Vers un avenir électrique : les investisseurs au cœur d’une nouvelle révolution industrielle

Interview publiée sur Letemps.fr, le 3 juillet 2023

Au cours des 30 prochaines années, le taux d’électrification de notre économie devrait passer de 20% à 70%. Pour les investisseurs, ce profond changement constitue une opportunité financière majeure.

De par l’ampleur dont elle affecte nos économies, la transformation de nos systèmes énergétiques constitue une véritable révolution. La chute rapide des prix et les formidables gains d’efficacité font apparaître des points de bascule dans l’économie, les technologies liées aux énergies renouvelables provoquant le déclin de l’utilisation des combustibles fossiles. L’électrification de la société est à la base de ce phénomène.

Aujourd’hui, l’électricité ne satisfait que 20% de notre approvisionnement en énergie. Pourtant, si nous voulons atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, nous devons porter le taux d’électrification de l’économie à 70% d’ici à 2050 et la majeure partie de notre électricité doit être issue de sources renouvelables à faible émission¹. Cela implique non seulement d’électrifier l’offre d’énergie, mais aussi la demande.

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De plus, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une multitude de gouvernements se sont engagés dans une course à l’investissement pour assurer leur sécurité énergétique par le biais de l’électrification afin de se départir de leur dépendance aux Etats pétroliers.

L’électrification est aujourd’hui en phase d’accélération exponentielle. En dix ans, le prix de l’électricité générée à partir de l’éolien et du solaire a chuté, l’énergie solaire devenant la source d’énergie la moins chère de l’histoire². En 2022, les investissements mondiaux dans les technologies énergétiques à faible émission de carbone ont dépassé les USD 1’000 milliards³ et, pour la première fois, davantage de capitaux ont été investis dans les énergies renouvelables que dans le maintien des infrastructures pour le pétrole et le gaz⁴.

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Le cercle vertueux de la demande

L’essor de nouvelles technologies suit généralement une courbe en « S ». Le changement est d’abord presque imperceptible, puis, lorsque les entreprises commencent à investir, les coûts se mettent à baisser et l’adoption grimpe en flèche.

Une offre propre et abordable n’est qu’un élément dans la grande histoire de l’électrification. Les technologies électriques et alimentées par des batteries s’approchent de leurs propres points de bascule. Les véhicules électriques représentent aujourd’hui 13% de toutes les ventes de voitures neuves⁵. Dans nos maisons, les pompes à chaleur satisfont déjà 10% des besoins en chauffage à l’échelle mondiale⁶.

Un cercle vertueux, où les énergies renouvelables abordables favorisent la demande d’électricité et la hausse de la demande accélère le développement des énergies renouvelables, se renforce. Dans le domaine de l’industrie lourde et le transport maritime p. ex., l’hydrogène « vert », produit grâce à l’électrolyse à partir d’électricité renouvelable, se positionne comme remplaçant des combustibles fossiles.

Sources de rendement inattendues

Pour électrifier notre économie, il faudra investir à grande échelle. Des investissements que nous estimons à USD 25’000 milliards au cours de cette seule décennie et qui permettront aux entreprises qui les encourent de se positionner sur des nouveaux marchés et de capturer des nouvelles sources de rendements pour leurs investisseurs.

Il s’agit d’une opportunité inédite pour ces derniers: une transformation de l’ampleur de la révolution industrielle qui se déroule à la vitesse de la révolution numérique. Par exemple, les véhicules électriques devraient représenter un marché de USD 1’700 milliards d’ici à 2030 avec une croissance de près de 20% par an.

Cette demande croissante incitera les propriétaires immobiliers à saisir de nouvelles sources de revenus qu’ils pourront tirer d’installations solaires combinées à du stockage pour vendre des services de chargement pour les véhicules électriques.