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La durabilité, une aubaine ?
Qu’est-ce que la certification B Corp et en quoi est-ce une aubaine pour une entreprise ?
En juin, notre bureau de Londres a organisé une table ronde sur le sujet, qui a été animée par Oliver Hart, banquier privé senior, Bertrand Gacon, Head of Corporate Sustainability, James Fairweather, Senior Portfolio Manager, et Luke Fletcher, associé et Head of Social Finance du cabinet d’avocats Bates Wells Braithwaite.
Voici un petit aperçu de ce qui s’y est dit.
Luke Fletcher (LF) : La certification B Corp est délivrée par B Lab, un organisme à but non lucratif qui s’efforce de mettre les affaires au service du bien collectif. Elle a été mise en place par trois entrepreneurs américains, désabusés après avoir été contraints de vendre leur entreprise au plus offrant plutôt qu’à un acheteur qui partageait leurs valeurs. La certification récompense des entreprises qui respectent des normes strictes en matière de performances sociales et environnementales, de transparence et d’équilibre entre profit et objectifs.
Le processus débute par un questionnaire gratuit et confidentiel, comprenant des rubriques pour évaluer la gouvernance, le personnel, la communauté, l’environnement et les clients. Une entreprise peut alors prétendre à la certification si elle obtient une note supérieure à 80 sur 200. Un représentant de B Corp procède ensuite à un examen scrupuleux des réponses. Ce qui me semble intéressant, c’est qu’en plus du questionnaire, les entreprises doivent également répondre à une obligation légale d’intégrer la prise en compte des parties prenantes dans leur structure de gouvernance : l’entreprise doit donc être gérée non seulement dans l’intérêt des actionnaires, mais aussi celui de la société au sens large. Ce changement constitutionnel est simple, mais a des implications profondes pour une entreprise. A mon sens, cela signifie que les entreprises certifiées B Corp intègrent une communauté d’entreprises dont ils partagent les valeurs et qui ont des opinions similaires.
Bertrand Gacon (BG) : Chez Lombard Odier, nous avons estimé que l’évaluation de B Corp était un moyen de mesurer les progrès réalisés en matière de durabilité. Cette démarche s’inscrit dans un cheminement continu. C’est une feuille de route pour nous améliorer en permanence. Nous espérons qu’il y aura un effet boule de neige à mesure que le mouvement prendra de l’ampleur. Pour le moment, la certification B Corp se demande sur une base volontaire. Mais qui sait, peut-être que dans les dix prochaines années, il arrivera un moment où les entreprises essaieront toutes d’aligner leurs bénéfices et leurs objectifs. Nous constatons en effet une pression croissante de la part de la société civile, des investisseurs, des politiciens et des régulateurs.
James Fairweather (JF) : Un quart des points que Lombard Odier a obtenus lors de l’évaluation B Corp concernait notre offre d’investissements durables. Actuellement, la durabilité est intégrée dans tous nos processus d’investissement, dans l’ensemble du groupe. Aujourd’hui, on parle beaucoup des solutions durables que les jeunes générations appellent de leurs vœux. A mon sens, ce constat est fondé, mais ce n’est pas encore le cas partout. Cette mentalité est de plus en plus répandue parmi la clientèle que nous gérons depuis Londres. En tout cas, je constate que l’intérêt pour cette thématique est monté en flèche, même au cours des six derniers mois. Evidemment, une approche durable doit apporter de la valeur à nos clients. Et il faut aussi faire voler en éclats le mythe selon lequel elle limiterait les rendements. Chez Lombard Odier, nous sommes convaincus que la durabilité entraînera des rendements plus élevés à moyen terme, ce qui a été confirmé par la performance récente de nos mandats durables1.
BG : De toute évidence, il y a des signes qui montrent que le mouvement en faveur de la durabilité va prendre de l’ampleur. Dans les jours qui ont suivi l’annonce de notre certification, B-Lab Suisse a reçu près de 300 demandes de renseignements de la part d’entreprises en Suisse. On dénombre aujourd’hui environ 2'800 sociétés certifiées B Corp dans plus de 50 pays du monde. Ces entreprises opèrent dans des secteurs variés. Il y a notamment des sociétés cotées en bourse. Parmi elles, au moins une grande multinationale, Danone, a demandé la certification. Il s’agira d’un test intéressant pour déterminer si le système peut être appliqué à des entreprises où la remise en cause de la primauté des actionnaires pourrait s’avérer plus problématique.
B Corp a une méthode intéressante pour encourager les entreprises à œuvrer pour le bien collectif. Le système récompense les actions positives et ne procède pas par une approche punitive. Et B Corp renouvelle la certification des entreprises tous les trois ans, ce qui les incite à viser toujours plus haut.
LF : Oui, il existe un risque potentiel de réputation si une entreprise ne voit pas sa certification renouvelée. Cela peut être une motivation puissante. Je pense que le système de notation est également intéressant. Et il influence le comportement des dirigeants : les entreprises sont incitées à comparer leur score à celui de leurs concurrents et, donc, à l’améliorer. A mon avis, la certification pose également des questions intéressantes dans les hautes sphères de la direction, des questions qui ne se seraient peut-être jamais posées autrement. L’examen de la rémunération des employés dans l’ensemble de l’entreprise en est un exemple. Je crois que cela change aussi la manière dont la direction voit la création de la valeur de l’entreprise. C’est un aspect important pour moi : pouvons-nous changer la façon de penser des entreprises ? Passer d’une vision étroite centrée sur la performance trimestrielle à une vision plus large et à long terme de leur impact ? Idéalement, nous devrions intégrer le concept d’impact dans la réglementation, afin de nous assurer que toutes les entreprises considèrent le profit comme un des éléments de leur objectif.
BG : Je suis d’accord, et je pense que les organismes de réglementation ont un rôle important à jouer pour attribuer un prix aux externalités positives et négatives d’une entreprise. Actuellement, la performance d’une entreprise et son impact environnemental et social affichent une décorrélation artificielle. Cela devrait changer à mesure que les consommateurs deviendront plus exigeants et les organismes de réglementation plus stricts, et que les entreprises réaliseront qu’elles risquent de perdre leur certification sociale. Le label B Corp est une façon de démontrer que nous prenons ces questions au sérieux chez Lombard Odier.
[1] Le mandat de gestion durable équilibré en USD a réalisé une performance annualisée de 12% sur trois ans, contre 11,8% pour un indice de référence équilibré standard ; le mandat équilibré en EUR a affiché une performance de 5,8% (contre 4,9%). Les performances sont brutes de commission. Elles comprennent le contrôle a posteriori d’une allocation théorique, combiné à la performance d’un portefeuille réel depuis le 31.12.2016.
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