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    Comment Danone devient un moteur de changement durable dans l’agroalimentaire – Entretien avec Blandine Stefani, responsable B Corp chez Danone

    Comment Danone devient un moteur de changement durable dans l’agroalimentaire – Entretien avec Blandine Stefani, responsable B Corp chez Danone

    Alors que l’industrie alimentaire est un secteur qui polarise l’attention, la multinationale Danone s’est engagée depuis longtemps à changer le cours des choses, aspirant à ouvrir la voie vers une économie circulaire, au bénéfice de la planète et de la santé de la population mondiale. Nous nous sommes entretenus avec Blandine Stefani, responsable B Corp chez Danone, lors du sommet européen B Corp qui s’est tenu à Amsterdam les 23 et 24 septembre.

     

    Comment Danone, véritable poids lourd dans l’agroalimentaire, est-elle parvenue à s’imposer comme une marque durable ? Quels ont été les plus grands défis et les plus grandes réussites ?

    Danone célèbre cette année ses 100 ans d’existence. Depuis notre fondation, notre vocation première a toujours été l’innovation au service de la santé. Il y a un demi-siècle déjà, notre fondateur et président Antoine Riboud, déclarait : « la responsabilité sociétale de l’entreprise ne s’arrête pas aux portes de l’usine ». Fidèle à cette philosophie, il a ensuite défini le double-projet qu’il nous a transmis: celui d’allier réussite économique et progrès social. Depuis, Danone multiplie les initiatives pionnières comme Danone Communities (un fonds d’investissement social créé en partenariat avec le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus), ou la collaboration, avec des personnes vulnérables telles que les collecteurs de déchets ou les petits agriculteurs, afin de leur assurer une vie décente.

     

    Plus récemment, notre président-directeur général Emmanuel Faber a lancé deux initiatives dirigées par des entreprises pour, promouvoir la croissance inclusive restaurer la biodiversité naturelle et cultivée. Mais nous ne pouvons pas nous contenter d’en rester là, alors que la crise climatique et bien d’autres défis appellent une mobilisation encore plus forte. Nous sommes intimement convaincus que la santé de la population et la santé de la planète sont étroitement liées, et que notre rôle en tant qu’acteur majeur du secteur agroalimentaire est de favoriser des habitudes plus saines et plus durables.

    Nous sommes intimement convaincus que la santé de la population et la santé de la planète sont étroitement liées, et que notre rôle en tant qu’acteur majeur du secteur agroalimentaire est de favoriser des habitudes plus saines et plus durables.

     

    Comment Danone met-elle en œuvre la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) ?

    Je n’adhère pas complètement au concept de RSE, car on pourrait croire qu’il s’agit d’une thématique à part. Or, chez Danone, la durabilité fait partie intégrante de notre stratégie et de notre mode de fonctionnement. Chaque membre de notre organisation, quel que soit son poste, peut devenir un activiste du changement et l’impulser. C’est un état d’esprit que le processus de B Corp vient encore accentuer. Si nous voulons parvenir à changer le système, nous devons avoir le soutien de tous. Et cela nous donne des responsabilités, car les employés s’investissent de plus en plus dans le processus et en faveur de ce changement qu’ils appellent de leurs vœux.

     

    Vous êtes une grande entreprise dotée de filiales dans le monde entier. Comment avez-vous réussi à faire en sorte que ces différentes entités et leurs employés adhèrent au projet de certification ?

    Dans un premier temps, notre objectif était de fédérer 10 filiales et de les mobiliser sur une base volontaire. Notre appel s’adressait aux directeurs généraux locaux qui pensaient que la certification B Corp ajouterait de la valeur à leur entreprise et qu’elle était une bonne chose pour eux. Nous avons donc commencé avec ces filiales volontaires puis avons lancé une dynamique.

