perspectives d’investissement

    De nouvelles approches dans un contexte de cycle mature

    De nouvelles approches dans un contexte de cycle mature
    Stéphane Monier - Chief Investment Officer<br/> Lombard Odier Private Bank

    Stéphane Monier

    Chief Investment Officer
    Lombard Odier Private Bank

    Points clés

    • Le commerce mondial demeure le principal facteur d'incertitude. Une résolution du différend américano-chinois semble de plus en plus lointaine.
    • Le moindre ralentissement de la consommation américaine pourrait provoquer un recul du marché.
    • Si les approches quantitatives fondées sur les nouvelles sources de données se généralisent, elles nécessitent une analyse pointue.
    • Les critères de soutenabilité continueront à générer de la valeur.

    Dix ans après le début du cycle haussier, les investisseurs guettent les signes qui pourraient annoncer sa fin. Cet article est le fruit du dernier événement en date d'une série régulière de séminaires de Lombard Odier, qui a réuni les spécialistes de recherche actions ainsi que des intervenants externes.

    L’adage veut que les marchés haussiers ne meurent pas de vieillesse, mais des craintes d’une récession. Une économie en surchauffe ou des banques centrales qui augmentent les taux pour juguler l’inflation ont toujours fini par venir à bout d’un cycle haussier. Pour l'instant toutefois, aucune menace ne semble s’annoncer. Mais il existe un déclencheur potentiel : la peur que nourrit l'incertitude.

    Si les marchés actions américains se situent actuellement à leur juste valeur, avec un ratio cours / bénéfice du S&P 500 22 fois plus élevé que sa moyenne historique légèrement supérieure à 16, le danger d’un choc de volatilité demeure présent.

    Près de la moitié du capital investi sur les marchés américains est déployé dans des stratégies passives et/ou des placements effectués sur la base d’algorithmes pour le compte d’investisseurs particulièrement sensibles à l’exposition au risque de leur portefeuille. En effet, dans le contexte actuel de faibles rendements, de nombreux investisseurs souhaitent avant tout équilibrer les risques. Mais toute contraction de liquidité aurait des conséquences brutales sur l'ensemble du marché. Prenons l’exemple de la chute brutale de liquidité courant quatrième trimestre de 2018, qui n’a fait qu’accentuer la baisse de 17% que le marché a accusée au cours de ces trois mois-là.

     

    Les caprices du commerce international

    Qu'est-ce qui nourrit les craintes des investisseurs ? Si le commerce mondial reste le principal frein à l’expansion économique actuelle, il s’agit avant tout des ‘‘caprices’’ que le président américain exprime au travers de ses tweets. Ces derniers jours, la situation s'est encore aggravée suite aux informations selon lesquelles les États-Unis pourraient limiter les investissements entrants en Chine ainsi que la possibilité pour les entreprises chinoises de commercer aux États-Unis.

    Qu'est-ce qui nourrit les craintes des investisseurs ? Si le commerce mondial reste le principal frein à l’expansion économique actuelle, il s’agit avant tout des ‘‘caprices’’ que le président américain exprime au travers de ses tweets.

    Pour le moment, l’effet ne s’en est pas fait ressentir sur la consommation américaine, qui représente encore plus des trois quarts de l’économie du pays. Cependant, comme les bénéfices que les allégements fiscaux ont octroyés à l'économie américaine en 2018 sont désormais effacés par l’impact des tarifs douaniers, les investisseurs doivent rester vigilants face à tout signe éventuel de ralentissement de la consommation américaine, qui pourrait provoquer un recul économique plus marqué. Alors que nous abordons le dernier trimestre de l'année, les comparaisons favorables entre 2019 et 2018, en année et en trimestre glissants, ne doivent pas nous donner une appréciation artificiellement positive de la santé de l'économie sous-jacente.

    Les investisseurs doivent rester vigilants face à tout signe éventuel de ralentissement de la consommation américaine, qui pourrait provoquer un recul économique plus marqué.

    Il semble également clair maintenant que les répercussions sur le commerce chinois ne sont pas celles qui avaient été escomptées. Les exportations de la Chine vers le reste du monde demeurent stables, grâce à ses investissements dans la logistique et à sa capacité à utiliser des pays tiers tels que le Vietnam ou le Cambodge comme intermédiaires d’exportation. Si la Chine souffre d’un chômage croissant, son économie achève cependant sa transformation économique, aujourd’hui principalement axée sur les services. Cela la rend moins dépendante des importations américaines et contribue à atténuer les effets du conflit commercial.

