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Comment l'économie circulaire pourrait sauver notre planète
Il ne faut pas s’arrêter à une journée
Le 5 juin est le jour mondial de l’environnement. Certains penseront que notre (unique) planète mérite mieux que ce seul jour de l’année qu’on veut bien lui consacrer. Ils n’ont pas tort : le monde scientifique n’a de cesse de nous alerter sur l’état préoccupant de notre maison commune. La pollution touche tous les milieux et contamine les sols, l’air et l’eau. Le plastique omniprésent ne se contente pas de souiller nos plages et nos forêts, il pénètre également toute la chaîne alimentaire. On en trouve à tous les recoins de la planète, et même au plus profond de nos océans comme l’ont tristement découvert les membres d’une récente expédition qui a pour la première fois atteint 11.000 mètres sous le niveau des mers. L’homme a même commencé à polluer l’espace, laissant dériver en orbite des milliers de déchets dont on ne sait pas se débarrasser.
Menace d'extinction
La biodiversité ne présente pas un meilleur bilan. Pratiquement toutes les espèces sauvages ont vu leurs populations réduire dans des proportions gigantesques (40% en moyenne) au cours des 20 dernières années, une durée effroyablement courte au regard de l’évolution. Jamais aucune des phases d’extinction massives qu’a connues la Terre à ce jour ne s’est accompagnée d’une destruction aussi rapide et aussi générale du vivant. Aujourd’hui, l’être humain et le bétail qu’il élève pour ses propres besoins représentent 96% de la masse de tous animaux terrestres. La faune sauvage a été réduite à seulement 4% du vivant, et ces populations sont de surcroît exposées à une diminution drastique de leurs habitats, de leurs zones de reproduction et de leurs sources d’alimentation.
Le changement climatique, enfin, vient exacerber tous ces problèmes et perturber encore davantage des équilibres fragiles déjà soumis à beaucoup de pression. Et malgré la COP21 et les accords de Paris, la trajectoire ne s’est pas encore inversée et les émissions de CO2 mondiales sont reparties à la hausse en 2018.
Auteur et victime
L’Homme, très largement responsable de cette situation, commence enfin à comprendre qu’il en est également la victime. Il ne s’agit pas ici seulement de sauver les ours polaires ou les orangs-outans. L’atteinte à notre environnement est tel qu’il menace aujourd’hui directement notre santé, notre sécurité alimentaire, notre développement économique et par conséquence, la stabilité même de nos systèmes politiques.
Production et consommation - une énigme
Alors comment faire pour inverser la tendance à un moment où la démographie mondiale, et l’économie, continuent de progresser? Un simple calcul montre que 3% de croissance mondiale par an, qui est plus ou moins la trajectoire sur laquelle nous nous trouvons depuis 2000, implique un doublement de notre production en 25 ans. Comment produire deux fois plus alors que nous consommons déjà bien plus de ressources que ce que la planète est capable de régénérer en une année ?
L’économie circulaire
La décroissance peut apparaître à certains comme la seule voie rationnelle. Elle sera sans doute part de la solution. Il faudra en effet sortir tôt ou tard du modèle ultra-consumériste dans lequel nous nous sommes enfermés et réapprendre les vertus d’une certaine frugalité. Remplacer le « more is better » par « fewer is better ». Mais il existe une autre voie plus enthousiasmante que la décroissance, une voie qui favorise l’innovation plutôt que la récession. Une voie qui consiste à repenser entièrement notre modèle de production pour le décorréler entièrement (ou autant qu’il soit possible) de l’extraction de nouvelles ressources et de la production de déchets. Ce modèle est bien connu du monde académique, et il est déjà aujourd’hui pratiqué avec succès par des entreprises pionnières qui ont montré qu’il était possible de « rethink everything » et produire autrement.
Ce modèle est celui de l’économie circulaire.
Derrière ce concept un peu théorique se cache en fait une transformation très concrète et très profonde non seulement de notre outil productif, mais de la logique même de production industrielle.
C'est du gâchis ?
