaires de différentes tailles. Nos clients vont des restaurants indépendants et des chaînes de restauration jusqu’aux hôtels, en passant par les traiteurs et les grandes sociétés de gestion d’établissements. Nous avons également remarqué qu’une multitude de marques alimentaires et autres entreprises alimentaires nous contactaient, ce qui confirme que le suivi de l’empreinte carbone des aliments semble figurer à l’ordre du jour de la plupart des entreprises alimentaires de nos jours.
D’où est venue l’idée des labels ?
A nos débuts, nous voulions sensibiliser les consommateurs à l’impact de l’alimentation sur le climat et leur faire comprendre que des petites décisions quotidiennes, comme choisir son petit-déjeuner, son déjeuner ou son dîner, pouvaient entraîner une forte réduction des émissions de carbone. Les étiquettes climatiques sont à la vue de la clientèle des restaurants, c’est-à-dire sur le menu, faisant de l’étiquetage la première étape logique de la mise au point de notre solution.
La mesure du carbone, le suivi et l’étiquetage sont de plus en plus reconnus comme étant cruciaux pour l’industrie alimentaire. Au cours des derniers mois seulement, nous avons observé une augmentation du nombre de personnes qui remontaient jusqu’à nous à la suite de recherches sur des solutions climatiques dont ils ignoraient l’existence même il y a un an. L’objectif est de communiquer les informations scientifiques de manière à ce que les restaurants et leurs consommateurs puissent les digérer facilement (le jeu de mots est voulu !)
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La production alimentaire et la gestion des déchets sont parmi les secteurs à plus forte intensité de carbone. Pourquoi ? Et quel est l’impact de Klimato ?
La nourriture est un enjeu collectif. Tout le monde doit manger. Le changement climatique signifie plus de sécheresses, d’inondations, de conditions météorologiques extrêmes, etc., qui ont un impact massif sur la production alimentaire. En même temps, la production alimentaire est l’une des principales causes du changement climatique. C’est un peu le serpent qui se mord la queue.
Nous avons l’intention de renverser la vapeur et de mettre à contribution la production et la consommation alimentaires pour réduire les émissions, exprimées en équivalent dioxyde de carbone(CO2e), aujourd’hui et pour les générations futures. Chez Klimato, nous pensons qu’un calcul, un suivi et une surveillance rigoureux, alliés à la sensibilisation et à la transparence, fournissent les outils qui permettent d’identifier et de commencer à réduire les émissions qui intensifient et accélèrent le changement climatique mondial.
En 2021, les utilisateurs de Klimato ont réduit les émissions de CO2 de 7’284 tonnes, soit environ 31’000 allers simples de Londres à Rome pour une personne.
Quel quota quotidien de carbone lié à l’alimentation devons-nous respecter pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris ?
Pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies définis par l’Accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, chaque individu dispose d’un budget carbone hebdomadaire pour l’alimentation de 11 kg de CO2e. Décomposée par jour et par repas, l’empreinte carbone d’un déjeuner ou d’un dîner ne doit pas dépasser 0,5 kg de CO2. A titre de référence, la moyenne en Suède s’élève aujourd’hui à 1,7 kg de CO2 par repas, soit trois fois plus que le budget carbone lié à l’alimentation recommandé par l’ONU pour atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris.
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A quoi a ressemblé votre trajectoire de croissance ?
Nous avons été sélectionnés très tôt pour rejoindre les programmes d’accélération de l’Ecole royale polytechnique de Stockholm et de STING, qui ont ouvert un réseau d’investisseurs. Nous avons depuis procédé à deux cycles de financement auxquels ont participé des investisseurs privés et institutionnels. Nous fournissons une solution unique qui rend un concept de compliqué facile à comprendre et à appliquer aux décisions alimentaires quotidiennes. Nos investisseurs comprennent que Klimato a le potentiel non seulement de construire une entreprise à forte croissance et financièrement durable, mais aussi de contribuer à réduire l’empreinte carbone de l’alimentation à l’échelle mondiale.
Comment calculez-vous l’empreinte carbone des différents aliments ?
Nous avons établi un partenariat avec les instituts de recherche RISE de Suède, qui possèdent l’une des bases de données sur l’empreinte carbone des aliments les plus complètes au monde. Ce partenariat est né peu après la création de Klimato. Ces deux dernières années, nous avons mis au point notre propre base de données sur l’empreinte carbone basée sur l’ACV (Analyse du Cycle de Vie) et avons adapté les données brutes pour les rendre applicables à différents pays.
De plus, les données ont été contextualisées afin de les mettre à la portée des restaurants qui traitent de grandes quantités, de nombreuses recettes et des chaînes d’approvisionnement complexes, ainsi que des consommateurs qui veulent comprendre comment prendre des décisions alimentaires respectueuses du climat au quotidien.
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Vous avez étiqueté toute la nourriture pour la COP26. Quels enseignements avez-vous tirés de cette expérience ?
