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    FT Rethink

    Tendances de la « Trashion » : des artisans kényans à la tête de la durabilité dans le secteur de la mode

    Toutes les semaines, des milliers de tonnes de vêtements usagés sont déversées dans les villes africaines, d’Accra à l’ouest à Nairobi à l’est. Les conteneurs de vêtements rejetés, venant d’organisations caritatives occidentales, finissent en Afrique. Oxfam estime qu’entre 50% et 70% de ses dons de vêtement sont envoyés sur le continent africain par l’intermédiaire de chaînes d’approvisionnement complexes de revendeurs de déchets textiles.

    Pour beaucoup, les marchés de vêtements d’occasion qui ont émergé dans le sillage de ces importations sont un moyen de survie, tant pour les vêtements à bas prix proposés que pour les emplois créés. Toutefois, cette marée de dons a sa part d’ombre. Au cours des dernières années, une proportion croissante de ces dons compte des articles de mode jetable qui n’ont leur place que dans une poubelle. Au Ghana, par exemple, 40% des importations de vêtements usagés (six millions d’articles par semaine) sont envoyés directement à la décharge1 ou sont brûlés à l’air libre. Ces importations ont également un grave impact social. Au Kenya, la montée en puissance du secteur est accusée de la perte de 96% des emplois du secteur textile local2.

    Dans le monde, l’équivalent d’USD 460 milliards de vêtements est jeté tous les ans et l’énorme empreinte environnementale du secteur… devrait croître de 60% au cours de la prochaine décennie

    Dans le monde, l’équivalent d’USD 460 milliards de vêtements est jeté tous les ans et l’énorme empreinte environnementale du secteur devrait croître de 60% au cours de la prochaine décennie. En effet, la mode est responsable de 10% des émissions de carbone imputables à l’être humain et l’équivalent d’un camion de vêtements est brûlé ou envoyé à la décharge toutes les secondes. En Afrique, plusieurs initiatives s’efforcent de remédier à cette situation, pour faire passer le continent d’une décharge de la mode mondiale à la fabrique par excellence de vêtements environnementalement et socialement durables.

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    Artisan Fashion

    Artisan Fashion ouvre la voie depuis son siège à Nairobi. Lancée par l’Ethical Fashion Initiative (EFI) de l’ONU, Artisan Fashion est une initiative internationale destinée à promouvoir « le développement durable et inclusif dans les économies émergentes ». Elle coordonne la production de vêtements, de sacs et d’accessoires pour de grands noms de la mode, dont Vivienne Westwood et Stella McCartney. Artisan Fashion, le premier projet de l’EFI qui met en relation les artisans vivant dans la pauvreté et la mode mondiale, est devenu un modèle à suivre. Des initiatives similaires de l’EFI ont depuis été lancées au Mali et au Burkina Faso. 

    Dans un monde où les consommateurs et les régulateurs accordent une importance croissante à la production durable, la collaboration avec Artisan Fashion confère un avantage aux marques

    Artisan Fashion a des objectifs précis : l’utilisation de matières premières aussi locales que possible et la promotion de techniques de fabrication dont l’impact environnemental est minimal. Pour les communautés locales, Artisan Fashion offre des formations et du travail qualifié et bien rémunéré. Plus de 95% de ses employés sont des femmes qui viennent souvent de communautés marginalisées ou défavorisées. En sus de fournir un travail artisanal de la meilleure qualité, Artisan Fashion assure une totale transparence sur la fabrication de tous les produits et l’EFI vérifie qu’ils respectent les normes environnementales et sociales les plus strictes. Dans un monde où les consommateurs et les régulateurs accordent une importance croissante à la production durable, la collaboration avec Artisan Fashion confère un avantage aux marques.

