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Le Japon, ou comment utiliser le numérique pour une agriculture plus soutenable
Le Japon est en croisade pour renforcer son autosuffisance alimentaire depuis plusieurs années déjà. Les récentes initiatives menées en matière d’agriculture numérique pourraient être utiles à cet égard.
Le Japon affiche l’un des taux d’autosuffisance alimentaire les plus bas parmi toutes les grandes économies du monde. Son taux de consommation calorique, qui s’inscrivait à 79% en 1960, a fortement diminué et ne se chiffre plus qu’à environ 40% actuellement1. Le pays s’est fixé pour objectif un taux d’autosuffisance alimentaire de 45% d’ici 2030, mais devra surmonter de nombreuses difficultés pour y parvenir. Les montagnes couvrent deux tiers du pays et les exploitants agricoles sont, d’une part, de moins en moins nombreux et, d’autre part, de plus en plus âgés (67 ans en moyenne)2.
Pour faire avancer les choses, le gouvernement s’est tourné vers l’agriculture numérique qui, il l’espère, pourrait lui permettre de développer un programme alimentaire plus cohésif et plus soutenable. En 2016, le Bureau du Cabinet a annoncé son intention de transformer l’agriculture en un domaine de croissance à l’aide des mégadonnées, de l’Internet des objets et de l’intelligence artificielle3. Le gouvernement a donc fait avancer les réformes agricoles, avec la publication par le ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche d’une feuille de route pour l’expansion commerciale vers les services et les technologies d’agriculture intelligente4. Avec l’aide des producteurs, des gouvernements municipaux, du National Agriculture Research Institute et du secteur privé, plus de 121 sites de production accueillent des projets d’agriculture intelligente5.
L’agriculture numérique pourrait vraiment changer la donne. Les agriculteurs peuvent utiliser des capteurs, des réseaux de communication, des aéronefs téléguidés, des solutions d’intelligence artificielle, des outils robotiques et d’autres composantes de l’Internet des objets à des fins d’analyse de données, de gestion, de traitement, de prise de décisions et de mise en œuvre6. Ils bénéficient ainsi d’un très large éventail de points de données, grâce à des satellites météorologiques, des radars ainsi que des systèmes d’observation de la Terre et de détection à distance, qui leur permettent de surveiller les conditions météorologiques, les températures, l’humidité, etc. Les images satellite et les GPS peuvent également servir à surveiller en temps réel l’application des engrais, la consommation d’eau et l’état des sols, ainsi qu’à prévoir les rendements des cultures. L’intelligence artificielle peut aider les agriculteurs à prendre de meilleures décisions pour leurs cultures, ainsi qu’à choisir les meilleures semences hybrides possibles. Elle peut également faciliter le développement d’une agriculture de précision dans le but d’améliorer la qualité et l’exactitude des récoltes7. De plus, grâce à la connectivité mobile, les exploitants agricoles peuvent décupler leur rentabilité et leur stabilité économique.
Au Japon, on estime que l’agriculture numérique permettra de répondre aux pénuries d’eau que le pays prévoit, de sorte que même les agriculteurs inexpérimentés pourront gérer leur consommation d’eau de façon plus efficace et augmenter leur productivité dans des zones où l’accès à l’eau est limité. La « fertigation », une technique agricole combinant la fertilisation et l’irrigation, permet d’utiliser de petits tuyaux acheminant de l’eau et de l’engrais aux racines mêmes des cultures plutôt que d’appliquer de grandes quantités d’eau à l’aide d’arroseurs. Le Japon fait des progrès en la matière grâce à l’Internet des objets et à l’intelligence artificielle8, les données étant collectées à l’aide de capteurs de sol et de lumière. Des solutions d’intelligence artificielle analysent ensuite les données afin de déterminer la dose nécessaire d’eau et d’engrais. Cette approche est donc beaucoup plus soutenable.
Selon le Yano Research Institute, le marché de l’agriculture intelligente devrait presque tripler au Japon, passant d’un chiffre d’affaires de JPY 15,87 milliards en 2019 à une estimation de JPY 44,28 milliards en 2025.9
Valoriser le capital naturel
Chez Lombard Odier, nous pensons que l’agriculture numérique jouera un rôle important dans la révolution de la soutenabilité que nous devons mettre en œuvre pour transformer notre avenir. Selon EY, la population mondiale pourrait augmenter de près de 40% et atteindre 9,6 milliards de personnes d’ici 2050. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoit quant à elle que le secteur agricole devra produire 70% d’aliments en plus mais ne pourra utiliser que 5% de terres en plus10.
Notre vision d’un avenir soutenable est celle d’une économie CLIC™, c’est-à-dire fondée sur un modèle circulaire, efficient, inclusif et propre. Ce modèle adapté au numérique stimule l’innovation, exploite les inefficiences, identifie les valeurs cachées et encourage la rupture avec les modèles d’affaires établis. Il est impératif que nous parvenions à séparer la croissance économique de son impact écologique. A notre sens, la croissance économique avancera grâce à une production et une consommation plus soutenables, et non malgré elles.
Il nous semble que les changements sont nécessaires en premier lieu dans le secteur agricole et l’industrie forestière. Les modèles existants ne nous permettent pas de valoriser le capital naturel ; c’est l’économie du « prendre-utiliser-jeter ». Nous sommes convaincus que la numérisation est une solution clé car elle facilitera la soutenabilité et la régénération dans le secteur agricole.
La soutenabilité agricole influencera à son tour la totalité de la chaîne alimentaire, ainsi que le secteur industriel et celui des services aux collectivités. C’est pourquoi d’autres pays choisissent eux aussi d’appliquer l’approche japonaise. Le secteur mondial de l’agriculture numérique devrait croître à hauteur d’un taux annuel composé de 10,26% et passer d’USD 11,527 milliards en 2019 à USD 20,713 milliards en 202511.
L’agriculture numérique n’en est qu’à ses débuts au Japon, mais de récentes initiatives laissent présager un avenir brillant et soutenable.
1 https://www.japantimes.co.jp/news/2019/08/06/national/japans-food-self-sufficiency-rate-hits-lowest-level-25-years-due-drop-wheat-production/
2 https://www.ecos.eu/files/content/downloads/publikationen/REPORT_Smart_Farming.pdf
3 https://www.ecos.eu/files/content/downloads/publikationen/REPORT_Smart_Farming.pdf
4 https://www.ecos.eu/files/content/downloads/publikationen/REPORT_Smart_Farming.pdf
5 https://www.oecd-ilibrary.org/sites/751935f0-en/index.html?itemId=/content/component/751935f0-en
6 http://breakthrough.unglobalcompact.org/disruptive-technologies/digital-agriculture/
7 https://www.forbes.com/sites/cognitiveworld/2019/07/05/how-ai-is-transforming-agriculture/
8 https://www.japan.go.jp/technology/innovation/digitalfarming.html
9 https://www.ecos.eu/files/content/downloads/publikationen/REPORT_Smart_Farming.pdf
10 https://www.ey.com/en_uk/digital/digital-agriculture-data-solutions
11 https://www.researchandmarkets.com/reports/5215177/global-digital-agriculture-market-forecasts
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