Nous avons été ravis de voir nos étiquettes sur la scène mondiale du débat sur le climat. C’est la plus belle preuve de l’importance de notre solution et de notre travail. Nous avons énormément gagné en visibilité, notamment au Royaume-Uni, où les médias ont parlé de nous et introduit les étiquettes climatiques dans le débat public. Le fait que notre participation ait permis d’inscrire les émissions alimentaires à l’ordre du jour de la COP27 a également été très gratifiant.
L’un des principaux points à retenir est que les consommateurs veulent voir des preuves scientifiques et comprendre les données qui se trouvent derrière les calculs, en particulier de nos jours, car l’écoblanchiment est devenu une préoccupation croissante. Nous sommes heureux d’être interrogés sur la fiabilité de nos données, car nous consacrons beaucoup de temps et de réflexion à la méthodologie utilisée et aux données d’empreinte carbone dans nos bases de données.
Un autre enseignement majeur de la COP26 a été qu’il est important de comprendre et de communiquer la complexité des émissions alimentaires. De nombreuses variables entrent dans les calculs de l’empreinte carbone. Même si la nourriture servie pendant le sommet était principalement d’origine locale, ce qui est formidable d’un point de vue socio-économique, cela ne signifiait pas toujours que l’empreinte carbone du repas fini était faible.
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Vous parlez de l’analyse de rentabilité liée à la réduction des émissions alimentaires. Pouvez-vous expliquer ce que cela signifie ?
Pour nous, l’analyse de rentabilité liée à la réduction des émissions alimentaires consiste à pérenniser votre entreprise, à prendre la tête du changement et à façonner l’avenir de l’industrie de la restauration.
La promotion des efforts de soutenabilité, comme la réduction des émissions, est une opportunité pour les marques et une approche commerciale requise par les consommateurs. Pour réduire les émissions alimentaires, il faut souvent de passer à un menu contenant plus de légumes et de produits de substitution à base de plantes, qui s’adresse à un groupe de consommateurs croissant. Vous vous préparez aussi aux réglementations environnementales à venir, ce qui signifie que vous construisez une organisation alimentaire stable, soutenable et résiliente. De plus, notre outil aide les restaurants à développer une plus juste perspective sur leur utilisation des ressources, ce qui peut entraîner une diminution des coûts d’exploitation.
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Le régime de Klimato consiste à remplacer certains aliments par d’autres, moins gourmands en carbone. Pouvez-vous nous donner trois conseils ?
1. Réduisez votre consommation de viande rouge. Si vous voulez néanmoins manger de la viande rouge, réfléchissez à la qualité, à la quantité et à la fréquence de votre consommation. Il en va de même pour les produits laitiers. Nous aurions pu limiter ce conseil à « manger plus d’aliments à base de plantes », mais un régime équilibré et diversifié est plus facile et agréable à suivre, et évite d’exclure des groupes d’aliments spécifiques qui peuvent conduire à une agriculture intensive et à d’autres problèmes environnementaux.
2. Ce que vous mangez est plus important que l’origine des aliments. Contrairement à ce que beaucoup pensent, les transports représentent une part relativement faible des émissions. Ainsi, du point de vue de l’empreinte carbone, il mieux vaux remplacer les ingrédients à forte empreinte carbone, comme la viande rouge, qu’acheter uniquement des aliments locaux.
3. En revanche, il convient de consommer des produits de saison, car ils ne dépendent pas de serres qui peuvent être alimentées par des combustibles fossiles. Cela peut sembler contre-intuitif, mais il est probablement plus respectueux de l’environnement de manger une tomate importée cultivée à l’état sauvage que de manger une tomate locale cultivée sous serre.
Comme vous pouvez le constater au vu de nos conseils ci-dessus, le problème est complexe. Si vous souhaitez réduire votre empreinte carbone, informez-vous sur les différents aspects qui la composent et découvrez certaines des idées fausses. Soyez curieux !
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Quelle est la prochaine étape pour Klimato ?
Aujourd’hui, nous travaillons avec des clients en Suède, en Norvège, au Danemark et au Royaume-Uni, mais nous planifions actuellement notre expansion européenne. Le changement climatique est un problème mondial et les efforts visant à réduire l’impact climatique de l’industrie alimentaire doivent être déployés à l’échelle mondiale. Nous travaillons à une base de données sur l’empreinte climatique qui facilitera les calculs d’empreinte carbone spécifique à chaque pays. Nous voulons également que nos labels couvrent davantage d’indicateurs de soutenabilité, comme l’empreinte sur l’eau et l’impact sur la biodiversité, en plus de l’empreinte carbone.
Enfin, alors que nous travaillons aujourd’hui principalement avec des prestataires de services alimentaires, nous cherchons à étendre notre champ d’action et à travailler davantage avec des marques alimentaires. Nous avons constaté un intérêt croissant parmi les consommateurs et souhaiterions participer à la réduction des émissions alimentaires au-delà des restaurants, pour permettre aux consommateurs de suivre plus facilement l’empreinte carbone de ce qu’ils mangent chaque jour - chez eux, en déplacement et au restaurant.
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