    Toutefois, l’intensification des tensions ne fait qu’augmenter la probabilité d'un ralentissement marqué de l'économie mondiale ou d'une récession aux États-Unis. Si le différend commercial ne trouve pas d’issue l'année prochaine pendant la campagne électorale, les démocrates américains risquent de ne pas pouvoir proposer non plus de solution rapide au conflit. Ils ne sont en effet pas plus favorables au libre-échange avec la Chine que Donald Trump ; seules leurs motivations diffèrent.

    Toutefois, l’intensification des tensions ne fait qu’augmenter la probabilité d'un ralentissement marqué de l'économie mondiale ou d'une récession aux États-Unis.

    De nouvelles sources de données

    Pour l’instant, la liquidité fournie par les banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale américaine, a soutenu les valorisations dans ce contexte de faibles rendements.

    Cette évolution fondamentale pousse les investisseurs à rechercher de nouvelles sources d’alpha sur le marché actions. Nous estimons que deux grands thèmes seront porteurs : l'intégration de la soutenabilité et l'utilisation de sources alternatives de données dans le processus d'investissement.

    Nous sommes convaincus que la soutenabilité sera source de performance et qu’elle offre des opportunités considérables.

    Alors que le cycle haussier approche de son terme, le grand public est de plus en plus conscient des dangers et de l'ampleur des défis climatiques auxquels nous sommes confrontés. Cette évolution de l'opinion publique, ainsi que l’évaluation scientifique toujours plus précise des préjudices associés, auxquelles s’ajoute la recherche de rendement, expliquent également la prise de conscience croissante du rôle que les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) peuvent jouer dans les décisions d’investissement.

    Les entreprises capables de décrypter ces changements et qui cherchent à en atténuer les risques sont en effet les mieux placées pour générer des rendements solides.

    Nous sommes convaincus que la soutenabilité sera source de performance et qu’elle offre des opportunités considérables grâce aux avancées technologiques et à l’émergence de solutions qui favorisent la croissance tout en dégageant des gains d’efficience et en limitant notre empreinte écologique. Les entreprises capables de décrypter ces changements et qui cherchent à en atténuer les risques sont en effet les mieux placées pour générer des rendements solides ; elles disposent de fait d'un avantage concurrentiel. Dans notre récente campagne de marketing, nous avons appelé ces sociétés « aigles », et leurs concurrentes moins agiles, « autruches ».

    Ce processus d’analyse s’appuie en grande partie sur notre méthodologie propriétaire, qui repose sur trois piliers : la durabilité du modèle financier, des pratiques d’entreprise et du modèle économique. Nous analysons ensuite l’exposition des entreprises à d’éventuelles controverses ainsi que leur degré de conformité aux Objectifs de développement durable des Nations Unies. Ce cadre nous permet de construire des portefeuilles qui correspondent aux valeurs de nos clients.

    Les données sont un facteur essentiel pour comprendre l'évolution de l’univers des investissements et pour identifier de nouvelles opportunités. Ceci étant, les données traditionnelles, accessibles à tous, ne fournissent plus l’avantage qu’elles octroyaient auparavant, qu’il s’agisse des prévisions de bénéfices, des taux d’intérêt ou des prévisions économiques officielles.

    Ces approches peuvent par exemple recourir à l'intelligence artificielle, enrichie par les opinions que les médias sociaux portent sur une entreprise.

    L’avantage de l’expertise

    En lieu et place, les approches quantitatives fondées sur les nouvelles sources de données se généralisent. Ces approches peuvent par exemple recourir à l'intelligence artificielle, enrichie par les opinions que les médias sociaux portent sur une entreprise. Elles utilisent des données en provenance de satellites, agrègent les transactions effectuées par carte de crédit ou bien les localisations des téléphones portables, et développent l'apprentissage automatique. La technologie génère ainsi des informations pour mieux investir et pour générer des avantages compétitifs potentiels.

    Les investisseurs qui souhaitent identifier les risques au moyen de sources alternatives doivent également savoir faire la différence entre un signal potentiel et le bruit statistique.

    Néanmoins, si sophistiquées que soient les données, l’efficacité de ces approches dépend de la pertinence et de la justesse des questions posées, ainsi que de l’interprétation des résultats. Les investisseurs qui souhaitent identifier les risques au moyen de sources alternatives doivent également savoir faire la différence entre un signal potentiel et le bruit statistique. En fin de compte, l’historique de performance constituera la preuve la plus éloquente de leur succès ou de leur échec.

    Nous pensons que l’application de critères de soutenabilité a du sens dans le cadre de la construction de portefeuille et même lorsque le marché haussier aura pris fin, cette approche pourra certainement permettre d'identifier les actifs financiers qui présentent le meilleur profil de risque/rendement.

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