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    Convertir la mode à la circularité

    Artisan Fashion, qui travaille avec plus de 50 communautés dans la région, met également en place des infrastructures et du savoir-faire pour « surcycler » une partie des 180’000 tonnes de déchets textiles importés tous les ans au Kenya. Lancée en 2020, Converte World est une collaboration entre Artisan Fashion et l’ancienne créatrice de costumes Allison Turnley.

    Converte World, pionnière dans le recyclage à grande échelle de vêtements, a formé un groupe de créateurs, de revendeurs et d’artisans locaux et qualifiés qui conçoivent et fabriquent de nouveaux vêtements uniquement à partir de déchets textiles. Pour la fondatrice et associée Allison Turnley, l’idée de Converte est venue du constat de la marée de déchets textiles qui se déverse sur le pays : « En 2014, alors que j’étais à Oxford Street [à Londres], j’ai vu beaucoup de jeunes gens acheter des articles de mode tout le week-end. Quelques jours plus tard, je me suis rendue au Kenya et ai observé, au marché de Toi, des montagnes de vêtements sur les étals. C’est ce jour-là que j’ai ouvert les yeux sur le coût réel de la mode éphémère. »

    Une chemise est une chemise jusqu’à ce qu’elle perde sa fonction première. Après cela, elle devient une matière première. La mode durable est véritablement passionnante, mais elle est généralement très chère

    Allison Turnley est déterminée à rendre la mode durable aussi bon marché que la mode éphémère aujourd’hui. « Une chemise est une chemise jusqu’à ce qu’elle perde sa fonction première. Après cela, elle devient une matière première. La mode durable est véritablement passionnante, mais elle est généralement très chère. Si on examine le modèle linéaire de la mode éphémère, quels étaient ses atouts ? Démocratisation. Prix abordables. Je veux les conserver ».

    « La mode éphémère est une industrie qui pèse un milliard de dollars. J’ai compris que je ne pourrais pas, à moi seule, rivaliser avec ces énormes sociétés. Mais je peux m’en inspirer. Démocratiser la durabilité et transformer la chaîne de valeur. Nous avons décidé d’accroître l’échelle du modèle cyclique pour offrir une solution aux déchets et créer des emplois ».

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    La question pour les investisseurs sera de savoir si la mode plus responsable est commercialement viable. A en juger par Artisan Fashion, la réponse est clairement oui

    Le Fashion Pact

    Les initiatives comme Artisan Fashion et Converte constituent un bon exemple pour le secteur dans son ensemble, car les pressions pour un ralentissement de la mode éphémère s’intensifient. Lancée en 2020, l’initiative Fashion Pact est le signe que les grandes marques mondiales prennent au sérieux le problème des déchets et des émissions.

    En étroite collaboration avec Systemiq, le partenaire stratégique de Lombard Odier et leader du changement systémique, de grandes marques (dont Nike, Adidas et H&M) se sont engagées, sous la houlette de leurs CEO, à travailler ensemble pour atteindre certains objectifs environnementaux : assurer que d’ici à 2025 au moins 25% des principales matières premières utilisées dans la production ont un impact environnemental faible, atteindre d’ici à 2030 100% d’énergie renouvelable dans le cadre de leurs activités et garantir qu’au moins la moitié de tous les emballages plastiques soit recyclée.

    La question pour les investisseurs sera de savoir si la mode plus responsable est commercialement viable. A en juger par Artisan Fashion, selon son fondateur Robin MacAndrew, la réponse est clairement oui. « Il y a une dizaine d’années, nous étions un projet subventionné par les Nations Unies. De nombreux acteurs commerciaux ont sauté sur l’occasion et nous sommes devenus commercialement viables, mais aussi socialement durables. L’approche et [la viabilité économique] dérive[nt] de la durabilité. Il existe trois niveaux de rentabilité : la rentabilité environnementale, la rentabilité sociale et la rentabilité financière.


     

    Fast fashion: The dumping ground for unwanted clothes - BBC News
    How second-hand clothing donations are creating a dilemma for Kenya | Kenya | The Guardian

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