perspectives d’investissement

    Les marchés marquent un temps de réflexion face à des bénéfices meilleurs que prévus

    Les marchés marquent un temps de réflexion face à des bénéfices meilleurs que prévus
    Stéphane Monier - Chief Investment Officer<br/> Lombard Odier Private Bank

    Stéphane Monier

    Chief Investment Officer
    Lombard Odier Private Bank

    A mi-parcours de la saison des résultats du quatrième trimestre, nous présentons une analyse des chiffres publiés jusqu’ici. Au moment où nous écrivons ces lignes, 60% des sociétés du S&P 500 ont déjà communiqué leurs résultats, contre 35% des sociétés européennes et 60% des sociétés japonaises.

    Les attentes des marchés pour cette période de résultats étaient si faibles qu'un certain nombre de sociétés se sont vues récompensées alors qu’elles n’avaient guère fait mieux que de dépasser les prévisions. Il est aussi apparu clairement que, compte tenu des incertitudes globales, les entreprises ne voient aucune raison d’augmenter leurs prévisions de résultats pour le reste de l’année en cours. Cette situation contraste avec celle de la saison des résultats du troisième trimestre, où les marchés avaient puni les entreprises qui avaient publié des prévisions, des bénéfices et des revenus jugés insuffisamment solides (voir notre article du 14 novembre).

    Le Global Fund Manager Survey du mois dernier (une enquête menée chaque mois par BofAML auprès de 200 gérants de fonds dans le monde) a révélé que 60% des investisseurs s'attendaient à un ralentissement économique au cours de la prochaine année, soit le pire niveau enregistré depuis juillet 2008, deux mois avant la faillite de Lehman Brothers. Au lieu de récession, l’enquête parle plutôt de « stagnation séculaire », marquée par une croissance inférieure à la tendance.

    Au lieu de récession, l’enquête parle plutôt de « stagnation séculaire », marquée par une croissance inférieure à la tendance.

    Cela n’est guère surprenant dans le contexte de marchés fortement baissiers de fin 2018. La contraction globale de 13% qu’ont subie les marchés actions au dernier trimestre de 2018 représente la chute la plus forte qu’ils aient connue depuis le troisième trimestre de 2011. Le recul de l’indice S&P 500 en décembre est le plus sévère qu’il ait enregistré ce mois-là depuis 1931. Ce repli a cependant été suivi par une hausse de 7,76% de l’indice MSCI World et de plus de 8% du S&P 500, depuis début 2019, plaçant de nombreux investisseurs dans l’expectative. Alors que les résultats de certaines entreprises ont été salués par la hausse du cours de leurs actions, la période de publication des résultats semble davantage témoigner d’une réaction à la fin d’année 2018 qu’annoncer la tendance des valorisations pour 2019. Néanmoins, les valorisations ne semblent pas indiquer qu’une récession surviendra en 2019 (voir graphique 1).

    …, la période de publication des résultats semble davantage témoigner d’une réaction à la fin d’année 2018 qu’annoncer la tendance des valorisations pour 2019.

    Les investisseurs sont attentifs à trois menaces potentielles. Tout d’abord, et à échéance très proche, ils redoutent l’éventualité d’une deuxième paralysie de l’administration américaine, qui pourrait se produire dès le 15 février si le désaccord entre le président des États-Unis et les démocrates persiste quant au souhait de Donald Trump de bâtir un mur à la frontière du pays avec le Mexique. Ensuite, ils craignent qu’il n’y ait pas d’autre réunion de négociation commerciale bilatérale entre les États-Unis et la Chine avant que ne survienne une nouvelle augmentation des droits de douane au 1er mars. Enfin, ils doivent faire face à l’incertitude politique qui règne au Royaume-Uni quant à la date butoir du 29 mars, jour où le pays devrait quitter l’Union européenne.


