perspectives d’investissement
Big data : un diagnostic en temps réel de la reprise économique
Lombard Odier Private Bank
Points clés
- La reprise économique suscite l’intérêt des investisseurs et des marchés financiers
- Combiné à des analyses pointues, le big data permet d’enrichir les processus d’investissement et les prévisions économiques
- Les économies mondiales se rétablissent en deux phases avec l’Asie en tête, suivie par les principaux pays européens. Les États-Unis et le Royaume-Uni sont à la traîne
- Une reprise en forme de V est intégrée dans les marchés actions avec un faible potentiel à la hausse. Une évolution que nous suivrons de près grâce à nos outils d’analyse.
Après six semaines en mer, le vraquier Anetos a accosté dans le port de Xiamen, en Chine, le 11 juin 2020 avant 22h00, heure locale. Le navire battant pavillon des îles Marshall transportait une cargaison de concentré de cuivre en provenance du Chili. En lui-même, cet instantané du négoce international ne dit pas grand-chose de l’état de l’économie mondiale. Croisé avec des milliers d’exemples similaires et corrélé à d’autres indicateurs, il a le potentiel de renforcer ou de contredire les convictions des investisseurs concernant l’évolution du commerce mondial.
Combinée à des analyses pointues, l’exploitation des données massives, ou big data, ouvre désormais de nouvelles opportunités pour les perspectives économiques et les idées d’investissement. Les technologies de traçage installées dans les équipements, des téléphones mobiles aux navires de transport commercial, ont façonné ce gigantesque volume d’informations pour le rendre granulaire et rapidement disponible. En se basant sur les données relatives au transport maritime fournies par les autorités chinoises, les investisseurs devront attendre au moins un mois pour dégager une tendance sur les importations dans le pays. A l’heure où nous publions ces lignes, les derniers chiffres disponibles datent d’avril 2020. Alors que les navires commerciaux sont équipés d’un système d’identification traçant leur position minute après minute, ou même, lorsqu’ils bougent, seconde après seconde.
Les outils axés sur le big data sont en mesure de nous signaler les navires de marchandises dans les ports chinois en l’espace de 24 heures. De surcroît, en comparant les sources de données officielles avec les données en temps réel croisées, on remarque de fortes corrélations avec les statistiques officielles du commerce mondial. Plus important encore, cela améliore notre compréhension de l’état de santé de l’économie mondiale, presque en temps réel.
La première vague épidémique paraissant désormais sous contrôle, nous souhaitons mieux comprendre le redressement économique en cours alors que les marchés financiers reflètent la conviction que le pire de l’impact de la pandémie se trouve derrière nous.
Le défi pour les investisseurs est de mesurer la progression vers la normalisation (cf. graphique 1), en comparaison avec les niveaux historiques de l’offre et de la demande. La pandémie est ainsi devenue un test puissant qui permettra d’évaluer le potentiel de la science des données.
Les bonnes séries de données peuvent nous aider à améliorer notre diagnostic en temps réel de la reprise économique et des tendances sur les marchés financiers. Ces données alternatives sont également utiles dans le cadre de nos décisions de placement et dans la construction de nos portefeuilles. Nous choisissons soigneusement nos sources et utilisons un flux d’informations en provenance de toutes les régions. Avant de pouvoir inclure un ensemble de données, nous le comparons avec d’autres indicateurs afin de nous assurer qu’il ajoute de la valeur à nos prévisions.
Nous pouvons ensuite utiliser ces informations pour combler le manque de données entre les dates de publication de chiffres officiels. Les nouvelles sources de données nous permettent aussi de prendre en considération des mesures telles que la pollution et la mobilité, qui n’étaient pas disponibles auparavant. La pandémie donne vie à ces avancées statistiques tandis que nous tentons de suivre la reprise économique au plus près du temps réel, grâce à ces nouveaux outils.
Données massives : les sept piliers de la sagesse
Nous observons sept signaux à haute fréquence : l’import/export, le niveau de congestion des villes, les données relatives à la mobilité, le commerce de détail, la présence sur le lieu de travail et les niveaux de pollution de l’air. Ensemble, ces éléments témoignent du niveau de reprise économique par rapport à la moyenne de ces trois dernières années, ou de 2019.
Le traçage de la qualité de l’air indique un rebond de l’activité industrielle et nous utilisons des indicateurs permettant de connaître le nombre de personnes se trouvant sur les sites de travail, croisés avec les données de mobilité et les indicateurs de congestion des villes, par rapport aux moyennes historiques. Cela nous apprend beaucoup sur le rythme de l’activité économique.
Les données économiques globales, et plus spécifiquement le big data, indiquent que la reprise se produit en deux phases. Tout d'abord, une phase de redressement rapide qui intervient immédiatement après la levée du confinement. Puis, la deuxième phase qui devrait être plus longue du fait que certains secteurs, comme le voyage et le tourisme, resteront en berne pour longtemps encore. Les taux de chômage, qui se situent à des niveaux records dans de nombreuses économies, devraient redescendre lentement ces deux ou trois prochains trimestres pour renouer avec des niveaux proches de ceux enregistrés avant la pandémie.
Nous nous attendons à ce que de nombreuses économies aient retrouvé plus de 85% de leur niveau d’activité d’avant Covid à la fin de l’année. Il convient de noter que la Corée du Sud, le Japon et la Chine ont déjà franchi ce seuil.
Le deuxième graphique utilise des flèches de couleur afin d’illustrer la direction du momentum économique. Il indique que la plupart des économies du G20 ont déjà passé le creux de la vague. La plupart des pays de l’Union européenne, y compris la France, l’Allemagne et l’Italie, ainsi que la Suisse, connaissent une accélération après avoir levé le confinement.
La corrélation entre la rapidité du confinement et la reprise économique est claire. Les économies du nord-est asiatique mènent le processus de normalisation, tandis qu’en Europe, le Royaume-Uni, qui a tardé à imposer les mesures du confinement, accuse toujours un retard sur ses voisins du continent.
Risques et marchés
Le principal risque qui pèse sur la reprise économique est évidemment l’éventualité d’une seconde vague pandémique. Les États-Unis connaissent une augmentation du nombre de cas, y compris les 25'000 cas recensés au 13 juin et qui reflètent en partie une augmentation des tests. De plus, la survenue de nouvelles infections à Pékin ces quatre derniers jours, après une période de 55 jours avec aucun cas recensé, a provoqué de nouveaux confinements dans certains quartiers de la capitale chinoise. Toutefois, il convient de rappeler que les outils pour gérer une résurgence des infections sont plus efficaces qu’ils ne l’étaient trois mois plus tôt.
Alors que les risques pandémiques ont globalement diminué, spécialement aux États-Unis, dans l’Union européenne et dans les pays émergents, les marchés ont intégré une reprise en forme de V, ce qui laisse un faible potentiel de rendement ajusté au risque supplémentaire pour les actions. Les attentes bénéficiaires pour cette année ont chuté en phase avec le ralentissement économique, mais depuis le début de la levée des confinements, elles ont commencé à se stabiliser.
Le S&P 500 se négocie actuellement à un niveau qui reflète sa juste valeur. En supposant un rebond économique rapide, cela laisse peu de potentiel de hausse pour les investisseurs en actions ces douze prochains mois. Nous continuons à surveiller les signaux que nous envoient nos outils d'analyse afin de confirmer qu’une reprise en forme de V est effectivement en cours, ainsi que la saison des résultats du deuxième trimestre, et restons prêts à ajuster les portefeuilles de nos clients à tout ralentissement potentiel.
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