En effet, la société de consommation qui s’est imposée au cours du siècle précédent s’est construite autour d’un principe entièrement linéaire : extraire-fabriquer-jeter. Puis recommencer le même processus. Le déchet – et la pollution qu’il induit - est un sous-produit indissociable de cette forme de production. Chaque citoyen européen utilise ainsi chaque année 15 tonnes of matériaux et génère 4.5 tonnes de déchets. Au niveau mondial, se sont 322 millions de tonnes de plastique, 240 millions de tonnes de papier et 59 millions de tonnes d’aluminium qui sont produits tous les ans, dont la très vaste majorité n’est pas recyclée et finit à la décharge ou dans la nature. Tous matériaux confondus, c’est plus de 65 milliards de tonnes qui ont été produits en 2010, un chiffre qui devrait monter à 80 milliards en 2020. Beaucoup plus que ce que la planète peut durablement fournir, et absorber en retour.
Au niveau mondial, se sont 322 millions de tonnes de plastique, 240 millions de tonnes de papier et 59 millions de tonnes d’aluminium qui sont produits tous les ans, dont la très vaste majorité n’est pas recyclée et finit à la décharge ou dans la nature.
Protéger, réutiliser et repenser nos ressources naturelles
L’économie circulaire repose sur une logique différente qui vise à ce que les ressources naturelles utilisées pour la production de chaque bien soit entièrement récupérées pour être réinjectées dans l’économie sans qu’il soit nécessaire de les extraire à nouveau. Cela implique plusieurs changements majeurs :
- La notion de déchet n’existe pas dans l’économie circulaire. Une fois que le bien de consommation a atteint sa fin de vie, les matériaux qui le composent sont réutilisés pour construire le même produit (ou un autre) à nouveau. A l’instar de la nature où les « déchets » organiques sont en fait la nourriture qui permet de produire la prochaine récolte.
- L’économie circulaire n’est pas qu’une question de recyclage. Elle implique de repenser le design même des produits afin qu’il soit possible de les démonter et d’en extraire simplement les différents matériaux une fois qu’ils arrivent en fin de vie. C’est « l’eco-design » qui génère aujourd’hui énormément d’innovation et permet également à beaucoup d’entreprises de réaliser des économies substantielles en réduisant le nombre de composants et les phases d’assemblage nécessaires. Adidas a ainsi créé une chaussure de sport formée d’un seul bloc de plastique moulé, qui est ensuite refondue et remoulée pour produire une nouvelle chaussure.
- L’économie circulaire nécessite aussi de repenser les modèles de propriété. Il faut en effet rendre l’entreprise responsable de son produit tout au long de son cycle d’utilisation, afin qu’elle ait la responsabilité de collecter et de recycler les produits qu’elle a fabriqué. Le meilleur moyen d’y arriver, est que l’entreprise reste propriétaire du bien qu’elle nous vend. La chaussure que vous achetez ne vous appartient pas, vous la louez pour une période donnée. Ce système, qui peut sembler étonnant, présente en fait d’énormes avantages pour le consommateur et pour la planète. Tout d’abord, il facilite la mise en place d’une filière de recyclage efficace, car l’entreprise a un intérêt économique à récupérer les produits qu’elle vend. Elle est aussi un gage de qualité et de lutte contre l’obsolescence programmée. L’entreprise qui vous vend un lave-vaisselle, par exemple, a tout intérêt à ce qu’il marche le plus longtemps possible car en cas de panne, ce n’est pas vous qui en rachetez un, c’est l’entreprise qui doit le remplacer.
Un avenir prometteur
Au final, ce nouveau type d’économie représente une opportunité économique gigantesque pour la plupart des entreprises industrielles à un moment où la sécurité de l’approvisionnement et le coût des matières premières pèsent sur leurs résultats et leurs perspectives. La valeur économique des métaux contenus dans les déchets électroniques, par exemple, atteint 55 milliards de dollars par an. En Europe uniquement, les économies potentielles associées à la circularité sont comprises entre 380 milliards 630 milliards de dollars par an, selon les scenarios.
Bien sûr, l’économie circulaire ne résoudra pas tout. Il n’est jamais possible de récupérer et réutiliser 100% des matériaux. L’économie circulaire ne résout pas non plus entièrement la question de la consommation d’énergie, même si elle supprime une grande partie des besoins en amont de la chaîne de production. Mais elle porte la promesse très concrète d’un découplage significatif entre production et exploitation des ressources naturelles. Elle rend possible un monde où 10 milliards d’habitants pourront continuer à se nourrir, se déplacer, se loger, se soigner, travailler et se distraire sans que leur développement ne se fasse au détriment de l’environnement dont nous dépendons tous si intimement.
La nature est le meilleur exemple d’une économie circulaire. La sagesse de millions d’années d’évolution nous montre le chemin à suivre. Il serait temps que nous l’écoutions.
Et plus d’un jour par an.
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