    Les résultats aux États-Unis, en Europe, au Japon et dans les pays émergents

    Les actions des GAFAN (Google, Apple, Facebook, Amazon et Netflix) ont largement dépassé les attentes, tandis que les secteurs des semi-conducteurs, de la distribution, de la santé et des biotechnologies se sont avérés décevants. Alphabet, la société mère de Google Inc., a surpassé ses prévisions de bénéfices et de revenus, bien que son action ait perdu du terrain à la suite de l’annonce de ses résultats. De son côté, Twitter a publié des bénéfices et des revenus supérieurs aux attentes, mais a déçu le marché en indiquant que ses dépenses devraient augmenter. Dans le secteur industriel, les estimations ont été à peu près conformes, voire légèrement plus basses, avec un ralentissement qui est prévu pour 2019, alors que les marchés émergents, en particulier l'Inde et le Brésil, font preuve d’une certaine croissance. Le secteur de la santé a globalement sous-performé, avec des prévisions bénéficiaires moins bonnes que prévu, en raison d’une série d'incertitudes relatives aux prix, à l’environnement politique, aux projets en cours et à d’éventuelles fusions. Dans les secteurs des logiciels et des technologies de l’information, Apple a surpris le marché en publiant un avertissement sur ses bénéfices en début d’année, avant d’annoncer une baisse de 5% de ses ventes totales à la fin du mois de janvier. Il est intéressant de noter que, depuis l’avertissement donné par Apple début janvier, son action a progressé de 20%.

    De nombreuses sociétés du S&P 500, notamment Netflix Inc., Delta Air Lines Inc. et Estée Lauder Cos. affichent au premier trimestre des bénéfices en dessous des attentes, dont elles attribuent la cause à la détérioration des perspectives de l'économie mondiale et à l'incertitude qui entoure la politique commerciale menée par les États-Unis vis-à-vis de la Chine.

    Tout élément susceptible d’indiquer un apaisement dans le conflit commercial qui oppose les États-Unis à la Chine jouerait en faveur de secteurs comme la production industrielle, notamment de machines et d’équipements, les mines, les métaux, l'automobile et l'aérospatiale, pour n’en citer que quelques-uns. À l'inverse, si les tensions entre les États-Unis et la Chine s’aggravaient, une exposition plus large aux actions américaines par rapport à celles du reste du monde serait adéquate.


    Les attentes bénéficiaires

    Selon les estimations de Bloomberg, les bénéfices par action (BPA) prévus par le consensus devraient croître de 5% en 2019 pour les sociétés du S&P 500. Cela représenterait des rendements respectables pour 2019, à la condition qu’aucun événement majeur de cette année ne vienne perturber l’économie mondiale. Les perspectives pour l’indice STOXX Europe 600, qui tablent sur une croissance de 9%, sont moins fiables et susceptibles d’être révisées à la baisse. De leur côté, les BPA des sociétés de l’indice TOPIX japonais devraient augmenter de 1% et, pour celles de l’indice MSCI Emerging Markets, de 5%.

    La Réserve fédérale américaine (Fed) a rassuré les marchés en adoptant une posture accommodante dans son communiqué de janvier, qui n’a pas fait mention d’un relèvement des taux. Le rebond des actions ne s’est toutefois pas encore achevé, et si les marchés devaient se montrer plus robustes cette année, une hausse de la part de la Fed ne pourrait être exclue. Le S&P 500 est toujours inférieur de 7% à son pic de septembre mais, si les bénéfices continuent de croître, quoiqu’à un rythme moins rapide qu'en 2018, il y a de fortes chances pour qu’il revienne à ce niveau. Sur le très court terme, nous prévoyons néanmoins une période de consolidation des marchés.


    Sur le très court terme, nous prévoyons néanmoins une période de consolidation des marchés.

    La prudence affichée par la communauté des analystes en cette période de résultats pourrait se maintenir jusqu'au premier trimestre de 2019. Si le risque d’une nouvelle paralysie de l’administration américaine est écarté, si les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine ne se détériorent pas et si le Royaume-Uni trouve un moyen d'éviter un Brexit sans accord, la faiblesse des attentes bénéficiaires pourrait alors à nouveau récompenser les entreprises qui dégagent des bénéfices solides et qui offrent des prévisions plus confiantes.

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