     

    La première certification nous a demandé beaucoup de temps et d’énergie. Au niveau du groupe, nous avons mis en place une petite équipe chargée spécifiquement d’apporter son soutien aux filiales, ce qui nous a permis de partager les bonnes pratiques. C’était loin d’être gagné au départ, mais je dois dire que le bouche à oreille suite aux expériences avec les 10 premières entités a contribué à convaincre de nouveaux volontaires d’y participer. Aujourd’hui, plus de 30% du chiffre d’affaires mondial de Danone est couvert par la certification B Corp. Nous avons bien avancé.

    D’autant plus que nous renouvelons le processus chaque année et recevons de nombreuses candidatures en réponse à nos appels aux volontaires. Nous vérifions que l’entité est en mesure d’obtenir la certification, que ses dirigeants appuient le projet et qu’ils peuvent lui accorder la priorité requise.  Une fois certifiée, chaque filiale entame un processus axé sur l’élaboration de plans d’amélioration continue et la création d’un impact positif. Et les employés sont pleinement investis dans ce processus.

    Notre ambition est de devenir l’une des premières multinationales totalement certifiées d’ici 2030.

    Quel a été l’impact de la certification B Corp sur vos fournisseurs de lait ?

    La filière laitière est un maillon clé de notre chaîne d’approvisionnement. Nous travaillons avec environ 70’000 exploitations, des petites comme des grandes. Et environ 25% de l’évaluation de B Corp porte sur l’impact des chaînes d’approvisionnement dans lesquelles les agriculteurs jouent un rôle majeur.

    Nous avons conclu des contrats à long terme avec les exploitants et notre engagement au sein de B Corp nous encourage à lancer de nouvelles initiatives, telles que le développement de produits biologiques ou l’aide aux exploitants pour passer à des pratiques plus durables. Un de nos fournisseurs envisage même de prétendre lui-même à la certification B Corp.

     

    Quelle est la dernière mesure que vous avez prise pour réduire votre empreinte carbone ?

    Lors du sommet européen B Corp, il a beaucoup été question du défi des déchets d’emballage. Nous nous engageons à accélérer la transition vers une économie circulaire dans ce domaine, en repensant tous nos emballages de façon à ce qu’ils soient recyclables, réutilisables ou compostables d’ici 2025. De même, nous développons des systèmes de collecte et de recyclage qui permettent de continuer à utiliser les matériaux d’emballage existants. C’est le cercle vertueux que nous essayons de mettre en place.

    Notre marque emblématique Evian s’est ainsi engagée à être 100% circulaire d’ici 2025. Sur de nombreux marchés, notamment en Indonésie et en Espagne, nous avons lancé des bouteilles en PET 100% recyclé. Par ailleurs, en France, en Allemagne, en Suisse et en Belgique, nous avons récemment lancé notre Eco-Fontaine 8L Volvic en PET 100% recyclé. Ce sont des pas décisifs dans la bonne direction.

    Quelle que soit leur envergure, toutes les entreprises engagées dans le mouvement B Corp doivent faire preuve de courage et de résilience.

    Le gouvernement français soutient-il l’adoption de mesures durables ?

    Ces derniers mois, la « Loi PACTE » a fait l’objet de grands débats au sein du gouvernement. Aux termes de cette nouvelle loi, qui va dans la bonne direction à mon sens, toute entreprise doit jouer un rôle qui dépasse la simple recherche du profit pour les actionnaires et devrait se doter d’une « raison d’être ».

     

    Que faites-vous au quotidien pour avoir un impact positif sur la planète ?

    Mes enfants sont ma « boussole ». Ils comprennent ce que je fais au travail et estiment que je dois assumer la responsabilité des choix que je fais : ils me demandent d’où viennent les kiwis que j’ai achetés, ou pourquoi je ne conduis pas de voiture électrique... Ils aiguisent encore plus ma conscience.

    Ce qui me motive personnellement, c’est de parvenir à mettre en phase ce que j’essaie d’accomplir avec ma famille et ce que je fais chez Danone et qui, je l’espère, contribue à une plus grande échelle à créer un avenir durable pour eux.

     

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